(Newark) Justin Barron n’est pas toujours le plus bavard en entrevue. Rien de plus normal : comme tous les joueurs, il a ses moments, au gré des évènements.

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Mardi, dans le vestiaire des visiteurs du Prudential Center (l’aréna des Devils du New Jersey, pas le centre commercial de Boston), il avait toutes les raisons de sourire. Le jeune défenseur du Canadien venait d’inscrire son troisième but à ses six derniers matchs. Son équipe venait quant à elle, malgré une armée d’éclopés, de surprendre les puissants Devils au compte de 5-2.

Barron avait le sourire facile et, comme les questions portaient surtout sur ses coéquipiers, il ne faisait que distribuer les compliments.

D’abord à Nick Suzuki, auteur d’une jolie passe du revers qui lui a permis de marquer. « Il est tellement bon pour réussir ces passes. S’il y a un gars dans l’équipe capable de faire ces passes, c’est bien lui ! », a lancé le Néo-Écossais.

Puis, à Evgenii Dadonov, qui l’a également repéré sur une passe en fin de deuxième période. Le tir de Barron a raté la cible, mais c’était un autre cas où le numéro 52 appuyait l’attaque.

« Daddy est tellement bon pour trouver ces lignes de passe, il cherche souvent la passe transversale », a noté Barron.

Mais voilà, pour pouvoir accepter ces relais, encore faut-il que Barron s’avance en soutien à l’attaque. S’il jouait sans confiance, en retrait de l’action au cas où, il ne serait évidemment pas une cible pour ses coéquipiers.

Je suis plus à mon aise, plus confiant pour faire les lectures, et j’apprends à connaître les tendances des gars.

Justin Barron

Barron est un joueur transformé depuis le début de janvier. Peu après son rappel de Laval, il a été laissé de côté trois matchs de suite, du 5 au 9 janvier, et joue depuis comme un joueur qui ne veut plus jamais regarder l’action de la passerelle. Vous savez, ces fameuses occasions de « voir le jeu de haut », comme disent les entraîneurs qui veulent dorer la pilule ?

En 16 matchs depuis son retour dans la formation, il totalise sept points, dont trois buts, avec un différentiel de + 3. Défensivement, on ne le confondra jamais avec Rod Langway, mais il en fait néanmoins assez pour avoir droit à la confiance de Martin St-Louis.

« Le jeu défensif est ce qui permet à l’entraîneur d’avoir confiance, a rappelé St-Louis. Une fois que tu obtiens cette confiance, tu peux t’exprimer sur la patinoire. »

Barron a été obtenu, l’hiver dernier, contre un attaquant, Artturi Lehkonen, qui possède aujourd’hui une bague de la Coupe Stanley et qui est en voie d’atteindre la marque des 25 buts cette saison. Autrement dit, quoi qu’il arrive de Barron, il est déjà clair que Kent Hughes n’a pas roulé Joe Sakic, alors son homologue de l’Avalanche, dans la farine.

Cette transaction peut toutefois s’avérer gagnant-gagnant, si ce que montre Barron depuis deux mois est un aperçu de ce qu’il deviendra comme joueur.

Les qualités d’Harvey-Pinard

Comme Barron, Rafaël Harvey-Pinard saisit lui aussi sa chance, mais ç’a été dit et écrit quelques fois dernièrement. La passe qu’il a obtenue sur le but de Barron était son 10e point en 13 matchs.

Le fougueux numéro 49 profite quant à lui de sa tribune pour montrer une variété de qualités. Ses sept buts en 13 sorties cette saison indiquent un talent de marqueur, et pour ce que ça vaut, sa performance parfaite à l’épreuve des cibles, au concours d’habiletés dimanche, a rappelé à tous qu’il sait comment tirer une rondelle.

Mardi, cependant, c’est plutôt en préparant des occasions de marquer pour ses compagnons de trio qu’il s’est démarqué. Et, comble de l’ironie, il a raté la cible sur la meilleure occasion qu’il a obtenue, dans un surnombre.

St-Louis a rappelé qu’Harvey-Pinard montrait « beaucoup de constance », depuis son rappel, quand vient le temps de préparer des jeux. « Ce n’est pas comme s’il faisait un jeu de temps en temps. Ce qui l’aide à faire des jeux, c’est qu’il gagne beaucoup de batailles. Ce ne sont pas toujours des 50-50. Il n’a pas l’avantage et il va la gagner pareil. »

Le dernier tiers de cette saison du CH n’est pas le plus enthousiasmant pour les partisans du CH, d’autant que les jeunes Cole Caufield, Kirby Dach, Kaiden Guhle, Juraj Slafkovsky et Arber Xhekaj sont sur la touche. Ces absences créent toutefois un vide à combler. Certains en profitent, d’autres non. Barron et Harvey-Pinard font partie de la première catégorie.

Dans le détail

Le concours d’échappées deux jours plus tard

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Samuel Montembeault réussit un arrêt aux dépens de Brendan Smith.

Samuel Montembeault et Jake Allen n’ont pas participé au concours d’habiletés du Canadien dimanche, et c’étaient deux gardiens invités qui devaient arrêter les patineurs lors du concours d’échappées. Qu’à cela ne tienne, Montembeault a eu droit à sa dose d’échappées ! Les Devils ont en effet eu l’occasion d’en faire trois contre le gardien du CH. Miles Wood a été le premier à s’élancer et il a été stoppé. Dans les deux autres cas, il s’agissait d’un joueur qui venait de quitter le banc des pénalités. D’abord, Brendan Smith a profité du fait que le bâton de Justin Barron a explosé sur un tir sur réception pour filer seul vers le filet. Puis, en début de troisième période, Dawson Mercer a eu sa chance et a tenté de glisser la rondelle entre les jambières de Montembeault, en vain. « Sam a été excellent toute l’année et encore ce soir. J’étais sur la glace pour quelques échappées et il m’a sauvé. Je dois le remercier », a affirmé le défenseur Johnathan Kovacevic.

Au tour d’Armia

Ça n’arrête pas de bien aller à l’infirmerie du Canadien. Dans une semaine parsemée de mystères médicaux, voilà que Joel Armia est tombé au combat, en première période, après seulement trois présences. Est-il blessé, malade, frappé par une gastro, atteint de mycose des ongles ? Impossible de le savoir pour le moment. Chez le Canadien, on se contente de dire qu’il « ne se sentait pas bien ». Nos confrères de RDS ont regardé ses trois présences et n’ont rien relevé de particulier. Quoi qu’il en soit, c’est un malheur de plus pour le Canadien ces derniers jours, après la maladie (selon l’équipe) de Kirby Dach et Chris Wideman qui s’est visiblement blessé quelque part entre le concours d’habiletés de dimanche et l’entraînement du lendemain. Armia a déjà été ralenti trois fois par des blessures cette saison et a raté 19 matchs pour des raisons médicales. Depuis son arrivée à Montréal, en 2018, il a raté 95 des 348 matchs du Tricolore, soit plus du quart.

Talent et frustration

Jack Hughes était frustré tôt dans le match et on devine que le résultat final n’a pas davantage enchanté la jeune vedette des Devils. Ses frustrations ont commencé dès sa deuxième présence. Hughes a chuté en tentant une poussée en zone du CH et a mis du temps à se relever, comme un gars qui souhaitait qu’une pénalité soit imposée à l’adversaire. Il s’est ensuite adressé à l’arbitre en se repliant mollement, alimentant le scénario du joueur en rogne contre les officiels. Le hic : pendant que tout ça se passait, Justin Barron s’est joint à l’attaque comme cinquième homme et a inscrit le premier but du match. Quelques minutes plus tard, Hughes a claqué son bâton en rentrant au banc, visiblement pas plus heureux. Il a tout de même obtenu deux aides et compte 71 points en 53 matchs cette saison.

En hausse

PHOTO ED MULHOLLAND, USA TODAY SPORTS

Josh Anderson et Vitek Vanecek

Josh Anderson

Il est le seul joueur de son trio qui a été blanchi, mais il était engagé et a obtenu plusieurs tirs dangereux. Il a élevé son niveau de jeu depuis le match des Étoiles.

En baisse

Jonathan Drouin

À son retour au centre, il a connu une soirée très tranquille. En plus de générer très peu d’attaque, il a écopé d’une pénalité.

Le chiffre du match

Le pauvre Alex Belzile a peiné au cercle des mises en jeu. Il en a pris 11 et les a toutes perdues.

Ils ont dit

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

ohnathan Kovacevic (26)

On était dévoués. Je regardais les statistiques des tirs bloqués, on se sacrifiait, on amenait de l’énergie. Les Devils sont bons et rapides, mais ils nous ont donné des chances de qualité et on en a profité.

Johnathan Kovacevic

C’était une excellente passe, il a fait l’entrée de zone et m’a repéré. C’est un cas où il faut donner de l’amour au passeur.

Johnathan Kovacevic, au sujet de la passe de Jesse Ylönen sur son but

J’ai fait de gros arrêts, mais mes coéquipiers ont aussi bloqué plusieurs tirs (NDLR : 28). [David] Savard a même fait un arrêt du bloqueur en troisième période. En Caroline, j’ai donné deux buts sur des échappées du côté du bloqueur. J’ai travaillé beaucoup sur cet aspect ces derniers jours avec Éric [Raymond], donc je suis heureux des résultats.

Samuel Montembeault

Je pense que la personne responsable de compter les tirs ne portait pas toujours attention au match. Je pense qu’on a eu plus [que 18 tirs]. Mais on en a eu des bons !

Martin St-Louis

On a des statistiques là-dessus, et [ce qu’on voit], ça ne ment pas.

Martin St-Louis, au sujet des succès de Rafaël Harvey-Pinard dans les batailles à un contre un