David Savard n’a pas l’habitude des honneurs individuels, du moins pas chez les professionnels. Sur sa fiche du site Elite Prospects, ses dernières distinctions individuelles remontent à 2009-2010, quand il avait été nommé défenseur de l’année au hockey junior canadien et dans la LHJMQ.

En fouillant un peu plus, on découvre aussi qu’il a été élu défenseur de l’année chez les Blue Jackets en 2014-2015.

Et ironiquement, l’honneur individuel qu’il a remporté jeudi, le trophée Jacques-Beauchamp, récompense justement le joueur « ayant eu un rôle déterminant au sein de l’équipe durant la saison, sans toutefois en retirer d’honneur particulier » chez le Canadien.

Voilà qui résume bien Savard, un joueur qui se démarque sur la glace en bloquant des tirs, en affrontant les meilleurs éléments adverses, et hors glace en agissant comme un joueur unanimement apprécié de ses coéquipiers. C’était vrai à Columbus. C’était vrai à Tampa, où il a été le troisième joueur à recevoir la Coupe Stanley sur la patinoire en 2021. Et ce l’est encore ici à Montréal.

C’est un honneur de recevoir ça. Ça démontre à quel point j’essaie de tout donner pour l’équipe. C’est flatteur.

David Savard

« Les étoiles, ça ne m’importe pas beaucoup. L’important pour moi, c’est le succès de l’équipe et j’essaie toujours de mettre l’équipe devant moi », a expliqué Savard, rencontré une heure avant le duel entre le Tricolore et les Bruins, jeudi, au Centre Bell.

Un leadership grandissant

Avant le début de la saison, Joel Edmundson était perçu comme le meneur de ce groupe de défenseurs. Lorsque Nick Suzuki a été nommé capitaine, Edmundson a été choisi comme adjoint, avec Brendan Gallagher. Et avant la nomination de Suzuki, le nom d’Edmundson revenait souvent parmi ceux qui préféraient un joueur plus expérimenté que Suzuki pour porter le « C ».

Sauf qu’Edmundson a raté le camp et le premier mois du calendrier. Et Savard, à sa deuxième année avec l’équipe, s’est visiblement affirmé davantage. Ça a commencé sur la patinoire, dès le premier match, quand ses neuf tirs bloqués ont transporté le Canadien dans une victoire de 4-3 sur les Maple Leafs de Toronto.

« Il est tellement bon pour ça, on dirait que la rondelle est attirée par lui. Quand tu vois des gars plus vieux comme lui et Eddy [Edmundson] le faire, tu te demandes : quelle excuse auront ceux qui ne le font pas si les vétérans le font ? », nous avait confié le défenseur Jordan Harris, en début de saison.

Savard a continué dans la même veine et se retrouve au 3e rang de la Ligue nationale pour les tirs bloqués par tranche de 60 minutes (7,60).

Il a aussi été jumelé dès le camp d’entraînement à Kaiden Guhle, meilleur espoir du CH à la ligne bleue. Cette forme de mentorat a permis de faire ressortir son ascendant sur les jeunes, défenseurs ou pas. Cet ascendant prenait différentes formes, la plus loufoque étant peut-être son rituel d’avant-match avec Samuel Montembeault, qui a permis de découvrir le surnom du gardien.

J’aime avoir du plaisir. Il faut avoir du plaisir à l’aréna, sinon ça devient un fardeau. C’est un côté de ma personnalité que les gars ont découvert un peu plus cette année.

David Savard

« Tu vois quel impact il a et ce n’est pas sur un seul joueur, a rappelé Martin St-Louis. Tu vois que c’est unanime, en parlant aux joueurs. On sait ce qu’il amène, pas juste sur la glace. C’est le fun qu’il soit reconnu. »

Savard a donc visiblement trouvé sa place au sein de ce groupe plutôt jeune. Pas que l’écart d’âge soit si énorme, puisqu’à 32 ans, il n’a que sept ans d’écart avec Johnathan Kovacevic, par exemple. Mais en tant que père de famille et vétéran de 735 matchs dans la LNH, son bagage détonne dans ce vestiaire.

Mais lui ne le voit pas ainsi. À ses yeux, la « plus grande différence » entre lui et les plus jeunes du club, « c’est l’heure à laquelle on se réveille le matin. J’essaie de rester jeune. Je ne vois pas une si grande différence. Je me sens encore bien.

« Je veux avoir du plaisir, continuer à essayer de gagner et retourner aux grands honneurs. Mon but, c’est de faire grandir l’équipe et d’être ici quand on retournera en séries et qu’on essaiera de gagner une Coupe Stanley. »

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