Il n’y a pas que les partisans du Canadien qui suivent de près la vague de jeunes espoirs qui s’approchent de Montréal ou de Laval. Au sein même de l’organisation, les joueurs au statut précaire ne sont pas dupes.

À la fin du mois de juin, Joël Teasdale a appris que le Tricolore ne lui soumettrait pas d’offre qualificative. La nouvelle a causé une relative surprise chez les observateurs… mais pas chez le principal concerné. Celui-ci est ainsi devenu joueur autonome sans compensation.

« On n’est pas fous, les joueurs ! », a lancé Teasdale en entrevue, samedi dernier, en marge de la Classique KR, évènement caritatif auquel ont pris part quelques dizaines de joueurs et joueuses issus des rangs professionnels.

« On regarde les joueurs qui s’en viennent, et le Canadien en a beaucoup qui arrivent du junior et qui vont faire le saut chez le Rocket de Laval. On s’était préparés à la possibilité que le Canadien ne me fasse pas d’offre, et c’est ce qui est arrivé. »

Le Québécois a vu juste. En 2023-2024, le Rocket, club-école du CH dans la Ligue américaine, présentera un visage passablement différent par rapport à la saison dernière, surtout en attaque. Même s’il a goûté à la LNH à la fin de la dernière campagne, Sean Farrell devrait logiquement se retrouver à Laval. Emil Heineman a fait bonne impression à ses débuts nord-américains le printemps dernier et il devrait être l’un des moteurs offensifs du club. Joshua Roy, Riley Kidney et peut-être même Filip Mesar tourneront la page sur leur carrière junior. Et Xavier Simoneau, qui possède maintenant un contrat à deux volets de la LNH, sera en meilleure position que l’an dernier dans la hiérarchie des attaquants.

Même s’il a vu venir le coup, Teasdale a vécu une certaine déception.

Le Canadien, c’est mon équipe d’enfance, alors c’est sûr que j’aurais aimé ça continuer avec eux.

Joël Teasdale

Cela étant, son rêve demeure de « jouer dans la LNH ». À ce titre, « ça n’allait pas dans le bon sens » à Montréal. Ce qui lui fait dire qu’un « nouveau départ » lui « fera du bien, aussi ».

Premier départ

Fait peu commun dans la carrière d’un athlète professionnel : ce sera, à 24 ans, la première fois que Joël Teasdale s’établira loin de la maison pour vivre de son sport.

Hormis une parenthèse de quelques mois passés à Rouyn-Noranda à la fin de son stage junior – il en a profité pour gagner la Coupe Memorial avec, notamment, Rafaël Harvey-Pinard –, il n’a jamais quitté la région métropolitaine pour jouer au hockey, que ce soit sur la Rive-Sud aux niveaux bantam et midget, à Boisbriand dans la LHJMQ, sinon à Laval et à Montréal chez les professionnels.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Joël Teasdale a inscrit 23 buts en 58 matchs avec le Rocket de Laval la saison dernière.

« À mon repêchage junior, je voulais partir loin, raconte-t-il. J’espérais aller au Cap-Breton ; je n’étais pas bon en anglais, je me disais que c’était la meilleure façon de l’apprendre. Mais ça n’a pas adonné ! Mais bon, c’était l’autre meilleur des mondes. »

Il accueille cette nouvelle réalité avec le sourire, malgré l’évidente « adaptation » qu’elle demandera.

Même s’il n’a pas encore signé de nouveau contrat, il garde espoir de dénicher une entente à deux volets qui le liera à une équipe de la LNH. Quelques clubs ont démontré de l’intérêt à son égard, assure-t-il.

Après une récolte de 23 buts en 58 matchs dans la Ligue américaine la saison dernière, au deuxième rang du Rocket, Teasdale s’est bien tiré d’affaire au cours des deux matchs qu’il a disputés avec le Tricolore en fin de parcours. C’est d’ailleurs ce que son agent et lui tentent de faire valoir aux autres équipes. « Je pense que j’ai démontré que j’étais capable de jouer dans la LNH. Je n’ai pas eu l’air fou… En tout cas, je ne pense pas ! », lance-t-il dans un éclat de rire.

Il s’attend à trouver son prochain employeur au cours des semaines précédant les camps d’entraînement. « Chaque année, on voit un rush de signatures, puis les équipes prennent une petite pause pour évaluer les choses. On est dans cette phase-là », analyse-t-il.

Avec la récente nomination de Joël Bouchard comme entraîneur-chef du Crunch de Syracuse, club-école du Lightning de Tampa Bay, on peut se demander s’il n’y aurait pas une chance pour Teasdale de rejoindre celui qui l’a dirigé pendant trois ans dans la LHJMQ, puis une autre année dans la Ligue américaine.

Teasdale sourit à l’évocation de cette idée, mais l’écarte rapidement. Bouchard et lui se croisent régulièrement au Centre Sports Rousseau de Boisbriand cet été, mais ils « évitent d’en parler », selon lui.

« Il est nouveau dans l’organisation, ça pourrait être mal vu de pousser pour quelqu’un aussi vite, estime Teasdale. Ce serait intéressant de le retrouver, mais mon but, ça reste de signer un contrat de la LNH. »

Joël Teasdale en bref

Né le 11 mars 1999 à Repentigny

A disputé trois saisons et demie avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, dans la LHJMQ.

A remporté la Coupe Memorial avec les Huskies de Rouyn-Noranda en 2019.

Jamais repêché dans la LNH, il a signé un contrat avec le Canadien en septembre 2018.

A raté toute la saison 2019-2020 en raison d’une blessure à un genou.

A joué ses deux premiers matchs avec le CH en avril 2023.