La rubrique où les journalistes de l’équipe des Sports de La Presse répondent à des questions dans le plaisir.

Mathias Brunet

Il devait rester moins d’une minute avant le son du gong pour signifier la fin de la période des échanges, en mars 2013. Les Capitals de Washington n’arrivaient pas à franchir la deuxième ronde depuis cinq ans malgré leur domination en saison « régulière » et le DG George McPhee cherchait désespérément du renfort. Martin Erat, 31 ans, avait été le meilleur attaquant des Predators de Nashville pendant plusieurs saisons, mais il avait ralenti cet hiver-là. McPhee a craqué au dernier instant et a cédé un espoir qu’il connaissait peu, Filip Forsberg, repêché au 11e rang un an plus tôt, en 2012. Forsberg, 19 ans, jouait encore en Suède avec Leksands, en deuxième division. Erat a été lamentable en fin de saison, et s’est d’ailleurs blessé lors du quatrième match du premier tour.

Les Capitals ont été éliminés en sept matchs par les Rangers. Erat n’a pas terminé la saison suivante à Washington. Il a été échangé aux Coyotes de l’Arizona après une cinquantaine de matchs dans une vente-débarras. Erat avait un seul but au compteur. Forsberg est toujours à Nashville, 10 ans plus tard. Il a 511 points en 616 matchs depuis le début de sa carrière, dont une saison de 42 buts et 84 points l’an dernier. Il est lié par contrat avec l’équipe jusqu’en 2030.

« Ce ne fut pas un bon échange, que puis-je dire de plus ? », m’avait confié McPhee au cours d’une interview téléphonique en 2018. « On ne jouait pas bien et on cherchait à accéder aux séries éliminatoires. On ne connaissait pas assez bien nos jeunes joueurs. Le plus ironique, c’est qu’il s’agissait de la seule fois au fil des années où notre directeur du recrutement amateur, Ross Mahoney, n’était pas à nos côtés à la date limite des échanges. Il avait un engagement ailleurs, ce jour-là. S’il avait été sur place, il n’aurait probablement jamais permis l’échange. »

Simon-Olivier Lorange

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Ben Chiarot

Un défenseur à caractère défensif. Qui connaissait certes de bons moments sur le plan offensif, mais au sein d’une équipe dénuée de toute forme de quart-arrière potable. Des statistiques avancées catastrophiques à cinq contre cinq. Pourtant, en 2022, Ben Chiarot a valu au Tricolore un choix de premier tour (2023), un autre de quatrième tour (2022) et un espoir de la part des Panthers de la Floride. La chose a été largement documentée, mais le choix de premier tour n’est pas protégé en cas de tirage avantageux à la loterie du premier choix. Le directeur général Bill Zito était certainement pressé de gagner. L’histoire nous l’a appris : ce n’est pas arrivé.

Claude Giroux a lui aussi coûté cher aux Panthers, mais on lui a au moins confié un rôle clé en séries éliminatoires. Chiarot ? Trois défenseurs l’ont largement dépassé en matière de temps de glace. Au dernier match de l’équipe, contre le Lightning de Tampa Bay, il a été l’arrière le moins sollicité des siens (14 min 24 s), se contentant de quatre présences en troisième période. Quelques semaines plus tard, il partait pour Detroit. Un fiasco complet, probablement prévisible.

Alexandre Pratt

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Markus Näslund

En 1996, l’attaque des Penguins de Pittsburgh était spectaculaire. Quelques noms : Mario Lemieux, Jaromir Jagr, Ron Francis, Petr Nedved, Tomas Sandström et Sergei Zubov. Sans surprise, ils dominaient la LNH pour la production offensive. C’était aussi une équipe imposante, qui misait sur 14 joueurs de 6 pi 3 po et plus. Allez savoir pourquoi, le DG Craig Patrick voulait ajouter un autre géant à sa formation. Qui ? Un choix de premier tour, Alek Stojanov, qui en arrachait à Vancouver (0 but en 58 parties). En retour, les Penguins ont donné... Markus Näslund. En tout et partout, Stojanov a joué 54 parties avec les Penguins : 45 en saison, 9 en séries. Il n’a compté qu’un seul but. Näslund a inscrit 756 points avec les Canucks, en plus d’être nommé trois fois sur la première équipe d’étoiles.

Jean-François Tremblay

PHOTO SIMON GIROUX, ARCHIVES LA PRESSE

Andreas Martinsen et Steve Ott

Est-ce une décision de panique ? C’est en tout cas une décision inexplicable. A-t-elle eu de graves conséquences ? Certainement pas. Mais le 1er mars 2017 restera gravé dans l’histoire comme la date où Marc Bergevin a acquis trois des joueurs les plus inutiles de l’histoire de la concession : Steve Ott, Dwight King et Andreas Martinsen. De lointains choix et Sven Andrighetto ont pris le chemin inverse. Marc Bergevin jugeait que le Canadien devait se grossir, il a donc acquis de gros messieurs. Ils ont été sur la glace ensemble pour la première fois le 4 mars 2017, on a même décrit en termes élogieux leur contribution physique.

Sauf que le hockey, ce n’est pas que des mises en échec. Les trois joueurs au profil d’une autre époque n’ont servi à rien, sauf à montrer que l’état-major du Canadien n’était plus en phase avec le hockey du moment. Ott n’a plus jamais joué dans la LNH. King, dont on avait souligné à grands traits le talent pour retourner au banc convenablement, n’a plus jamais joué dans la LNH. Martinsen a joué un peu à Chicago, avant de logiquement finir dans la Ligue américaine. Et le Canadien a été éliminé en six au premier tour.

Appel à tous

Selon vous, quelle a été la pire décision prise par un directeur général de la LNH durant la période des transactions ?

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