(Kanata) Pas besoin de chercher trop loin l’histoire de cette défaite de 3-2 du Canadien à Ottawa.

Sept punitions mineures ont coupé les ailes du Tricolore qui, après un départ canon, n’a plus jamais été le même. Les Sénateurs en ont profité, inscrivant deux de leurs trois buts en avantage numérique. Le retard de 0-3 était trop important pour repartir de la capitale fédérale avec au moins un point.

Voilà pour la base. Maintenant, le CH a-t-il couru à sa propre perte ou a-t-il été victime d’arbitres au coup de sifflet trop leste ?

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Martin St-Louis a choisi son camp. Furieux après la rencontre, l’entraîneur-chef a puisé dans le répertoire de son mentor John Tortorella en retournant, à quatre reprises, une question à un journaliste qui l’avait posée.

« As-tu regardé le match ? », a-t-il chaque fois rétorqué, sèchement. Ajoutant entre autres : « Je pense que tu connais la réponse. »

« On mérite mieux », a-t-il dit pour résumer la performance de ses hommes.

C’est probablement vrai, surtout vu le début de match de son club. Les locaux ont mis 12 min 25 s avant que leur premier tir atteigne le filet défendu par Samuel Montembeault.

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Sam Montembeault (35) et Brady Tkachuk (7)

Puis, avec un peu moins de six minutes à écouler au premier engagement, Arber Xhekaj a écopé d’une punition pour rudesse. Le point de bascule s’est produit à ce moment-là, a estimé St-Louis. « Avant ça, on était partout. »

« Après la première période, on s’est dit que le seul moyen qu’ils [les Sénateurs] reviennent dans le match, ce serait qu’on laisse leur attaque se mettre en marche ou qu’on soit indisciplinés », a témoigné Montembeault après la défaite.

C’est une exacte conjugaison de ces deux facteurs qui a en effet lancé les Sénateurs.

Or, à quel point le Tricolore méritait-il « mieux » ? On peut se poser la question.

Cette punition à Xhekaj, en première, a été écoulée avec succès. Kirby Dach a obtenu un tir dans les secondes suivantes. Les Sénateurs ont néanmoins dominé la fin de l’engagement… et le début du suivant, alors que l’entracte avait théoriquement remis le compteur de « momentum » à zéro.

PHOTO MARC DESROSIERS, USA TODAY SPORTS

Arber Xhekaj (72) met en échec Mark Kastelic (47).

Au retour du vestiaire, en moins de 90 secondes, les Sens ont en effet déjà tiré trois fois au filet et marqué un but – à cinq contre cinq, au fait.

Peut-on lier cette débandade à la punition de Xhekaj ? Le fil est mince.

« Il ne peut pas »

Permettons-nous de répéter la question : le CH méritait-il « mieux » ? Notamment en deuxième période, l’une de ses pires de la saison ?

La réponse n’est toujours pas claire. « On dirait qu’on a passé toute la période en désavantage numérique », a souligné Christian Dvorak, l’un des attaquants les plus sollicités dans cette phase de jeu. De son propre aveu, il aurait préféré garder ses forces pour jouer davantage à cinq contre cinq.

À l’instar de bien des spectateurs, Kirby Dach a été surpris d’être puni pour obstruction après avoir renversé Brady Tkachuk dans une course pour la rondelle. Lui-même a dit, après coup, avoir en tête « d’autres situations similaires » où il s’en serait tiré sans tape sur les doigts. Donnons-lui donc le bénéfice du doute. Il lui est toutefois plus difficile de justifier les deux minutes de pénitence additionnelles dont il a hérité après avoir harangué l’arbitre. On peut facilement imaginer que les officiels ont la mèche plus courte avec les joueurs de 21 ans qu’avec les vétérans qu’ils côtoient depuis des années.

« Il ne peut pas faire ça », a confirmé St-Louis du bout des lèvres.

Ce que ce dernier n’a pas semblé vouloir admettre, c’est que son équipe a été, en partie au moins, l’artisane de son malheur. Il a « adoré » la performance des siens à cinq contre cinq. Il n’empêche que pour la sixième fois en neuf matchs, sa troupe a inscrit un but ou moins dans ces circonstances. Elle a créé peu de chances de grande qualité et n’a pas su les convertir.

En trois occasions, son unité d’avantage numérique a été blanchie, n’obtenant que trois tirs. Ici, le refrain est connu.

De toute manière, puisque c’est le thème de la soirée, ce n’est pas comme si toutes les punitions de la rencontre avaient été tirées par les cheveux. Malgré une performance qui aurait pu se solder par une victoire, le travail des arbitres est ainsi devenu l’arbre qui cachait la forêt.

Des matchs comme ceux-là renforcent l’importance pour les joueurs de « contrôler leurs émotions », a encore dit St-Louis.

« C’est dur », a-t-il avoué.

C’est parfois difficile pour l’entraîneur aussi, aurait-il pu ajouter.

En hausse

Christian Dvorak

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Christian Dvorak (28) festoie après son but marqué en troisième période.

Il a été sollicité à outrance en désavantage numérique (plus de cinq minutes). C’est en outre son tir superbe qui a réduit l’écart à un seul but.

En baisse

Kirby Dach

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Kirby Dach (77) déjoue Cam Talbot (33) en troisième période.

Son but a redonné vie au Canadien, mais on retient surtout ses trois punitions mineures, dont une pour avoir enguirlandé l’arbitre.

Le chiffre du match : 6

Dans un match aux coups d’épaules multiples, Arber Xhekaj et Michael Pezzetta ont chacun asséné six mises en échec.

Dans le détail

Marqueront-ils un jour ?

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Jake Evans (71)

Posté dans l’enclave à mi-chemin en première période, Jake Evans reçoit une passe parfaite de Christian Dvorak depuis l’arrière du filet. Son tir à bout portant est arrêté. Le pauvre numéro 71 lève les yeux au ciel… En deuxième, Jonathan Drouin est pratiquement seul devant Cam Talbot, mais reçoit un coup de bâton qui l’empêche de tirer comme il l’aurait voulu… En début de troisième, Joel Armia se moque complètement de Jake Sanderson, sert une habile feinte à Talbot, puis la rondelle, tirée du revers, termine sa course sur le poteau. La guigne semble s’acharner sur les trois seuls attaquants du Canadien toujours privés de but cette saison. Les voici maintenant, ensemble, à 60 matchs sans avoir marqué. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, noterons-nous néanmoins. Dans une rare remarque qui ne concernait pas les punitions, Martin St-Louis a mentionné que Drouin, à son retour au jeu après avoir raté 13 rencontres, avait disputé « un très bon match ».

Talbot préfère décembre

PHOTO MARC DESROSIERS, USA TODAY SPORTS

Cam Talbot

L’arrivée de Cam Talbot à Ottawa n’a pas été des plus harmonieuses. Une blessure subie au camp d’entraînement lui a coûté le premier mois de la saison. Puis, à l’instar de son équipe (4-9-1), il a trouvé novembre interminable. Voilà toutefois que l’air glacial qui souffle sur Kanata, perle de l’Est ontarien, semble le revigorer. Depuis qu’il a ouvert la première case de son calendrier de l’avent, Talbot a signé quatre victoires en cinq départs. Et il n’a concédé que quatre buts à ses trois derniers matchs. Les Sénateurs sont encore loin de la terre promise, surtout avec leurs deux premiers joueurs de centre coincés à l’infirmerie, mais des performances inspirées de leur gardien numéro un pourront leur permettre d’espérer une remontée au classement.

Mieux vaut tard que jamais

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Lucchini lors du début du camp d’entraînement du Canadien en 2021.

Les partisans du Rocket de Laval devaient avoir les yeux humides en regardant Jake Lucchini faire le tour de la patinoire seul avant ses coéquipiers pendant la période d’échauffement. L’attaquant de 27 ans a disputé, mercredi, son tout premier match dans la LNH, après très exactement 200 matchs de saison dans la Ligue américaine. Ses droits ont momentanément appartenu au Canadien, après une transaction mineure conclue avec les Penguins de Pittsburgh en 2020. À son baptême de la LNH, Lucchini a offert une performance honnête, passant presque 11 minutes sur la glace. Bien que l’entraîneur-chef D. J. Smith ait eu de bons mots pour Lucchini avant la rencontre, des partisans semblaient dubitatifs, sur les réseaux sociaux, devant le choix de l’organisation d’avoir rappelé ce vétéran des ligues mineures plutôt qu’Egor Sokolov, espoir offensif du club et meneur des Senators de Belleville cette saison.