Il est toujours difficile de comparer les époques, qu’importe le sport. Le jeu change, les règles aussi. Le hockey n’y échappe pas, qu’il soit question de records individuels ou collectifs. Les temps ont changé et l’arrivée de la prolongation et des tirs de barrage a forcément fait augmenter le nombre de points et de victoires.

En ce jeudi matin au Centre Bell, Jim Montgomery n’avait toutefois pas envie de s’enfarger dans les détails. Ses Bruins ont battu cette saison le record de 62 victoires en une saison et ils viennent d’établir celui pour les points. Ils en ont 133, soit un de plus que le Canadien de 1976-1977, une équipe que l’entraîneur-chef montréalais a idolâtrée.

Pendant longtemps, cette édition dorée du CH avait aussi détenu le record de victoires (60), une marque battue trois fois depuis. Mais le chiffre demeure symbolique.

« C’est incroyable, a lancé Montgomery, pendant l’entraînement optionnel de son équipe, en vue du duel contre le Tricolore. J’avais 7 ans quand le Canadien a fait ce record. Ils l’ont presque fait trois années de suite. Quand je pense à Bob Gainey, Larry Robinson, Steve Shutt, Guy Lafleur, Jacques Lemaire, Serge Savard, Guy Lapointe, Ken Dryden, Réjean Houle, Yvon Lambert, c’est incroyable. Ce sont mes idoles. »

Un confrère a alors pris la balle et a demandé à l’ancien des Patriotes du Cégep de Saint-Laurent qui était Patrice Bergeron parmi cette ribambelle de légendes. « C’est Jacques Lemaire et Bob Gainey ensemble », a-t-il répondu.

Mis au fait de la comparaison, Bergeron a réagi comme celui que tous les parents voudraient comme gendre. « Je ne veux pas vieillir monsieur Lemaire et monsieur Gainey, mais je n’ai pas eu la chance de les voir jouer en personne. Je vais le prendre comme un compliment, un grand compliment. Je sais très bien qu’ils ont eu un gros impact à Montréal. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Jeremy Swayman et Patrice Bergeron

Puisqu’on est dans le thème des records battus, Bergeron a battu l’an dernier le record de quatre trophées Selke de Gainey, et il est en position avantageuse pour en gagner un sixième cette saison.

Une formation complète, ou presque

Ce qui fait que l’on parle encore du Canadien de la fin des années 1970, c’est parce qu’il gagnait la Coupe Stanley. Quatre fois plutôt qu’une. À la même époque, les Bruins ont d’ailleurs connu parmi les meilleures saisons de leur histoire, mais ont subi plusieurs éliminations crève-cœur après leur conquête de 1972.

« Le défi, c’est de rester dans le moment présent. C’est d’apprécier ce qu’on accomplit, mais de réaliser qu’il reste beaucoup de travail et d’y aller un match à la fois. C’est cliché, mais c’est notre approche depuis le début de la saison », a résumé Bergeron.

Les Bruins présenteront d’ailleurs une formation presque complète jeudi soir, même si le résultat du match n’aura aucune incidence sur leur classement. Le gardien Linus Ullmark et le centre David Krejci sont les seuls vétérans qui n’endosseront pas l’uniforme.

À pareille date l’an passé, les Panthers étaient débarqués au Centre Bell dans des circonstances similaires, assurés du 1er rang au classement général. Mais pour leur 82e match de la saison, ils avaient laissé de côté neuf vétérans, dont Aleksander Barkov, Jonathan Huberdeau et Claude Giroux. Les Panthers avaient ensuite peiné à traverser le 1er tour, avant de se faire balayer au tour suivant.

L’idée n’est pas de faire ici un lien de cause à effet. Mais les Bruins opteront jeudi pour une approche différente.

« Les blessures, ça arrive, a convenu Montgomery. Mais c’est la préparation pour les éliminatoires. On veut que les deux premiers trios jouent à peu près 18 minutes, que le troisième trio joue. C’est important que tu joues les minutes que tu vas jouer la semaine prochaine. »

« À l’approche des séries, la meilleure façon de se préparer est de jouer des matchs, a martelé Bergeron. On a eu un peu de ça dernièrement, et j’ai fait partie des joueurs qui ont raté des matchs pour soigner des petites choses. Les joueurs qui jouent, ils sont prêts et se sentent bien. La transition sera assez rapide pour les séries, il faut rester prêts et “sharp”. »

Selon les informations qui circulent à Boston, les Bruins vont en effet amorcer les séries dès lundi.

En bref

Bergeron est demeuré vague lorsqu’il s’est fait demander si le match de jeudi serait son dernier au Centre Bell. Il aura 38 ans cet été. « C’est toujours dur de le savoir. Je suis resté dans le moment présent toute l’année et je suis encore là. Ce n’est pas impossible. Je ne veux même pas penser à ça parce qu’il y a trop de travail devant moi. En vieillissant, tu réalises qu’il y a moins de matchs devant toi que derrière, et c’est encore plus vrai à 37 ans. »

Le Canadien n’a pas tenu d’entraînement matinal au lendemain de sa défaite à Long Island. Seul Kirby Dach a chaussé les patins. L’attaquant portait une visière teintée, ce que l’on voit parfois chez des joueurs qui se remettent d’une commotion cérébrale.