(San Jose, Californie) Ce n’est rien contre Andreas Johnsson ou Fabian Zetterlund, qui doivent rencontrer leurs nouveaux coéquipiers ce mardi matin, juste à temps pour affronter le Canadien en soirée.

Mais l’ambiance n’était pas exactement à la fête, lundi, dans le vestiaire des Sharks de San Jose. Pas la grande déprime non plus, mais plutôt une espèce de curiosité prudente par rapport à la suite des évènements.

La veille, les Sharks avaient cédé leur grande vedette en attaque, Timo Meier, aux Devils du New Jersey, en retour de deux choix de premier tour, de l’espoir Shakir Mukhamadullin et des susmentionnés Zetterlund et Johnsson. Le défenseur Scott Harrington a lui aussi quitté la Californie. Et quelque chose comme 145 choix au repêchage et joueurs des ligues mineures ont été ajoutés à la transaction.

À court terme, les Requins sortent indubitablement affaiblis de cette opération. Meier se dirige vers une saison de 40 à 45 buts. « Peut-être en marquera-t-il 60 dans sa nouvelle équipe », a candidement lancé David Quinn, entraîneur-chef des Sharks, après l’entraînement de son équipe.

La direction, à l’évidence, est au cœur d’une relance qui prendra (encore) du temps. Ce printemps, on ratera les séries éliminatoires pour la quatrième fois de suite.

J’aurais aimé qu’on le garde. Les attaquants de puissance de 26 ans ne sont pas faciles à trouver. C’est tout un joueur.

David Quinn, entraîneur-chef des Sharks

Même s’il savait bien que la nouvelle tomberait tôt ou tard, « avec toutes les rumeurs qui circulaient », le capitaine Logan Couture trouve « difficile » de voir Meier partir. Il se réjouit néanmoins pour son coéquipier devenu ami, qui « semblait emballé et soulagé que ce soit fini ».

« On lui souhaite bonne chance pour le reste de la saison », a-t-il ajouté.

Erik Karlsson a été moins magnanime. Si ce n’était son monstrueux contrat, probablement serait-il déjà membre d’une autre organisation. Selon toute vraisemblance, la suite de sa carrière, pour l’instant en tout cas, passera par San Jose. Dans ces circonstances, il lui est difficile de voir la perte de Meier d’un bon œil.

« Je comprends la business et la manière dont ça fonctionne, a dit le défenseur. Je suis dans la ligue depuis longtemps. Il faut passer par là. C’est juste très dommage que ça arrive à ce moment-ci de ma carrière. »

Fierté

Voilà pour le constat du moment. Or, la vie continue, et les leaders de l’équipe font appel à la « fierté » des soldats qui restent.

David Quinn a réuni ses hommes avant l’entraînement de lundi. Ses attentes ne changeront pas quant à l’effort déployé, a-t-il averti.

« Les joueurs doivent réaliser qu’ils sont constamment évalués, a plus tard précisé l’entraîneur aux journalistes. On recherche des compétiteurs, des gagnants. Et ce n’est pas juste nous qui les évaluons, c’est aussi ceux qui viennent les voir jouer. Je m’attends donc à ce que nous gardions la même passion et le même engagement. »

Lui-même une possible monnaie d’échange, vu que son contrat arrive bientôt à échéance, James Reimer a appelé à la résilience en cette période où « tout peut arriver ». Il se refuse à formuler des hypothèses sur les plans de la direction. « Ce que je sais, c’est qu’ils [les gestionnaires] ont à cœur cette ville et cette organisation. Ils veulent une équipe gagnante. C’est ce qu’ils ont en tête lorsqu’ils prennent des décisions », a souligné le sympathique gardien.

Marc-Édouard Vlasic milite lui aussi pour la confiance envers le directeur général Mike Grier, qui a lui-même joué pour les Sharks de 2006 à 2009, à une époque faste de l’histoire de l’organisation. Conséquemment, « il a encore à l’esprit de vouloir une bonne équipe chaque année », estime Vlasic.

Le Québécois ne croit pas que son équipe végétera trop longtemps dans les bas-fonds du classement. « On a encore des vedettes comme Erik Karlsson, Logan Couture et Tomas Hertl », a-t-il rappelé.

Avec des jeunes, on peut trouver un bon mélange et être compétitifs.

Marc-Édouard Vlasic

Il se réjouit d’ailleurs d’avoir vu ses coéquipiers afficher beaucoup de hargne depuis le début de la saison. La chimie est manifeste, beaucoup plus que l’an dernier, selon lui. C’était alors « le bordel total », dit-il, sans entrer dans les détails.

Dans l’actuelle situation du club, les vétérans comme lui, croit-il, doivent plus que jamais donner l’exemple.

« On veut prouver qu’on est encore bons. C’est à nous d’amener l’équipe au prochain niveau. »

Karlsson ne s’attend pas à être échangé

PHOTO JESS RAPFOGEL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Erik Karlsson

Malgré les rumeurs qui ont circulé à son sujet au cours des derniers mois, Erik Karlsson ne s’attend pas à être échangé. Des indices ont laissé croire que les Oilers d’Edmonton tenteraient de l’acquérir, mais ce n’est toujours pas arrivé. Il faut dire qu’avec encore quatre saisons à écouler à un contrat d’une valeur annuelle de 11,5 millions, acquérir le défenseur n’est pas une mince décision pour une organisation. Au cours du week-end, le DG Mike Grier a dit s’attendre à ce que Karlsson termine la saison à San Jose. Le Suédois a la même impression. Son patron ne lui a pas encore demandé qu’il lève sa clause de non-mouvement, a-t-il révélé. « Je crois que ce serait bizarre [qu’il le fasse] à trois jours de la date limite des échanges. Il avait beaucoup de temps pour le faire avant ça », a dit un Karlsson peu enthousiaste aux journalistes. Grier, par ailleurs, n’a pas exclu de trouver un acquéreur pendant l’été.

Simon-Olivier Lorange, La Presse