William Trudeau raconte l’anecdote avec le gros sourire. Ça se passait dans un tournoi estival de trois contre trois, où il jouait avec son bon ami et coéquipier du Rocket de Laval Xavier Simoneau.

« On s’entend super bien hors glace, mais sur la glace, on est compétitifs. Une fois, pendant le tournoi, on était passés près de se battre à l’entraînement ! Mais aujourd’hui, on en rit. »

Ils ont de quoi rire. Particulièrement Simoneau. Quelques heures avant l’entraînement matinal du Rocket mercredi, le Tricolore annonçait s’être entendu avec le petit ailier sur un contrat de deux ans.

« Mon identité n’a jamais changé, j’ai toujours travaillé fort, a dit Simoneau, après l’entraînement. Je ne suis pas un choix de premier tour et je ne suis pas le plus gros. Mais j’ai toujours joué avec de la hargne pour montrer que j’ai ma place dans le pro. »

Simoneau amorçait la saison avec un statut particulier. Repêché au 6tour en 2021, il détenait simplement un contrat d’un an de la Ligue américaine.

Le Canadien avait jusqu’au 1er mai 2023 pour lui en offrir un de la Ligue nationale. Comme l’avait fait Rafaël Harvey-Pinard il y a deux ans, Simoneau a finalement convaincu la direction de lui accorder un des 50 contrats auxquels l’équipe a droit.

Comment y est-il arrivé ? En respectant sa fameuse identité, celle d’un joueur de 5 pi 6 po productif, mais surtout turbulent. Ou, dans les mots moins soignés de Trudeau, qui l’a affronté dans la LHJMQ : « Un pain in the ass ! »

« On est contents de l’avoir avec nous, admet Trudeau. Sérieux, ce n’était vraiment pas le fun de l’affronter, il est toujours après toi, il ne te lâche jamais. »

Il parle beaucoup sur la patinoire ? « Il ne se la ferme jamais ! Ça n’a pas de sens, je n’ai jamais vu ça ! »

Son anglais n’est pas parfait, mais il trouve de bonnes insultes !

William Trudeau

Une description confirmée par Jean-François Houle. « Oui, il parle, et des fois, il parle un peu trop ! », a convenu l’entraîneur-chef du Rocket. Houle a raconté avoir averti son attaquant – et d’autres aussi – en début de saison, afin de l’exhorter à être discipliné. Simoneau compte 41 minutes de pénalité en 45 matchs. « Il doit jouer sur la limite, mais ne pas la dépasser, décrit Houle, avant de vanter sa capacité à provoquer des pénalités.

« Des joueurs comme Simoneau, tu en as besoin. Quand ton avantage numérique fonctionne et que des joueurs te donnent des chances, ça aide. Est-ce que c’est le meilleur de notre équipe ? Il doit être proche. »

« Je suis probablement un des plus détestés dans la ligue ! estime Simoneau. Je ne suis pas salaud, mais j’aime déranger l’adversaire. Je ne changerai pas, c’est mon identité. »

Une préparation adéquate

On le disait, Simoneau est arrivé au camp des recrues avec un simple contrat de la Ligue américaine en poche. Trudeau, lui, était tout simplement sans contrat, ne sachant pas s’il allait passer la saison à Laval ou dans la LHJMQ.

Six mois plus tard, Simoneau et Trudeau ont consolidé leur position. Trudeau joue au sein du premier duo de défenseurs du Rocket depuis deux mois, et Simoneau a décroché son contrat de la LNH.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

William Trudeau au camp d’entraînement du Canadien, en septembre dernier

Coïncidence ou pas, les deux comparses s’étaient attiré les éloges de Francis Bouillon et de Rob Ramage – responsables du développement des joueurs – au camp des recrues. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient opté pour les installations du Tricolore, à Brossard, pour leur entraînement estival.

La suggestion était facile à appliquer pour Trudeau, qui demeurait sur la rive gauche de la 30, à Varennes. C’était plus compliqué pour l’Outaouais Simoneau.

« J’aurais pu encore m’entraîner à Gatineau, rappelle-t-il. Mais quand l’organisation a approché les recrues pour l’été, je voulais y aller à 100 %, mais j’habite à deux heures de Brossard ! William habite proche, donc il m’a accueilli. »

Les bénéfices ? « On s’entraînait avec Nick Suzuki, donc c’était le fun, raconte Simoneau. Il y avait d’autres vétérans et Adam Nicholas [le directeur du développement hockey]. Ça nous a permis de travailler sur des détails de notre jeu. »

Pour Jean-François Houle, une partie des succès des deux jeunes s’explique par cette décision.

« Ça a été très important pour leur développement, estime-t-il. Leur entraînement hors glace était très bon et ça se voit sur la glace. Les deux sont arrivés vraiment prêts au camp des recrues. Ça aide, quand les joueurs mettent de côté leur été avec leurs amis pour s’entraîner ici et faire un compromis. Ça montre qu’ils prennent leur carrière au sérieux. Ce sont des compromis que tu dois faire à un jeune âge. Si tu ne les fais pas, tes chances de te rendre dans la Ligue nationale diminuent. »

Ni l’un ni l’autre n’y est. Mais ils sont certainement plus près du but qu’il y a un an.

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    Xavier Simoneau totalise 29 points (5 buts, 24 aides) en 45 matchs avec le Rocket cette saison.