Samuel Montembeault a toujours été généreux en entrevue. On le souligne parce que les gardiens sont souvent des cas particuliers, gérés avec le plus grand soin par les équipes. Parler à un gardien un matin de match ? Dans plusieurs marchés, c’est hors de question, même pour l’auxiliaire. Avec Montembeault, c’est rarement un problème.

Tout ça pour dire qu’il n’a pas changé ses habitudes, même hors saison. Dimanche soir, à Tampere, en Finlande, il aidait le Canada à triompher de l’Allemagne en finale du Championnat du monde. À 2 h 45 du matin, l’autobus venait chercher les joueurs à l’hôtel, en vue d’un vol à 6 h 40. Une correspondance à Francfort plus tard, il volait vers Montréal, d’où il devait ensuite conduire jusqu’à sa maison à Trois-Rivières.

Ce qu’il a fait en arrivant lundi ? Deux entrevues au téléphone, une tournée médiatique qu’il a continuée mardi matin en répondant au message de La Presse.

« On n’a pas dormi longtemps, on n’a pas trop eu le temps de célébrer non plus ! », admet-il.

Collectivement, le triomphe était emballant pour une Équipe Canada qui n’avait pas son lot habituel de vedettes. Fini, les années où les Mark Stone, Taylor Hall et Mark Scheifele étaient conscrits. L’ancien du Canadien Tyler Toffoli était le plus gros nom du groupe.

Pendant le tournoi, un journaliste a dit à Tyler Myers qu’on était la pire Équipe Canada jamais assemblée, et c’est comme devenu un running gag entre nous. Dans les dernières secondes de la finale, les gars s’amusaient à crier au banc qu’on était la pire équipe canadienne de l’histoire !

Samuel Montembeault

Individuellement, Montembeault avait des choses à prouver. En six ans chez les professionnels, il n’a toujours pas participé aux séries éliminatoires. La pandémie de COVID-19 les a annulées en 2020 et en 2021 dans la Ligue américaine, puis il s’est retrouvé dans une équipe du Canadien en lambeaux à l’automne 2021, en reconstruction ensuite.

Ses dernières séries ? Au printemps 2017 avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, dans la LHJMQ, quand il avait perdu en finale de la Coupe du président. Son dernier tournoi gagné ? « La Coupe Dodge dans le midget AAA ! », lance-t-il.

« En allant là-bas, je voulais montrer que j’étais capable de gagner, que je pouvais bien performer dans les matchs sans lendemain », détaille-t-il. Ce qu’il a accompli, si on se fie à sa fiche de 6-1-0.

PHOTO PAVEL GOLOVKIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Samuel Montembeault en action au Championnat du monde

Il a aussi dû s’adapter à un autre rythme de travail. Depuis son arrivée chez le Canadien, il est un des gardiens les plus sollicités de la LNH. Il reçoit en moyenne 34,6 tirs par tranche de 60 minutes ; seuls John Gibson et Karel Vejmelka ont été plus bombardés que lui depuis octobre 2021.

Au Championnat du monde, il n’a reçu que 23,1 tirs par heure de jeu, un défi évidemment différent.

« J’ai eu moins de 30 tirs à tous les matchs, note-t-il. Certains matchs, j’en recevais plus en première période et ça ralentissait. C’est plus dur de rester concentré dans ce temps-là. »

« On n’avait pas l’attaque la plus explosive, mais quand on prenait l’avance, on jouait vraiment bien », ajoute le Québécois.

Des clins d’œil de Price et Allen

Avant le départ pour l’Europe, Montembeault s’est offert quelques séances sur glace en compagnie d’Éric Raymond, entraîneur des gardiens du Canadien.

Le 2 mai, lors de la dernière séance, il a même eu droit à la visite de Carey Price, qui s’entraînait ce jour-là.

Paul Byron était là pour me faire des tirs. Et Carey a mis ses patins de joueur et il a lui aussi tiré sur moi. Ce n’est pas pareil quand tu es habitué en patins de gardien, mais il a quand même un bon tir quand il réussit à mettre son poids dessus !

Samuel Montembeault

Montembeault n’a pas nécessairement eu le temps de développer une grande relation avec Price, puisque ce dernier n’a été en santé que pendant un mois depuis que le Bécancourois est membre du Canadien.

« On ne se parlait pas beaucoup, mais il est super sympathique, il m’encourageait, il me donnait des tapes sur les jambières après les pratiques quand on se croisait », raconte-t-il.

Il a évidemment développé une relation plus étroite avec Jake Allen. Montembeault et Justin Barron représentaient le Canadien au sein de l’équipe canadienne, et Allen s’est – virtuellement – invité dans les célébrations après la finale.

« Jake m’a texté après le tournoi. On a vraiment une bonne relation. Je l’ai souvent dit, mais c’est tout un coéquipier, rappelle Montembeault. Après le match, j’étais assis avec Barron dans l’autobus, et Jake nous écrivait aux deux en même temps, donc on lui envoyait des photos de nous. »

Le numéro 35 entend maintenant s’accorder quelques semaines de repos avant de se lancer dans son entraînement estival. À compter du 1er juillet, il aura le droit de négocier une prolongation de contrat, soit un an avant l’expiration de son entente actuelle.

« Je n’ai pas eu de nouvelles d’eux, mais je sais qu’ils ont beaucoup de travail cet été, souligne-t-il. J’en ai parlé à mon agent. Jake [Allen] avait signé sa prolongation à la fin du camp l’an passé. Si on peut se parler au camp, ça serait parfait. »

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    Samuel Montembeault a présenté une efficacité de ,939 et une moyenne de buts accordés de 1,42 au Championnat du monde.