(Las Vegas, Nevada) Les séries éliminatoires la LNH réservent parfois des surprises sur l’identité des hockeyeurs.

Sans égard à leur talent, les véritables compétiteurs éclosent le printemps venu. Les Golden Knights de Vegas, malgré leur arrivée récente dans la LNH, comptent sur une large représentation de joueurs issus de cette catégorie.

Il y en a toutefois un dont on ne sait trop quoi attendre. C’est d’autant plus singulier qu’il s’agit du meilleur joueur de l’équipe.

Jack Eichel, 26 ans, dispute sa huitième saison dans la LNH. Absolument personne ne remet en doute son appartenance à l’élite du circuit. Or, puisqu’il a passé la majorité de sa carrière chez les Sabres de Buffalo, l’une des pires équipes de la dernière décennie, son nombre de matchs en séries est toujours zéro.

Il aurait pu vivre son baptême l’an dernier, mais les Knights ont raté leur qualification de peu. Cette fois, il faudrait une catastrophe pour que leur avance au classement fonde sous leurs pieds.

Comment Eichel se comportera-t-il dans les matchs cruciaux du printemps ? Impossible de le prédire. Dans le vestiaire des Chevaliers dorés, on a toutefois sa petite idée.

Il est capable d’élever son jeu contre les meilleures équipes. Il a connu de bons matchs contre les Hurricanes, les Devils, le Lightning, des équipes qui ont de bonnes unités défensives. J’aime qu’il valorise son jeu sur 200 pieds. Il a été, cette saison, l’un de nos meilleurs joueurs défensifs. Ça demande beaucoup de travail, et c’est très important en séries.

Bruce Cassidy, entraîneur-chef des Golden Knights de Las Vegas, après la séance d’entraînement de son équipe

Selon Cassidy, l’ajustement devra se faire principalement sur le plan mental. « Mais on ne s’inquiète pas pour lui », a-t-il ajouté.

« Les séries, c’est une bête différente », a abondé Jonathan Marchessault. Le Québécois cite en exemple son coéquipier Reilly Smith, « un gamer ». Un joueur qui ne monopolise pas les compilations de faits saillants pendant la saison, mais qui est le meilleur pointeur de l’histoire de la franchise en séries.

« C’est la réputation que tu veux avoir dans la LNH, a poursuivi Marchessault. Quand un joueur fait beaucoup d’argent, ça vient avec de l’attention médiatique, avec beaucoup de pression à surmonter. C’est comme ça qu’on sait que tu n’es pas juste un bon joueur, mais un grand joueur. Je pense à des gars comme Ryan O’Reilly, Patrice Bergeron, Anze Kopitar… Je pense que c’est la principale raison pour laquelle on est allés chercher Jack. »

Soutien défensif

Marchessault, volubile de nature, n’a pas eu à se faire prier pour parler de son joueur de centre du moment.

« Peut-être qu’en ce moment, il ne produit pas autant qu’à Buffalo… »

Nous l’interrompons ici pour lui rappeler qu’Eichel maintient tout de même un rythme d’environ un point par match – 47 en 49.

« Je pense que c’est un gars de plus d’un point par match », a-t-il répondu. Sa remarque, toutefois, n’était pas un reproche, tout au contraire.

Ce n’est pas le même Jack Eichel que l’an dernier. Parfois, il faut être capable d’en avoir un peu moins [de points] et d’être meilleur défensivement. Regarde Patrice Bergeron : il sacrifie peut-être 5 ou 10 points par année, mais ça donne une chance de gagner à son équipe à chaque match. Je pense que Jack joue comme ça cette année.

Jonathan Marchessault, au sujet de Jack Eichel

Le défenseur Nicolas Hague a vu la même chose. « Il dirige le jeu, il joue dur, il nous aide dans notre zone, a-t-il énuméré. L’une de ses grandes forces, grâce à son coup de patin, c’est de récupérer la rondelle en repli [reload] et de relancer l’attaque. C’est beau de le voir aller. »

Eichel prend tout cela avec un grain de sel. Il souligne lui-même sa fierté d’avoir vu son jeu « évoluer » au cours de la dernière année, et de savoir que le personnel d’entraîneurs peut lui « faire confiance dans différentes situations ». Loin de s’en satisfaire, il désire, comme pour faire écho aux remarques de Marchessault, « trouver une manière de produire plus offensivement ».

On le sent hésitant à parler des séries éliminatoires. « Rien n’est encore coulé dans le béton, prévient-il. Il reste encore beaucoup de matchs importants. On veut finir la saison de la bonne manière et rester en bonne posture. » Pour l’heure, les Knights se trouvent au sommet de la division Pacifique.

Leadership

Eichel s’est aussi révélé comme un leader, affirme le défenseur Brayden McNabb. « Ça paraît qu’il a été capitaine [chez les Sabres de Buffalo]. C’est dur de jouer ce rôle à un si jeune âge, je suis sûr qu’il a beaucoup appris de ça. Il sait quoi dire et à quel moment parler. On le sent très à l’aise dans le vestiaire. »

Ce n’est pas une mince affaire, surtout dans un groupe aussi expérimenté. Quand on aborde ce sujet avec le principal concerné, il vante d’abord l’ascendant de certains de ses coéquipiers. Il pointe notamment le casier voisin du sien, celui de Mark Stone. Le capitaine des Golden Knights soigne en ce moment une blessure au dos.

En outre, il avoue que ne pas avoir de lettre sur son chandail implique « moins de stress ». Son apport en leadership, « je crois que ça arrive naturellement », note-t-il.

Et de conclure : « J’essaie juste d’être moi-même. »

Déjà, cette liberté lui a permis de peaufiner une nouvelle facette de son jeu. La prochaine révélation viendra dans quelques semaines. Quand, cette fois, ça comptera pour vrai.

Guhle absent face aux Knights ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Kaiden Guhle

En entrant durement en contact avec Maxime Comtois, des Ducks d’Anaheim, Kaiden Guhle a semblé se blesser à l’épaule vendredi soir. Il a poursuivi la rencontre, mais a dû subir des traitements en fin de soirée. Samedi soir, le Tricolore a donc rappelé Frédéric Allard, qui pourrait affronter les Golden Knights dimanche si Guhle devait déclarer forfait. Allard, un ex-membre de l’organisation des Kings de Los Angeles, a été échangé au Canadien vendredi. Il évoluait jusque-là avec le Reign d’Ontario, dans la Ligue américaine, club établi en banlieue de la métropole californienne. Il devait se présenter au Rocket, mais il a retardé son départ afin de rejoindre le CH à Las Vegas.