(Toronto) Le contraste ne pouvait être plus flagrant.

D’un côté, une équipe gonflée à bloc, en pleine préparation de séries éliminatoires qui s’annoncent éprouvantes. De l’autre, un club privé de la moitié de ses joueurs réguliers, qui égrène les derniers matchs du calendrier avant d’enfin être libéré de sa misère.

À l’entraînement matinal, samedi, les Maple Leafs de Toronto et le Canadien de Montréal semblaient habiter sur deux planètes différentes. Avec le retour en santé de Ryan O’Reilly, les Leafs opposeront au Tricolore ce qui ressemble drôlement au top 6 offensif le plus dangereux de la LNH. O’Reilly sera flanqué de John Tavares et de William Nylander sur le deuxième (!) trio des locaux. Auston Matthews pivotera la principale unité, complétée par Michael Bunting et Mitch Marner.

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Ryan O'Reilly

Dans le camp adverse, on a mis à contribution l’entraîneur vidéo Daniel Harvey comme gardien et utilisé l’attaquant Sean Farrell en défense. Évidemment qu’aucun des deux ne jouera ce rôle en soirée, mais il fallait bien trouver une solution en attendant l’arrivée à Toronto de Corey Schueneman et Cayden Primeau, rappelés d’urgence après leur match avec le Rocket de Laval vendredi. Harvey retrouvera son gagne-pain habituel et Farrell regardera la rencontre depuis la galerie de la presse pour une deuxième fois de suite.

« On n’est pas où on voudrait être [au classement], mais on essaie d’avoir du plaisir et de demeurer compétitifs, a dit Jake Evans après l’entraînement. On ne veut pas être misérables jusqu’à la fin de la saison. »

Dans le vestiaire torontois, on n’a pas à « essayer ». L’équipe est assurée de l’avantage de la glace au premier tour et connaît déjà son adversaire, le Lightning de Tampa Bay. Les derniers matchs inscrits au calendrier serviront à mettre en marche une machine dont on sait qu’elle devra être rodée au quart de tour.

Pour paraphraser Marc Messier dans Les Boys : le moral est celui d’une Cadillac. On se consacre à peaufiner les fameux « détails » qui peuvent faire la différence entre un bout de chemin en séries et une énième élimination hâtive.

Précieuse défense

La puissance offensive des Leafs se passe de présentation. Ce qui a coulé cette équipe par le passé, toutefois, c’est son manque de profondeur et ses limitations défensives.

Les acquisitions du joueur de centre Ryan O’Reilly, ex-gagnant du trophée Frank-Selke, ainsi que des défenseurs Jake McCabe et Luke Schenn, solidifient cet aspect du jeu.

Sur la glace, les résultats ne sont pas encore flagrants. Pour l’ensemble de la saison, les Leafs apparaissent parmi les meilleures équipes du circuit en termes de buts et de tirs accordés, mais ils ont légèrement glissé depuis la date limite des transactions.

Intégrer de nouveaux membres du personnel en défense prend un certain temps, a reconnu Mark Giordano. « Il faut bien connaître nos partenaires et leurs tendances, a expliqué le vétéran. On est tous capables de jouer ensemble, de communiquer, [mais] il faut utiliser les derniers matchs de la saison pour renforcer notre chimie. »

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Mark Giordano

Le visage de la défense a passablement changé à Toronto depuis la déception du premier tour contre le Lightning l’an dernier. Jake Muzzin a raté pratiquement toute la saison en raison d’une blessure et ne sera pas de retour avant l’an prochain. Ilya Lyubushkin n’a été que de passage. Timothy Liljegren a pris du galon. McCabe, un joueur « sous-évalué » selon Giordano, a fait son entrée en scène, accompagné de Schenn et d’Erik Gustafsson, défenseur à caractère strictement offensif.

Preuve qu’on est en mode rodage, Morgan Rielly et T. J. Brodie sauteront leur tour contre le Canadien.

« On a un groupe qui peut jouer dur, ce qui est important contre le Lightning, qui a tellement de bons joueurs au fort gabarit, a encore dit Giordano. On doit être à leur niveau physiquement. »

En séries, « notre jeu défensif devra être notre fondation », a pour sa part estimé Ryan O’Reilly, qui se dit « impressionné » par ce qu’il a vu depuis les gradins pendant sa convalescence de quelques semaines imposée par une blessure à un doigt.

« On sait à quel point notre attaque est dangereuse. Si on peut faire fonctionner les deux, on aura une chance. »

L’entraîneur-chef Sheldon Keefe croit la même chose. Le jeu défensif a été un élément central du travail récent, et son équipe en cueille les fruits, selon lui.

Il a notamment souligné l’effort collectif déployé jeudi soir à Boston. Bien que les Maple Leafs aient été la meilleure équipe pendant la rencontre, ce sont les Bruins qui sont sortis gagnants du duel, conclu 2-1 en prolongation.

« Aller sur la route et donner si peu [à l’adversaire], c’est bon pour nous, a poursuivi Keefe. On méritait de gagner. Les résultats n’ont pas été de notre côté, mais le processus est là. On a réussi à s’assurer l’avantage de la glace [pour les séries], c’est un bel accomplissement. On est là où on le veut. On peut maintenant se concentrer sur ce qui suivra. »

Blessé, Calle Jarnkrok devra faire l’impasse sur le match contre le Canadien. Le gardien Matt Murray, qui soignait une blessure à la tête, pourrait quant à lui apparaître comme auxiliaire, ce qui ne sera confirmé qu’à la période d’échauffement. Le Tricolore enverra la même formation que celle qui a vaincu les Capitals de Washington 6-2 jeudi. Samuel Montembeault sera le gardien partant.

Le match, disputé au Scotiabank Arena, s’amorcera à 19 h.