(Sherbrooke) C’est congé d’entraînement pour le Phœnix de Sherbrooke en ce lundi, mais Joshua Roy est un homme occupé. Notre rencontre avec lui dans les gradins du Palais des sports Léopold-Drolet est la deuxième de ses cinq entrevues à l’agenda.

Aussi au menu : du golf intérieur « avec une dizaine d’amis ». Roy semble doué pour la chose, rappelant qu’il a réussi un parcours de 68 l’été dernier, un score atroce au mini-golf, mais assez bon au golf.

Ce n’est pas une mauvaise chose qu’il ne foule pas la patinoire, parce qu’il est « encore sur un nuage », admet-il.

Roy, un espoir du Canadien repêché au 5e tour en 2021, est revenu du Championnat du monde junior à Halifax avec une médaille d’or au cou. En sept matchs, il y a inscrit 11 points, un total que seul un certain Connor Bedard a surpassé au sein de son équipe. La passe décisive qu’il a servie à Dylan Guenther sur le but gagnant du tournoi fait partie de ses 11 points.

« C’est mon plus beau tournoi gagné à vie. L’ambiance, ça n’avait pas de sens ! », lance Roy.

Il participait au Mondial junior pour la deuxième fois. Mais à sa première présence, le tournoi avait été tenu exceptionnellement en été, et le refus des têtes dirigeantes de Hockey Canada de céder leur poste avait fait ombrage à la compétition.

« Cet été, c’était le fun, mais c’était moins suivi. Là, c’était le vrai Mondial junior. À Halifax, on se promenait, tout le monde nous reconnaissait. On était comme des stars. »

Hughes, Poulin et un type au chapeau

Les messages d’encouragement fusent de toutes parts depuis ce jeudi magique.

Le plus gros nom parmi ceux qui l’ont félicité ? « Marie-Philip », rétorque-t-il, sans hésiter. On tient ici pour acquis qu’il parle de la joueuse de hockey, et non pas de la chanteuse.

« On n’a jamais eu de grandes discussions, mais je l’ai rencontrée quelques fois au camp du Canadien », précise Roy.

Parlant du Tricolore, « Francis [Bouillon], Rob [Ramage] et Kent [Hughes] m’ont texté pour me féliciter et me dire que j’avais eu un bon tournoi. Ils avaient l’air heureux ! », estime-t-il.

Le message le plus inusité ? C’était dans ses demandes de message sur Instagram, un truc qu’il ne regarde pas toujours parce qu’il en reçoit « beaucoup ». « Mais ça a adonné que j’ai regardé. »

Il sort son téléphone pour nous montrer le mot d’une personne qui se présente comme Mathieu Landry. « J’avais un chapeau sur la glace pendant les célébrations. La personne qui l’a lancé sur la glace m’a écrit : “Je suis content que t’aimes le chapeau.” Et il a mis une photo de lui avec le chapeau ! »

Polyvalent

Roy s’est aussi fait remarquer parce qu’il a terminé le tournoi comme partenaire de trio de Bedard. « Il est très terre à terre. Tu ne l’entendais jamais parler de ses succès, et il aurait pu en parler, parce qu’il est bon ! C’était le meilleur joueur du tournoi et c’était le fun de jouer avec lui. »

PHOTO DARREN CALABRESE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Connor Bedard, Joshua Roy et le gardien Benjamin Gaudreau

Mais Roy s’est surtout distingué par « sa façon de compétitionner, d’être engagé dans toutes les situations », selon Stéphane Julien, entraîneur adjoint avec Équipe Canada junior, aussi entraîneur-chef du Phœnix. S’il y en a un qui connaît bien Roy, c’est lui.

C’est tout un compliment pour un joueur au parcours tortueux, premier choix au total dans la LHJMQ, dont l’étoile a pâli en raison d’une forme physique pas optimale et de doutes sur son niveau d’engagement. Roy lui-même y allait de ce plaidoyer en 2021 : « Les gens disent que je suis un gars qui est lâche. Je veux changer mon image. Je suis un gars qui peut compétitionner tous les soirs, qui peut travailler. »

C’est exactement ce qu’il a fait à Halifax. Le Beauceron s’est même vu confier des missions en désavantage numérique, un aspect du jeu qui était nouveau pour lui. Et il a livré quelques présences qui ont marqué les esprits.

« Je suis encore proche de mon coach bantam, je l’ai texté : “Si je t’avais dit que dans cinq ans, je vais jouer en désavantage au Championnat du monde, tu ne m’aurais pas cru !” », blague Roy.

Julien a aussi été renversé, une nouvelle fois, par ce que Roy peut accomplir quand ça chauffe, par exemple en prolongation en finale.

« L’an passé, en séries, on avait besoin de gros buts et il marquait. Certains gars serrent le bâton et envoient ça dans le toutou du goaler. Lui, il tire en dessous de la barre horizontale et ça rentre. T’as beau dire aux gars de ne pas stresser avec ça, ça ne se montre pas. Le but en finale, il y en a qui auraient tiré, d’autres qui auraient essayé la passe soulevée par-dessus le défenseur. »

Retour au travail

Aussitôt revenu, Roy repart déjà dans les Maritimes. « Jeudi, on joue au Cap-Breton. Il n’y a pas beaucoup de monde là-bas. Ça va faire changement de passer deux semaines où ça criait tellement qu’on ne s’entendait pas parler au banc ! »

Le prochain objectif sera la Coupe du Président. Le Phœnix est au cœur de la lutte pour le premier rang de l’Association Ouest de la LHJMQ.

Cet objectif était d’ailleurs déjà sur le radar de Roy pendant les festivités à Halifax. Les caméras ont capté un moment touchant, la poignée de main entre Roy et David Spacek, défenseur tchèque qui porte lui aussi les couleurs du Phœnix. Spacek venait de recevoir les félicitations de Tyson Hinds, un autre membre d’Équipe Canada qui joue à Sherbrooke.

Sur la séquence, le fils de Jaroslav Spacek semblait avoir le cœur gros, mais il est maintenant prêt à passer à autre chose.

« On s’est juste dit qu’on voulait revenir ici pour gagner un championnat, raconte Spacek. Je les ai félicités, et on est partis chacun de notre bord. »