(Nashville) À l’interne, chez le Lightning de Tampa Bay, une question revient systématiquement dans les réunions d’évaluation : est-ce que tel ou tel joueur est un « Bolt » ?

« Bolt », c’est le surnom de l’équipe, en anglais. Et « être un Bolt », c’est démontrer du caractère, être compétitif, ne pas compter les heures de travail et chercher constamment à s’améliorer.

Le Lightning a trouvé son homme tôt au deuxième tour en Ethan Gauthier. L’attaquant du Phœnix de Sherbrooke est ainsi devenu le premier joueur issu de la LHJMQ à entendre son nom au repêchage 2023 de la LNH.

Mathieu Darche, directeur général adjoint et directeur des opérations hockey à Tampa, connaît Gauthier depuis toujours. Il a affronté son père dans la LNH. Et il a vu le petit Ethan marquer des buts contre les équipes qu’il entraînait au hockey mineur.

Ainsi, lorsqu’il explique à quel point l’équipe de dépisteurs du Lightning et lui-même aiment Gauthier, ce ne sont pas des paroles en l’air.

N’eût été une transaction réalisée la veille, jamais le jeune homme n’aurait pu enfiler le maillot bleu et blanc. Le Lightning ne devait pas s’exprimer avant le sixième tour de cette séance de repêchage. L’équipe a toutefois échangé Ross Colton à l’Avalanche du Colorado en retour d’un choix de deuxième tour, le 37e au total.

Rapidement, un consensus s’est dessiné : si Gauthier était encore disponible à ce rang, on n’hésiterait pas. C’est ce qui est arrivé.

Surprise

Vu la situation du Lightning, le principal intéressé ne s’attendait évidemment pas à aboutir dans le sud de la Floride. Au récent camp d’évaluation des espoirs de la LNH, il avait rencontré à peu près toutes les équipes… mais pas celle-là.

Il fallait le voir sourire de toutes ses dents, quelques minutes après sa sélection, pour comprendre que sa surprise venait avec beaucoup de bonheur.

Je ne pouvais pas demander mieux ! Ils ont un passé d’équipe gagnante ; ils ont une bonne culture, une identité. Ils jouent avec beaucoup de grit [combativité], ils jouent physique… C’est le meilleur feeling de ma vie !

Ethan Gauthier

Gauthier n’a pas caché que dans un monde idéal, il aurait aimé être choisi la veille. « En tant que compétiteur, tu veux sortir au premier tour, avoir la scène à toi, a-t-il avoué. Mais me retrouver dans une organisation comme ça, c’est mieux que la première ronde. Il n’y a rien qui bat ça. »

Après le premier tour, il a justement croisé Mathieu Darche. Sans lui révéler que l’organisation l’avait dans sa ligne de mire, l’ancien du Canadien lui a simplement dit de ne pas s’en faire avec son rang de repêchage. Le Lightning est, de fait, un exemple de développement à travers la ligue. Des joueurs repêchés au deuxième (Nikita Kucherov, Erik Cernak), au troisième (Brayden Point, Anthony Cirelli, Alex Killorn), au quatrième (Ross Colton), même au sixième tour (Nick Perbix) sont devenus des éléments à part entière de la formation.

Le message a été reçu. Car Gauthier a promis de se présenter au camp d’entraînement et d’y montrer qu’il est « aussi bon, même meilleur, que des joueurs sortis au premier tour ».

Ça promet…

Mince pour la LHJMQ

Quelques minutes après que Gauthier a été sélectionné, le défenseur Étienne Morin (2tour, 48total) et l’attaquant Mathieu Cataford (3tour, 77total) sont devenus des membres des Flames de Calgary et des Golden Knights de Vegas, respectivement.

Dans un monde idéal, Morin aurait lui aussi souhaité être repêché au premier tour, mais il s’est réjoui de se retrouver à Calgary. Il a aimé les contacts qu’il a eus avec la direction du club et croit avoir laissé une bonne impression par son côté « cérébral ».

Cataford avait lui aussi eu des rencontres positives avec l’organisation des Knights.

Cela étant, cette cuvée a été particulièrement mince pour la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), avec 12 sélections au total, dont seulement 5 joueurs natifs du Québec. En plus de Gauthier, Morin et Cataford, Quentin Miller (Canadien) et Justin Gill (Islanders de New York) ont trouvé preneur.

Gill a avoué avoir subi « un petit choc, mais positivement », en entendant son nom. À sa troisième et dernière année d’admissibilité, il s’était préparé à repartir bredouille de Nashville. Il désire toutefois « profiter au maximum » de la chance qui lui est offerte, après une saison dominante chez le Phœnix de Sherbrooke.

La LHJMQ a néanmoins atteint un plancher historique, battant tristement le record de 13 sélections de 1970. Son commissaire Mario Cecchini, présent à Nashville, a tenté de relativiser la situation. « Je pense que nous avons du travail à faire », a-t-il convenu. Invoquant une situation « cyclique » qui « va remonter », il a prévenu qu’il ne fallait pas céder à la « panique ». Il prendra « le temps d’analyser la situation », promet-il.

Mentionnons par ailleurs que Charles-Alexis Legault, qui évolue à l’Université Quinnipiac, a été repêché au cinquième tour par les Hurricanes de la Caroline. Le fait qu’il vient de gagner le championnat national avec le fils de Rod Brind’Amour n’a peut-être pas nui…