(Denver) Il y a souvent une thématique qui revient ces jours-ci dans le monde du CH : cette incapacité à jouer un match entier, au complet, pendant 60 minutes, peut-être plus, si nécessaire.

C’est encore le même film qu’on a vu en ce très froid mercredi soir à Denver, à la différence que cette fois, le film a été tourné en altitude, ce qui représente en soi un énorme défi, comme chacun sait.

Marque finale, en prolongation : Avalanche 2, Canadien 1.

Ce n’est jamais facile de venir jouer ici. J’ai eu à le faire comme joueur et avec l’altitude, c’est pas facile. On n’avait pas assez d’essence dans le réservoir lors de la deuxième période. Cette fatigue, éventuellement, affecte le côté mental des choses…

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

On ne va pas contredire Martin St-Louis sur les défis de l’altitude, bien que l’Avalanche ait tout de même perdu cinq fois ici cette saison, ce qui prouve que ces défis ne sont pas insurmontables. Mais à ce problème d’ordre météorologique s’ajoute l’autre problème, celui des 60 minutes (parfois plus, comme ici), qui revient un peu partout, pas seulement à Denver ; il arrive aussi au Canadien de disputer des moitiés de match au Centre Bell, par exemple.

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Mikko Rantanen et Devon Toews célèbrent le but gagnant de l’Avalanche.

Tenez, mercredi, après une première période de 12 tirs, le CH a enchaîné avec une deuxième période de 4 tirs, et une troisième de 3 tirs.

Comment on explique ça ?

« Je ne le sais vraiment pas, a commencé par répondre Nick Suzuki. Nous avions de l’énergie en première période, et ensuite, c’est disparu lors de la deuxième. C’est comme si on nous avait coupé les jambes à ce moment-là, tué notre rythme…

« Alors on s’est retrouvés un peu à l’extérieur de notre zone de confort. On s’est retrouvés à être épuisés, les trios ont eu du mal à effectuer des changements efficaces, et ça a eu un effet domino vers le bas. »

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Nick Suzuki (14), Samuel Girard (49) et Cole Caufield (22)

Mais tout cela fait sans doute partie des apprentissages pour un club qui, on le rappelle, demeure en période d’apprentissage, malgré les résultats surprenants du début de la saison.

Gagner, ça s’apprend, mais ça s’apprend aussi à la dure, avec des soirées comme celle de mercredi soir, où l’équipe a tout de même pu sortir de l’aréna avec un point de plus en banque. « On a volé un point… si on avait pu récolter deux points, ça aurait été carrément un cambriolage », a d’ailleurs résumé Martin St-Louis avec sa franchise habituelle.

Ainsi, ce voyage difficile, entamé lundi dans le désert de l’Arizona, vient s’amorcer avec une récolte de trois points sur une possibilité de quatre. Avec un peu de chance, ça aurait pu être quatre sur quatre ; juste avant le but de la victoire en prolongation, celui de Rantanen, Jonathan Drouin s’était poussé seul jusqu’au gardien Georgiev, qu’il n’a pu déjouer.

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Ben Meyers et Jonathan Drouin

Et puis, comme ça arrive si souvent à trois contre trois, la rondelle s’est retrouvée de l’autre côté. Avec le résultat que l’on connaît.

« J’étais complètement épuisé une fois en prolongation, a admis le gardien Jake Allen. J’ai pu toucher à la rondelle avec mon bâton, mais… »

Mais la rondelle est allée dans le but.

Ça arrive. Surtout aux équipes comme celle-ci, qui ont du mal à offrir des performances constantes pendant une soirée entière. Ça aussi, ça s’apprend.

En hausse : Jonathan Drouin

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Jonathan Drouin

Un match où l’attaquant québécois a été visible, impliqué dans le jeu et en mesure de provoquer des choses

En baisse : Arber Xhekaj

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Arber Xhekaj (72) et Denis Malgin (81)

Une autre pénalité mineure pour lui, et un geste qui a contribué aux conditions favorables pour l’Avalanche en deuxième période

Le chiffre du match : 1975

L’année du dernier but marqué par un Richard dans la formation du Canadien, Henri… avant le but d’Anthony Richard à Denver

Dans le détail

Un premier but pour Anthony Richard

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Anthony Richard (90) a marqué son premier but en carrière dans la LNH.

Anthony Richard va sans doute se souvenir de ce mercredi soir à Denver pendant toute sa vie. C’est ici, à 1 min 48 s de la première période, que le jeune attaquant du Canadien a marqué son premier but dans la LNH, lorsque parvenu fin seul devant le gardien Alexandar Georgiev. « L’idée, c’était de jouer avec beaucoup de vitesse face à l’Avalanche, a expliqué l’attaquant québécois. J’ai vu la passe, et c’est le genre de jeu que je réussis dans la Ligue américaine. Je dois dire que je suis retourné au banc après ça avec beaucoup d’émotion ! Je reviens de loin, quand même… Ça faisait presque trois ans que j’avais joué mon dernier match dans la Ligue nationale. Alors oui, il y avait de l’émotion… »

Un premier match de Lehkonen face au CH

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Artturi Lehkonen

Après avoir passé six années avec le Canadien, après avoir été échangé ici à Denver le 21 mars 2022, Artturi Lehkonen en était à un premier match face à son ancienne équipe, mercredi soir à l’aréna Ball. Et comme dans tout bon film, l’attaquant finlandais a réussi un coup d’éclat, en marquant le premier but de son club en troisième période. Plus tôt en matinée, Lehkonen avait parlé sans aucune amertume de ses saisons à Montréal, et à son sujet, c’est sans doute Martin St-Louis qui a eu les meilleurs mots. « Je l’ai dirigé assez longtemps pour savoir à quel point un tel joueur peut être important dans une équipe, a dit l’entraîneur montréalais. C’est un gars qui peut jouer partout sur la glace et partout dans la formation, en avantage numérique, en désavantage… Ces joueurs-là sont durs à trouver. » Enfin, quand on lui a demandé si le Canadien misait sur un tel joueur en ce moment, la réponse a été la suivante : « Euh… je ne suis pas sûr. »

Cocktail météo à Denver aussi

Ces jours-ci, de nombreuses villes en Amérique du Nord sont frappées par les joies extrêmes de l’hiver, et Denver ne fait pas exception. On prévoyait un solide – 21 °C dans la nuit de mercredi à jeudi, par ici, et en se rendant à l’aréna Ball mercredi soir, les partisans seulement vêtus d’un chandail de hockey n’avaient vraiment pas l’air de s’amuser. Ce puissant cocktail météo a aussi eu des répercussions jusque dans l’univers du Canadien. Ainsi, en fin de soirée, la neige et le froid ont poussé la direction montréalaise à revoir ses plans. Au lieu de partir pour Dallas tout de suite après la rencontre, le club a décidé de passer la nuit à Denver. L’entraînement prévu à Dallas jeudi après-midi a été annulé.

Ils ont dit

C’est toujours difficile de jouer ici, que ce soit à cause de l’altitude ou pas. On avait pourtant bien commencé le match, mais on vient aussi de récolter trois points sur une possibilité de quatre en début de voyage, alors ce n’est quand même pas si mal.

Jake Allen

L’altitude représente toujours un défi quand on vient ici, mais je pense que je me sentais de plus en plus à l’aise à mesure que ça allait.

Nick Suzuki

Je pense que c’est quand même un gros point qu’on a réussi à récolter sur la route.

Martin St-Louis