« Tout va bien en ce moment ! », lance Joël Teasdale dans un sourire. Après un début de saison difficile où il a été laissé de côté à quelques reprises, le Québécois a enfilé 12 buts à ses 13 derniers matchs. De quoi être heureux.

Teasdale l’admet : l’idée d’un possible rappel a traversé son esprit au cours des dernières semaines, au moment où les blessés ne cessaient de s’accumuler chez le Canadien.

« C’est sûr que j’y ai pensé. C’est mon rêve ! J’ai grandi en jouant dans la rue devant chez nous avec un chandail du Canadien sur le dos », dit-il à La Presse après un entraînement du Rocket à Laval.

« Je suis juste sur le bord [d’y arriver], continue-t-il. Je sens que j’ai fait les choses pour mériter un rappel, mais s’il n’y a pas de place, ils ne peuvent pas en faire plus. Donc je vais attendre mon tour, continuer à travailler et à faire les choses que je dois faire ici. »

Continuer à travailler, voilà une chose à laquelle l’attaquant de 23 ans – il aura 24 ans le 11 mars – est habitué. Au cours des dernières saisons, Teasdale a traversé deux longues rééducations après des blessures au genou droit ; la première est survenue en août 2019, à l’aube de sa carrière professionnelle, et la seconde en avril 2021.

Depuis son retour au jeu à la fin de janvier 2022, le natif de Repentigny a vécu des hauts et des bas. L’an dernier, il a inscrit 28 points en 44 matchs. Cette saison, le surplus d’attaquants chez le Rocket dans les premiers mois a forcé l’entraîneur-chef Jean-François Houle à faire des choix. Teasdale a été laissé de côté une dizaine de fois en octobre et en novembre.

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Joël Teasdale à l’entraînement avec le Rocket de Laval

« Ce n’est pas le début de saison que j’avais souhaité et envisagé, admet-il. […] C’est la première fois de ma carrière que ça m’arrivait. J’ai toujours eu un rôle important dans une équipe. […] C’était quelque chose de nouveau, il a fallu que j’apprenne à combattre ça. »

Avant les Fêtes, Teasdale avait inscrit 6 points en 17 rencontres. Puis, les joueurs ont commencé à tomber au combat, tant à Laval qu’à Montréal. À la mi-janvier, le Tricolore a rappelé plusieurs attaquants qui ne sont pas de retour depuis : Rem Pitlick, Rafaël Harvey-Pinard, Jesse Ylönen, Alex Belzile. Teasdale a profité de leur départ ; la porte s’est ouverte devant lui.

« Tout le monde le sait, quelqu’un qui part, ça donne la chance à quelqu’un d’autre. J’ai saisi ma chance à ce moment-là et ça n’a pas arrêté depuis », affirme celui qui affiche maintenant 29 points en 39 parties.

Houle a sensiblement le même discours. « C’est un des joueurs qui ont pris l’occasion quand d’autres joueurs sont montés. […] Parfois, les joueurs la prennent pour une semaine ou deux, mais lui ça fait deux mois. Je suis très content pour lui parce que ce n’est pas facile, ce qu’il a traversé en début d’année. »

Laisser le passé là où il est

Teasdale n’éprouve plus de problèmes avec son genou droit, source de toutes ses infortunes ces dernières saisons. Il a trouvé des techniques pour éviter qu’il enfle après les matchs. « C’est un processus, il faut que je fasse un peu plus attention, mais ça va bien », assure-t-il.

Bien sûr, ces blessures lui auront nui dans son développement. Sans celles-ci, il aurait peut-être déjà disputé son premier match dans la LNH. Mais les choses étant ce qu’elles sont, certains joueurs l’ont devancé dans la hiérarchie.

« J’ai manqué presque deux ans et demi juste avec des blessures. Deux ans et demi, dans le développement d’un joueur, surtout à l’âge que j’avais, à 20-21 ans… C’est là que tu te développes le plus. »

Je ne peux pas revenir dans le temps. Je ne peux rien faire, donc c’est juste de me concentrer sur ce que je suis capable de faire et de contrôler.

Joël Teasdale

Quand on lui demande s’il joue actuellement le meilleur hockey de sa carrière professionnelle, l’attaquant hésite. « Oui et non ! lance-t-il. J’ai de bonnes statistiques en ce moment, mais il y a encore des choses que je veux travailler. Mais oui, c’est peut-être le meilleur hockey de ma carrière. Je fais les petits détails qui font en sorte que je joue bien et que les buts arrivent. Je suis souvent devant le but, c’est la zone payante. »

Teasdale croit qu’il serait en mesure de « démontrer de belles choses » si l’occasion lui était offerte d’enfiler l’uniforme du Tricolore. Mais, encore une fois, il ne peut pas contrôler ça. Comme le dit son entraîneur-chef : « Il faut juste qu’il continue à rester patient et à bien jouer. »

Teasdale sera joueur autonome avec restriction à la fin de la saison. Le Canadien a donc priorité pour lui offrir un nouveau contrat. Le numéro 24 aimerait rester à Montréal – « Je suis à la maison, ici ! », s’exclame-t-il –, mais son but est avant tout de jouer dans la Ligue nationale. Où que ce soit.

« Mon plus grand rêve, ce serait de jouer avec le Canadien, mais la big picture, c’est que je veux jouer dans la Ligue nationale », conclut-il.