Si c’était son dernier match à Montréal, Marc-André Fleury en aura profité à fond.

D’abord sur la glace, en signant la 545victoire de sa carrière, sa 27e contre le Canadien, non sans avoir réussi quelques bijoux, on y reviendra.

Ensuite, après le match, en se montrant généreux de son temps. Il a salué la foule deux fois plutôt qu’une, avant d’accorder une entrevue à la télévision du Minnesota, puis à RDS. Pendant cette entrevue, son espiègle coéquipier du Wild Marcus Foligno est venu lui faire le coup de la serviette couverte de crème à raser. Un juste retour des choses pour Fleury, réputé pour ses mauvais coups.

« Je suis foutu pour le reste de la saison ! », a lancé Foligno.

Une fois dans le vestiaire, le Sorelois a accordé deux longues mêlées de presse, une en français, l’autre en anglais. L’ambiance était légère. C’était clair quand le collègue Jeremy Filosa, qui arrivait à la course du vestiaire du Canadien, est débarqué à la fin de l’entrevue. Filosa s’est excusé de son retard avant de tenter sa première question. « Eh tab*** », a rétorqué Fleury, feignant de regarder sa montre invisible, avant de répondre à ses questions. Ce ne sont pas tous les athlètes qui ont cette générosité, surtout quand ils sont attendus.

Car attendu, il était. Quelques amis sont débarqués dans le vestiaire. Parmi eux, les anciens joueurs Maxime Talbot, Bruno Gervais et Pierre-Marc Bouchard. Fleury s’est ensuite dirigé vers la seule section des gradins du Centre Bell où il y avait encore âme qui vive. Une bonne cinquantaine de proches l’y attendaient.

Je ne sais pas si c’est fini ou pas. Je ne veux pas trop en parler. Dans le moment présent, c’était une soirée formidable.

Marc-André Fleury

Spectaculaire

On dit souvent des joueurs en fin de carrière qu’ils doivent adapter leur style afin de survivre. Mais avec ses déplacements latéraux spectaculaires, son arrêt du gant, son autre arrêt avec les jambières superposées (le fameux « pad stack » de l’époque de Bill Ranford) contre Johnathan Kovacevic, le Québécois n’avait pas exactement l’air du doyen des gardiens de la LNH. C’est sans oublier le fait qu’il en était à son premier départ de la saison !

« J’essaie de suivre le beat de la game, mais je fais parfois des moves qui montrent mon âge ! Les jeunes le font moins. J’ai encore du fun à sortir des arrêts comme ça. »

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Marc-André Fleury réalisant un arrêt en troisième période.

« En faisant cet arrêt, il a changé un négatif en positif, a noté Foligno. Un joueur nous a échappé, puis il fait cet arrêt, donc tout d’un coup, on en ressort avec plus d’entrain que l’équipe qui vient d’obtenir une chance de marquer. C’est le genre de chose qu’il fait, et c’est spécial d’en faire partie. »

Comme il écoule la dernière année de son contrat, comme il fêtera ses 39 ans en novembre, les questions sur son avenir le suivront toute la saison.

« Je me sens de mon âge, je dirais ! admet-il. Des fois, les lendemains matins sont plus rough qu’ils étaient. J’essaie de prendre soin de mon corps, j’ai de l’aide des thérapeutes de l’équipe, j’essaie de rester souple, de rester mobile et de prendre le repos nécessaire pour m’en remettre. »

Il reste que les indices d’une fin de carrière sont partout, de son temps passé à saluer tout le monde à sa présence étonnamment brève sur la patinoire lorsqu’il a été nommé première étoile.

« Je ne voulais pas m’éterniser, je voulais que ce soit vite fait. Je voulais garder une photo dans ma tête. Je vais me souvenir de ce moment. J’ai toujours été un partisan du Canadien et j’étais heureux d’entendre les gens m’applaudir.

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas joué un match. Tu dois reprendre le beat du match. En sachant que j’avais beaucoup de famille et amis, je voulais profiter de la journée, mais tu en profites toujours plus dans une victoire. C’était important de gagner. »

Mission accomplie.