Marc-André Fleury est habitué à jouer au Centre Bell. Mais mardi soir, ce sera différent. Quand il foulera la patinoire, il savourera le moment un peu plus qu’à l’habitude… parce que ce pourrait bien être la dernière fois.

Dans le fond de ton esprit, penses-tu que c’est peut-être ton dernier départ à Montréal ?

Telle a été la première question adressée à Fleury lors de sa rencontre avec les médias après l’entraînement du Wild du Minnesota au Centre Bell, lundi après-midi.

« Oui, j’y pense », a répondu le Québécois avec un sourire qui honore sa réputation.

Fleury, qui célébrera son 39anniversaire à la fin de novembre, amorce sa 20saison dans la LNH. Il s’agit aussi de la dernière année de son contrat de deux saisons avec le Wild. Ce n’est pas de se mouiller que d’affirmer que la retraite cogne à la porte.

« Je l’ai déjà dit avant, je ne suis pas encore certain de ce que je veux faire [après la saison], a-t-il continué. Mais je reste conscient que c’est peut-être ma dernière. C’est important pour moi de jouer ce match devant ma famille et mes amis. Je voudrai en profiter le plus possible, de cette game-là. »

Le plus important restera de gagner et d’obtenir les deux points. Je dois me concentrer sur cet objectif.

Marc-André Fleury

Invité à fouiller dans ses souvenirs, Fleury a peiné à nommer les duels contre le Canadien qui l’ont le plus marqué. Il a notamment mentionné son premier match au Centre Bell. C’était le 3 janvier 2006. « C’était vraiment intimidant et stressant, s’est-il souvenu, mais j’étais content de vivre cette expérience. »

De Saku Koivu, Alex Kovalev et Brian Gionta à Juraj Slafkovsky, Cole Caufield et Nick Suzuki, Fleury a affronté plusieurs générations de joueurs du Canadien de Montréal.

« Je me sens chanceux. J’ai joué longtemps, j’ai fait le métier que j’aime. Il y a toujours plusieurs émotions, des hauts et des bas. Mais je suis chanceux. »

« Une personne en or »

En 20 ans, « Flower » a porté différents uniformes au Centre Bell. Il a été accompagné de nombreux coéquipiers différents, aussi. Ce qui n’a jamais changé, toutefois, ce sont les commentaires à son sujet. Qu’importe à qui on s’adresse, il suffit de mentionner le nom du gardien pour que les compliments coulent à flots.

« Je me sens extrêmement choyé de l’avoir côtoyé dans les dernières années et que ça se poursuive, a lâché l’autre Québécois de l’équipe, Frédérick Gaudreau. [Nicolas] Deslauriers m’avait dit : tu vas voir, mon big, c’est le meilleur coéquipier que tu peux avoir. J’avais entendu la légende de lui et de plein d’autres personnes. Ça s’est confirmé et c’est encore mieux.

« Je me sens très choyé de pouvoir le compter comme un ami, a poursuivi Gaudreau. C’est une personne en or. »

Chez le Wild, Fleury partage le filet avec le gardien de 25 ans Filip Gustavsson. Ce dernier a été acquis par transaction à l’été 2022. Une des premières personnes à l’avoir contacté ?

Marc-André Fleury.

« Dès le jour où j’ai été échangé, il m’a appelé directement pour me dire de l’appeler si j’avais besoin d’aide, qu’il ferait de son mieux, de dire Gustavsson. Il a toujours été gentil et drôle avec moi. […] Il m’a aidé avec des trucs à l’extérieur de la glace aussi : comment se comporter, comme se gérer dans cette ligue. »

« Il est ici depuis que j’ai 5 ans, il sait quoi faire dans cette ligue. »

Comme un entraîneur

L’entraîneur-chef, Dean Evason, s’est montré loquace au sujet de son gardien. Il a souligné la relation de ce dernier avec ses coéquipiers et le personnel d’entraîneurs.

C’est un gardien du Temple de la renommée qui arrête la rondelle, mais ce qui le différencie des autres, c’est qui il est ; sa personnalité, la personne qu’il est en tant qu’individu. Il est incroyable avec notre groupe.

Dean Evason, entraîneur-chef du Wild

Au fil des années, Fleury a quasiment tout vu. Son expérience est bénéfique non seulement pour Gustavsson, mais aussi pour tous les joueurs de l’équipe, a reconnu Evason.

« Il peut aussi expliquer au groupe comment gagner. Comment défendre. Quoi faire. »

Un peu comme… un entraîneur ?

« Absolument, il est une extension du personnel d’entraîneurs. »

Brodeur, Roy, Fleury

PHOTO CHARLES REX ARBOGAST, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Marc-André Fleury

À moins d’une blessure ou d’une énorme surprise, Marc-André Fleury passera cette saison au deuxième rang des gardiens de but de l’histoire avec le plus de victoires en carrière. Il ne lui manque que huit gains pour dépasser Patrick Roy, son idole. « Je ne veux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais si ça arrive, il s’agirait d’un honneur, de dire le principal intéressé. Pour moi, Patrick était une idole. Il était tout un gagnant. Sa fiche en séries le démontre. Il était un combatif. Mais je trouve ça bizarre d’être dans la même phrase que lui. » C’est Martin Brodeur qui demeure – et, selon toute vraisemblance, demeurera – le gardien le plus victorieux avec 691 gains en carrière.