(Toronto) Avec Marie-Philip Poulin et Laura Stacey comme joueuses de concession, il était déjà acquis qu’il se marquerait des buts au sein de l’équipe de Montréal de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). À la suite du repêchage inaugural du nouveau circuit, il n’y a plus le moindre doute sur l’identité que la franchise souhaite développer.

Lundi, la ligue avait mis les petits plats dans les grands en organisant une séance de repêchage en bonne et due forme dans les locaux de la CBC, à Toronto. Sur place, une centaine de joueuses et leurs proches formaient une foule enthousiaste, complétée par le personnel affairé des six équipes.

La directrice générale montréalaise Danièle Sauvageau et son entourage ont utilisé quatre de leurs dix premiers choix pour acquérir des défenseures à caractère offensif. Ce quatuor sera mené par Erin Ambrose, quart-arrière de l’équipe nationale canadienne, devenue le choix de premier tour de Montréal.

Celle-ci sera épaulée par Kati Tabin, meilleure pointeuse parmi les défenseures de la PHF la saison dernière, la Tchèque Dominika Lásková, qui a évolué à l’attaque l’an dernier dans la PHF, ainsi que la Québécoise Maude Poulin-Labelle, qui, fraîchement sortie des rangs universitaires, se définit comme une spécialiste du jeu de transition.

L’organisation recherchait des arrières à la fois capables de transporter la rondelle et de la sortir rapidement de leur zone, confirme Danièle Sauvageau. La structure défensive, « on est capables de l’enseigner », précise la DG. « Mais une défenseure capable de faire une bonne première passe et de s’éloigner de son filet, ça s’apprend moins. »

L’administratrice était surprise qu’Ambrose soit encore disponible au premier tour de parole de Montréal, au sixième rang. Sur l’avantage numérique de la sélection nationale, « c’est essentiellement elle qui passe la rondelle à Marie-Philip Poulin ».

Ambrose, 29 ans, est membre de l’équipe sénior canadienne depuis 2017. Elle a participé aux Jeux olympiques de PyeongChang et à ceux de Pékin, remportant l’argent et l’or, respectivement. Elle a aussi accompagné le Canada à cinq championnats du monde.

« D’une certaine manière, je rentre à la maison », a dit cette ancienne des Canadiennes, quelques instants après avoir appris l’identité de sa nouvelle équipe.

« Très nerveuse » de savoir où elle aboutirait, elle accueille avec le sourire la perspective de se joindre à une organisation où elle retrouve plusieurs visages connus, en plus de l’entraîneuse-chef Kori Cheverie.

On ne peut pas ne pas aimer l’idée de jouer avec Marie-Philip Poulin tous les jours ! J’adore ce que Danièle construit à Montréal. J’ai une complète confiance en elle.

Erin Ambrose

Comme les autres athlètes sélectionnées au premier tour, Ambrose a été accueillie sur scène par la légende du tennis Billie Jean King, cofondatrice de la ligue.

Diversité

Avec sa sélection de deuxième tour (7e au total), Montréal a jeté son dévolu sur l’attaquante Kristin O’Neill, 25 ans, elle aussi membre de l’équipe canadienne. Elle a notamment participé aux trois derniers championnats du monde.

Rapide et travaillante, cette ancienne marqueuse prolifique dans la NCAA remplit davantage un rôle de soutien avec Équipe Canada.

PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE

Danièle Sauvageau et Kristin O’Neill

« Elle est vraiment tannante, alors tu la veux dans ton équipe, a témoigné la gardienne Ann-Renée Desbiens. Elle dérange beaucoup. À un moment donné, tu vas vouloir lui donner un coup de poing. »

Sans consulter sa coéquipière, O’Neill a essentiellement dit la même chose de Desbiens, qualifiant de « soulagement » la perspective de ne pas avoir à les affronter, Poulin et elle.

Cette Ontarienne ne sera pas, elle non plus, en territoire totalement inconnu, puisqu’elle s’est entraînée à Montréal en 2020 et 2021, soit en plein cœur de la pandémie de COVID-19. Elle s’est ainsi dite emballée de revenir dans la métropole, qu’elle pourra explorer pour de bon.

Avec un personnel réuni rapidement dans la foulée de la création de la ligue, Sauvageau a cherché comment évaluer de manière équivalente des joueuses ayant évolué dans différents circuits. Le bilan de son premier repêchage est effectivement diversifié.

On y retrouve des jeunes qui viennent directement de terminer l’université – les Québécoises Gabrielle David et Maude Poulin-Labelle, la Canadienne Claire Dalton ainsi que les Américaines Maureen Murphy et Madison Bizal ; deux membres de l’équipe nationale tchèque de même qu’une Suédoise. On a en outre pigé sept fois dans la PHF, notamment avec les vétéranes Kennedy Marchment, Jillian Dempsey et Ann-Sophie Bettez. Les trois ont terminé parmi les dix meilleures marqueuses du circuit la saison dernière.

« Ce sont aussi des joueuses qui ont connu du succès au niveau universitaire, rappelle Danièle Sauvageau. Le bassin de joueuses [de la PHF] était très intéressant. Quand on regarde le nombre de leurs joueuses qui ont été repêchées, je pense que ça le confirme. »

Maintenant que le repêchage est bouclé, chaque équipe a ajouté 15 joueuses à son effectif avec lesquelles elle doit signer des contrats. En ajoutant les trois joueuses de concession déjà embauchées, les clubs comptent donc sur 18 athlètes chacun. Cinq de plus doivent encore s’ajouter par le marché des joueuses autonomes avant les camps d’entraînement, qui doivent avoir lieu en novembre.

« On a hâte de voir la suite ! », s’est emballée Marie-Philip Poulin.

Elle n’est sans doute pas la seule.

Heise au tout premier rang

PHOTO SPENCER COLBY, LA PRESSE CANADIENNE

Taylor Heise, sélectionnée au premier rang, en compagnie de Billie Jean King

Taylor Heise a été la toute première à entendre son nom. Issue des rangs universitaires, l’attaquante de 23 ans a déjà représenté deux fois son pays aux championnats du monde, aidant notamment la formation américaine à décrocher le titre à la dernière présentation du tournoi. Elle portera désormais les couleurs de l’équipe du Minnesota, son État natal. Toronto a ensuite causé une relative surprise en sélectionnant Jocelyne Larocque. La défenseure, vétérane de l’équipe canadienne et triple médaillée olympique, était attendue un petit peu plus tard par les principaux experts qui s’étaient risqués à des prédictions. Boston a par la suite fait d’Alina Müller la première joueuse européenne de la jeune histoire de la ligue. Âgée de 25 ans, cette attaquante suisse a déjà participé à trois Jeux olympiques. Au rang suivant, l’équipe de New York a choisi Ella Shelton, défenseure de 25 ans elle aussi issue de l’équipe nationale canadienne. Ottawa a enchaîné avec la défenseure américaine Savannah Harmon.