Avec 21 matchs derrière lui, le Tricolore a conclu le premier quart de sa saison 2022-2023. À la surprise plus ou moins générale, l’équipe se retrouve en milieu de peloton à l’échelle de la LNH. Qui sont les élèves les plus méritants à ce stade-ci ? La Presse propose son premier palmarès de la campagne.

Les premiers de classe

Nick Suzuki

Un choix évident. Certains observateurs pouvaient légitimement se demander si le « C » cousu à son chandail affecterait sa production offensive, mais Suzuki s’est rapidement chargé de faire taire toutes les inquiétudes à son sujet. Il domine son club avec 12 buts en 21 matchs, un rythme de 47 buts sur une saison complète. Il est en outre parmi les meilleurs pointeurs de la ligue à cinq contre cinq. Tout lui sourit.

Cole Caufield

Cette saison est en quelque sorte celle de la consécration. Ses talents de marqueur sont connus depuis longtemps, mais ils se sont manifestés uniquement en deuxième moitié de parcours l’an dernier. Il a amorcé la présente campagne sur les chapeaux de roues, affichant une plus grande polyvalence que par le passé. Il est, pour l’heure, le complément parfait à Suzuki.

Kirby Dach

Beaucoup de questions précédaient son arrivée à Montréal, et ses premiers matchs dans l’uniforme bleu-blanc-rouge n’ont pas fourni les réponses souhaitées. Un puissant déclic s’est toutefois exercé depuis qu’on l’a muté à l’aile du premier trio. La logique voudrait qu’on lui redonne sa chance au centre, mais à court terme, le Canadien n’a pas de raison de changer une formule gagnante.

Les grands travailleurs

David Savard

Dans la distribution des étoiles pour services rendus, le nom du défenseur québécois arrive logiquement en tête. Savard bloque des tirs, travaille d’arrache-pied, ne se plaint jamais. Son principal défaut est toutefois indépendant de sa volonté. Le manque de profondeur chez les défenseurs droitiers le place de facto sur le premier duo. Neuf fois sur 21, il a disputé 23 minutes ou plus dans un match. À 32 ans, et vu son profil, c’est trop.

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David Savard

Brendan Gallagher

Mettons de côté son salaire trop élevé pour un instant. Gallagher est, et de loin, l’attaquant du Tricolore qui obtient le plus de chances de marquer de qualité à cinq contre cinq. Il est sur la glace pour plus de buts attendus que Cole Caufield, qui est par ailleurs le seul à avoir décoché plus de tirs que le vétéran de 30 ans. Ses saisons de 30 buts, même de 20, sont derrière lui. Mais il demeure une menace évidente.

Joel Edmundson

Il a seulement disputé les 11 derniers matchs, mais a immédiatement été soumis à de lourdes responsabilités. Il dispute, soir après soir, 3 min 45 s en moyenne en désavantage numérique. Son différentiel de - 5 serait inquiétant sur papier, mais il importe de rappeler qu’il a été privé de camp d’entraînement. Le bulletin de mi-saison pourrait être plus sévère si ses indicateurs défensifs ne se redressent pas.

Les beaux jeunes

Kaiden Guhle

Il est jusqu’ici la recrue par excellence chez le Canadien. La raison en est bien simple : on lui confie des responsabilités de vétéran, et il réussit à s’acquitter de la tâche. Il demeure que, dans son cas, le test de l’œil lui est plus favorable que la réalité des statistiques. Le duo qu’il a formé avec Savard pendant 19 matchs a constamment affronté le meilleur trio adverse, ce qui a entraîné beaucoup de temps en zone défensive. Les signes sont néanmoins encourageants, et le meilleur est encore à venir.

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Kaiden Guhle

Juraj Slafkovsky

Le gros ailier de 18 ans apprivoise encore le jeu nord-américain, et on lui donne tout le temps nécessaire pour le faire. On limite ses tâches à cinq contre cinq, phase de jeu où il peine encore, et on augmente peu à peu ses responsabilités en avantage numérique. Il ne sera pas candidat au trophée Calder, et ce n’est pas plus mal. Il demeure un projet à moyen, voire à long terme.

Johnathan Kovacevic

Celui qui était perçu comme un défenseur à caractère offensif dans la NCAA puis dans la Ligue américaine se démarque davantage par son travail défensif dans la LNH. Un travailleur honnête qui, dans un rôle de soutien, n’est pas vilain du tout, en plus de contribuer à écouler les pénalités. Le fait qu’il soit droitier pourrait jouer à son avantage dans l’organigramme du CH.

Les heureuses surprises

Sean Monahan

Sa carrière était dans un cul-de-sac chez les Flames de Calgary. Décidé à prouver sa valeur, Monahan est devenu un couteau suisse pour le Canadien, qui l’utilise dans toutes les phases de jeu. Ses 14 points sont légèrement gonflés par ceux qu’il a accumulés dans un filet désert (3), mais cela confirme en quelque sorte la confiance qu’on lui accorde dans les situations délicates. Il pourrait générer un peu plus à cinq contre cinq.

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Sean Monahan

Arber Xhekaj

La direction le voyait dans sa soupe avant qu’il ne rejoigne le club. Ce sont aujourd’hui les partisans qui aiment plus que tout ce colosse aux patins de soie. Son apport offensif était inattendu — déjà six points —, et il est désormais celui qui impose le respect dans sa zone. Deux petites ombres au tableau : ses adversaires obtiennent beaucoup de chances de marquer lorsqu’il est sur la glace, et il écope de nombreuses pénalités mineures.

Samuel Montembeault

La direction et le personnel d’entraîneurs répètent que Jake Allen est le gardien de but numéro 1 de l’organisation. Il est trop tôt pour dire si ça a changé, mais Montembeault vient de se voir confier deux départs de suite, et ce n’est pas un hasard. Ses statistiques sont largement supérieures à celles d’Allen — en fait, son taux d’efficacité est parmi les meilleurs de la ligue. Puisqu’il a obtenu à peine plus du tiers des départs (8/21), il devra maintenant faire preuve de constance s’il veut obtenir encore plus de glace.

Mike Hoffman

Respirez profondément. Oui, il y a le Mike Hoffman qu’on connaissait, souvent invisible, qui a obtenu 2 points à ses 10 premiers matchs. Or, il y a aussi eu sa version plus impliquée, qui a ajouté 6 points à ses 6 derniers matchs avant de se blesser. Qui est le vrai Mike Hoffman ? Il s’agit d’un mystère dont on doute qu’il sera un jour résolu. Il n’en demeure pas moins que le Canadien, lorsque Hoffman est sur la glace, obtient des chances et en concède peu à l’adversaire. Le vétéran semble avoir trouvé une niche à la gauche de Christian Dvorak. À suivre à son retour en santé.

Ils peuvent faire mieux

Josh Anderson

Le refrain est bien connu. Les soirs où il est au sommet de sa forme, cet attaquant de puissance fait rêver les autres équipes de la LNH. Les soirs où ça ne tourne pas rond, il est complètement effacé. Seulement 2 points à ses 10 derniers matchs. Il cherche toutefois à tirer davantage au filet, une nécessité dans son cas.

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Josh Anderson

Christian Dvorak

Dvorak est dans l’inconfortable position de celui qui est plutôt bon dans tout, sans exceller dans rien. Sa production offensive est en deçà de son rythme des dernières années. Le duo qu’il forme avec Brendan Gallagher depuis le début de la saison obtient des chances, mais peine à conclure.

Jordan Harris

Ce n’est pas tant une posture éditoriale qu’un constat de l’utilisation qu’en fait son entraîneur. Martin St-Louis a récemment annoncé qu’il mettait en place une rotation sur le troisième duo en défense, qui serait gérée notamment en fonction de la qualité des adversaires. Depuis, Harris a sauté son tour pour trois matchs sur quatre, chaque fois contre des équipes de fond de classement. Personne ne tomberait de sa chaise s’il allait faire un tour dans la Ligue américaine.

Les tristes surprises

Jake Allen

Ce n’est rien qui ne se corrige pas. Mais Jake Allen a connu un premier quart très difficile. Ses statistiques sont parmi les pires chez les gardiens ayant amorcé au moins 10 matchs. Il semble moins solide que l’an dernier. Il est toutefois adoré dans le vestiaire, et d’aucuns voudront l’aider à retrouver le droit chemin.

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Jake Allen

Jake Evans

Ses 29 points en 72 matchs, la saison dernière, laissaient entrevoir des jours heureux. Or, cet automne, c’est la panne sèche. Deux petites mentions d’aide en 21 rencontres. À sa défense, il n’a connu à peu près aucune stabilité sur son trio. Il demeure néanmoins que, même sur une quatrième unité, un joueur de centre devrait fournir un minimum de production offensive. À ce rythme, il peinera à engranger 10 points.

Evgenii Dadonov

Que les Golden Knights de Vegas l’aient largué au Canadien pour acquérir un joueur blessé (Shea Weber) en disait long sur l’évaluation qu’on faisait de lui. L’attaquant russe venait néanmoins de dépasser les caps des 20 buts et des 40 points dans le désert. Le voilà avec un seul but et une mention d’aide en 17 rencontres avec le CH. On parlait de lui comme d’une monnaie d’échange potentielle cet hiver. On se demande désormais qui en voudrait.

Ils ne surprennent plus personne

Joel Armia

On voulait bien croire que sa décevante campagne précédente était un accident de parcours. Or, l’étoile de Joel Armia semble s’être éteinte. Aucun point en 10 matchs, alors qu’il obtient pourtant des présences en avantage numérique. Il peut toujours se camper dans un rôle strictement défensif. Ce n’est pas idéal pour un joueur qui gagnera 3,4 millions pour encore deux autres saisons complètes.

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Joel Armia

Chris Wideman

Doyen en défense et vétéran apprécié de tous ses coéquipiers, Wideman a signé un contrat de deux ans l’été dernier. Terminera-t-il même la première année de cette entente dans la LNH ? Rien n’est moins sûr. Il a été laissé de côté 9 fois à ses 11 derniers matchs.

Jonathan Drouin

Autre saison, autre blessure. Le sort semble s’acharner sur le Québécois. Ses déboires vont toutefois plus loin. Trois fois, déjà, il a été laissé de côté par son entraîneur, et il est l’un des attaquants du club les moins employés à cinq contre cinq. La présente saison semble quasi inévitablement sa dernière à Montréal.

Ça n’a pas été facile

Michael Pezzetta

Son entraîneur et ses coéquipiers n’ont que de bons mots pour lui. Un soldat fidèle, bourreau de travail à l’entraînement, prêt à tout donner pour son équipe. Mais appartient-il à la LNH ? On se permet d’en douter. Dans un club qui n’a rien des Oilers d’Edmonton des années 1980, on lui confie moins de 9 minutes de jeu par rencontre.

Rem Pitlick

Son renvoi au Rocket de Laval résume assez bien l’évaluation que l’organisation fait de lui. Ses succès offensifs de l’an dernier ont camouflé des carences, exposées au grand jour cette saison. Malgré son bas salaire, aucune équipe ne l’a réclamé lorsqu’il a été placé au ballottage.

Nous avons volontairement exclu Mike Matheson de ce bulletin, puisqu’il a disputé seulement 4 des 21 matchs de son équipe. Par ailleurs, toutes les statistiques à cinq contre cinq proviennent du site Natural Stat Trick.