(San Jose, Californie) Dimanche soir, Lindy Ruff et David Quinn ont longuement conversé au téléphone.

Entraîneurs-chefs des Devils du New Jersey et des Sharks de San Jose, respectivement, ils ont échangé des informations sur les nouveaux joueurs qu’ils s’apprêtaient à diriger. Les deux clubs, rappelons-le, venaient de conclure une transaction monstre dont la pièce maîtresse était Timo Meier.

Toujours dimanche, des personnes ont communiqué avec Martin St-Louis pour lui offrir quelques observations sur Denis Gurianov, fraîchement acquis par le Canadien en retour d’Evgenii Dadonov. St-Louis, toutefois, a décliné la proposition.

« Je ne veux pas être influencé avant de le voir aller ; je veux me faire ma propre opinion », a tranché le pilote du Tricolore, lundi après-midi, à San Jose, premier arrêt d’un voyage chargé dans l’Ouest américain.

« Tout le monde ne voit pas les choses de la même manière, a-t-il poursuivi. Je ne veux pas que l’opinion des autres teinte la mienne. Je veux voir Gurianov à l’entraînement et en match. » Seulement là, il communiquera peut-être avec certaines personnes pour obtenir leurs impressions.

« Si je peux y trouver un avantage, je vais le faire. Mais en temps et lieu. C’est important de se laisser une fenêtre pour avoir une première impression. »

Sa première impression, justement ? « Tel qu’annoncé », a résumé St-Louis. Lire ici : bon tir, bon coup de patin.

Si l’on se fie à ce qu’on a vu à l’entraînement, Gurianov fera ses débuts avec le Canadien à la droite de Nick Suzuki et de Mike Hoffman.

Je pense qu’on peut l’aider à réussir la transition dans notre équipe.

Nick Suzuki

Habile analyste des joueurs de partout dans la ligue, Jonathan Drouin estime que le Russe de 25 ans trouvera rapidement son compte avec le style de jeu pratiqué par le Tricolore.

« Des attaquants en mouvement et de la vitesse en zone neutre, c’est son style de match, a souligné le Québécois. Quand il commence à patiner et qu’il a de l’espace, il a une belle vitesse. Il va bien fitter dans notre équipe. »

Drouin, justement, héritera de deux nouveaux ailiers, après que son entraîneur a remanié le trio de Suzuki. C’est désormais Rafaël Harvey-Pinard et Josh Anderson qui patineront à ses côtés.

St-Louis a par ailleurs eu de bons mots pour Evgenii Dadonov, qui a « été un pro » pendant son court passage à Montréal.

Le surplus d’attaquants du début de saison lui a coûté du temps de glace, a-t-il rappelé, mais Dadonov a toujours démontré une « super attitude ». « Je lui souhaite du succès », a conclu le pilote.

Nouveau départ

Gurianov, pour sa part, accueille ce nouveau départ (littéralement) avec le sourire.

Même s’il n’est pas le plus à l’aise en anglais, il a volontiers répondu aux questions des journalistes, évidemment plus nombreux que ce à quoi il était habitué à Dallas.

Si j’utilise mes forces, on aura du plaisir et on jouera du bon hockey.

Denis Gurianov

Sans décocher de flèche à son ancienne organisation, il n’a pas caché son enthousiasme à l’idée de changer de décor. « Parfois, quand ça ne se passe pas bien, il faut changer des choses », a-t-il dit.

« Pas bien » est probablement un euphémisme dans les circonstances. Cet ex-choix de premier tour au gabarit imposant et aux habiletés individuelles indiscutables laissait croire à un avenir florissant à ses deux premières saisons complètes dans la LNH.

Or, après un ralentissement manifeste observé la saison dernière sur le plan offensif, c’est la panne sèche depuis le début de la présente campagne. À peine deux buts et neuf points en 43 matchs. Gurianov a dégringolé dans la hiérarchie des attaquants des Stars. Son temps de glace, logiquement, a fondu.

Avec le Canadien, il se concentrera, dit-il, à « continuer à tirer ». De fait, non seulement son nombre de tirs par match a baissé cette saison, mais son taux de succès est également famélique – 2,9 %.

« Des fois, la rondelle ne rentre pas, a-t-il noté. Mais c’est ça, le hockey, ça arrive. Je dois continuer d’essayer. » C’est une bonne idée, surtout pour un joueur qui n’a pas marqué depuis le 13 décembre.

La chance est évidente pour lui de profiter de ce « nouveau départ », dixit Martin St-Louis. Car, a-t-il rappelé, « ce n’est pas comme s’il avait oublié comment jouer au hockey ».

À lui de donner raison à son entraîneur.

Guhle ou Edmundson contre les Sharks

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @CANADIENSMTL

Kaiden Guhle

Loin de nous l’idée de nous prétendre mathématicien, mais avec seulement sept défenseurs disponibles, le Canadien ajoutera vraisemblablement Kaiden Guhle ou Joel Edmundson à sa formation, mardi soir, contre les Sharks. Guhle s’est blessé à un genou le 29 décembre dernier et a raté huit semaines d’activités. Edmundson, lui, est tombé au combat le 26 janvier, victime d’abord d’une blessure au « bas du corps » devenue en quelques heures une blessure au « haut du corps » – version qui a cours depuis. Tel Lazare de Béthanie sortant de son tombeau, Edmundson a pris part à l’entraînement complet de son club, lundi, alors qu’il était encore au statut de « réévaluation quotidienne » samedi. L’un comme l’autre pourrait jouer ce mardi, a confirmé St-Louis, sans s’avancer davantage. En outre, comme le veut l’agréable politique du club, les journalistes n’ont pas pu prendre de nouvelles des principaux concernés directement auprès d’eux.

Simon-Olivier Lorange, La Presse