Quelque chose comme trois mille fois par saison, un hockeyeur professionnel affirmera qu’il contrôle ce qu’il peut contrôler.

La majorité de ces occurrences illustre le fait qu’en dehors de ses propres performances, un joueur n’a pas de pouvoir sur son temps de glace ou son utilisation, voire sur son avenir dans l’organisation.

Le 1er juillet dernier, Anthony Richard a contrôlé ce qu’il pouvait contrôler. En quittant le Canadien de Montréal pour se joindre aux Bruins de Boston.

Cette décision, dit-il, n’a pas été prise sur un coup de tête. Il a adoré son séjour d’un an dans l’organisation, autant avec le grand club qu’avec le Rocket de Laval. Des négociations ont eu lieu jusqu’à la dernière minute, et il se voyait bien rester plus longtemps. Or, il sait compter. C’est ce qui lui fait dire que « du côté business, c’était une décision facile ».

Richard sait pertinemment que ses chances d’amorcer la saison à Montréal auraient été virtuellement nulles. Le CH possède 14 attaquants ayant en poche un contrat à sens unique de la LNH.

Ajoutons à ce groupe Juraj Slafkovsky, dont on se doute qu’il jouera de nouveau à Montréal, et Jesse Ylönen qui, même s’il s’entendait sur un pacte à deux volets, serait probablement devant le Québécois dans la hiérarchie du Canadien.

À Boston, rien ne lui est garanti. Mais Anthony Richard a l’impression qu’il aura une véritable chance de gagner sa place au camp d’entraînement. Seulement 12 attaquants ont un contrat à un volet, ce qui inclut par ailleurs des joueurs marginaux dans la trentaine – Patrick Brown, Jayson Megna… Un retour de Patrice Bergeron et de David Krejci changerait évidemment l’organigramme, mais cette hypothèse semble de moins en moins susceptible de se concrétiser.

« Je ne voulais pas laisser les performances des autres dicter mes chances de faire l’équipe ou non », a lancé Anthony Richard, samedi, en entrevue avec La Presse. Au côté de joueurs de la LNH et de la Ligue américaine, le Trifluvien prenait part à la Classique KR, évènement caritatif dont les profits sont remis à Leucan.

Chez le Canadien, le surplus de personnel est tel que même Rafaël Harvey-Pinard, qui a pourtant largement fait ses preuves la saison dernière, pourrait encore être cédé au Rocket puisqu’il est l’un des seuls attaquants qui n’auront pas à passer par le ballottage, s’il est renvoyé dans les mineures.

« Ça démontre toute la complexité de la situation à Montréal, résume Richard. Ils ont tellement de contrats ! » En ajoutant à cela la lourdeur de certains d’entre eux, ce qui rend difficile toute tentative de les liquider, la formation risque de beaucoup ressembler à celle de l’an dernier.

Le temps était donc venu de se « virer de bord ». Et de mettre le cap sur Boston.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Anthony Richard

« À merveille »

Les Bruins, assure Anthony Richard, lui ont fait une offre qu’il « ne pouvait pas refuser ». S’il joue dans la LNH, il gagnera certes le salaire minimum en vigueur selon la convention collective – 775 000 $. Or, s’il est cédé aux Bruins de Providence, il empochera 450 000 $, soit une augmentation de 50 % par rapport à son salaire à Laval en 2022-2023.

À 26 ans, et après plus de 400 matchs dans la Ligue américaine, il n’est pas dupe : une somme aussi élevée dans un contrat à deux volets laisse généralement présager un long passage « en bas ».

Or, les conversations qu’il a eues avec l’organisation l’ont encouragé. Le directeur général Don Sweeney lui a fait valoir l’argument d’un effectif limité par son budget limité. Avec une marge de manœuvre de seulement 5 millions, le gestionnaire doit encore s’entendre avec le gardien Jeremy Swayman. Des patineurs au bas prix seront donc les bienvenus.

L’entraîneur-chef Jim Montgomery, lui, a plutôt souligné qu’il était à la recherche de vitesse en attaque. Ce n’est certainement pas le retour de Milan Lucic qui lui en procurera !

Bonne nouvelle : c’est le principal atout d’Anthony Richard. Maintenant, pourra-t-il prouver, pour la première fois de sa carrière, qu’il mérite une place dans une équipe de la LNH dès le mois d’octobre ? La réponse n’appartient qu’à lui.

Montgomery lui a par ailleurs fortement suggéré d’arriver à Boston une dizaine de jours avant le camp d’entraînement pour se familiariser avec le groupe de joueurs et avec le personnel d’encadrement.

« Il avait entendu de bonnes affaires à mon sujet et il m’a dit qu’il voulait me voir au camp, que ce serait ce qui déterminerait ma place dans la formation. »

La proximité de Boston et de Providence avec le Québec lui permet aussi de ne pas trop s’éloigner de sa famille.

Malgré son enthousiasme, Anthony Richard reste évidemment prudent dans ses attentes. Il n’empêche que, pour l’heure, le plan qu’il a établi avec son agent « se déroule à merveille ».

Il lui faut maintenant que ça se poursuive jusqu’à la mi-octobre.

60 000 $ pour Leucan

PHOTO FOURNIE PAR L’ORGANISATION DE LA CLASSIQUE KR

L’équipe de Kevin Raphaël (deuxième rangée, au centre) a remporté le match principal de la Classique KR contre une formation dont le capitaine était Anthony Duclair, des Sharks de San Jose.

La huitième Classique KR, présentée samedi au Centre d’excellence Sports Rousseau de Boisbriand, a amassé 60 000 $ qui ont été remis à Leucan. L’évènement, principalement organisé par l’animateur Kevin Raphaël, s’est amorcé par un match de hockey féminin, au cours duquel les étoiles à la retraite Caroline Ouellette et Julie Chu ont notamment repris du service. Un défi quatre contre quatre et un concours d’échappée ont suivi. Le clou de la journée était un match opposant deux équipes composées de hockeyeurs professionnels québécois (hommes et femmes) ainsi que de personnalités publiques.

Anthony Richard en bref

Né le 20 décembre 1996 à Trois-Rivières

Repêché au 4e tour en 2015 par les Predators de Nashville

Il a signé un contrat d’un an avec le Canadien en juillet 2022.

Il a marqué trois buts, dont son premier dans la LNH, en 13 matchs à Montréal.

Meilleur pointeur du Rocket de Laval en 2022-2023 (67 points en 60 matchs)

Il a signé un contrat d’un an avec les Bruins de Boston en juillet 2023.