(Winnipeg) Ça se passait en plein milieu du match. Après un sifflet, l’attaquant des Jets Saku Mäenalanen s’en est pris à Arber Xhekaj. Le même Xhekaj qui compte déjà quelques K.-O. à sa fiche. Qui pourrait écraser un ballon de basketball avec une seule main. Qui, disons-le, a intérêt à régler un conflit quelque part dans le monde s’il veut gagner le prix Nobel de la paix, parce qu’il n’y arrivera pas sur une patinoire.

Bref, même si Xhekaj peut très bien se défendre tout seul, Joel Edmundson s’est rué sur Mäenalanen. Ça a bien amusé les journalistes sur la passerelle du Canada Life Centre et on a appris après le match qu’on n’était pas seuls à avoir rigolé un peu.

« J’ai dit à Eddy : “Ça va, je suis correct !”, a relaté Xhekaj, en rigolant. Mais je ne peux pas l’empêcher de faire ce qu’il fait. Et je pense qu’il avait vraiment hâte de recommencer à jouer. »

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L’humeur était somme toute joviale dans le vestiaire du Canadien, jeudi soir, étant donné que cette équipe venait de perdre 3-2 en prolongation face aux Jets.

Le CH n’a pas été impeccable, loin de là. L’indiscipline lui a fait mal, le jeu s’est passé davantage en zone du Tricolore qu’en zone ennemie et certains attaquants ont été d’une grande discrétion.

Mais le retour d’Edmundson faisait partie des sources de réjouissance pour les joueurs, et il retenait l’attention bien plus que tout détail mal exécuté.

PHOTO JAMES CAREY LAUDER, USA TODAY SPORTS

Samuel Montembeault (35) regarde derrière lui après s’être fait déjoué par Kyle Connor.

Ce coéquipier grandement apprécié, hautement respecté, vient de trimer dur pour retrouver le groupe après qu’une blessure au dos l’eut fait rater le début de la saison. Ce même Edmundson avait été limité à seulement 24 matchs l’an dernier, également en raison de problèmes de dos.

« Tu peux faire ce que tu veux à l’entraînement, tu ne peux pas blesser tes coéquipiers. C’était bien de donner des coups d’épaule, a commenté Edmundson. C’est une des choses qui m’a le plus manqué du hockey. Je suis content d’avoir joué, j’ai seulement joué 25 matchs depuis deux ans. Je voulais me mettre dans le match, planter un gars dans la bande ! »

En Edmundson, le capitaine Suzuki retrouvait aussi un de ses assistants. « C’est formidable qu’il soit de retour dans le vestiaire et sur la glace. C’est un bon meneur, il bloque des tonnes de tirs. C’est bien de le revoir. »

On a vite vu ce qui fait de lui un coéquipier estimé. Sa défense de Xhekaj était peut-être anecdotique, mais il s’est aussi rué sur Sam Gagner après que ce dernier eut tenté un coup de bâton de trop sur le gardien Samuel Montembeault.

« Surtout après les arrêts de jeu, s’il arrive quoi que ce soit, on a plus de gros bonshommes, comparé à l’an passé. On sait qu’on va répliquer et qu’on ne se laissera pas faire », a résumé Montembeault.

Suzuki était ravi du retour d’Edmundson, mais aussi de la sublime passe que lui a servie Cole Caufield pour préparer le premier but du match.

PHOTO MATT BLEWETT, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14)

« En plus, Cole a dit qu’il l’a faite entre ses jambes ! Je n’avais pas remarqué, mais je me souviens juste d’avoir reçu la passe pour déjouer leur défenseur. Martin [St-Louis] adore ce jeu et il rappelle toujours aux gars de le faire », a noté Suzuki.

Mais au-delà de ces détails, le fait de rentrer à Montréal avec une fiche de 2-1-1 au cours de ce voyage dans les quatre perles de l’Amérique que sont Buffalo, St. Louis, St. Paul et Winnipeg constitue un exploit pour une équipe qui était donnée pour morte quelque part vers la deuxième semaine de juillet.

Ç’aurait été le fun avoir le point de plus ce soir. Mais je regarde le portrait global, je suis content de l’effort des gars.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

St-Louis revient souvent avec l’idée du processus qui a préséance sur les résultats. Mais comme tout entraîneur, il se laisse parfois emporter quand les résultats sont au rendez-vous.

À défaut d’avoir obtenu un résultat jeudi soir, le CH en a obtenu un au cours de ce voyage. Et ça ne s’est pas fait aux dépens du sacro-saint processus. Edmundson a clairement compris l’importance dudit processus.

Pour lui, c’était une des raisons de sourire après le match.

« On est dans le coup à chaque match. Je n’aurais pas pu dire ça l’an passé, a rappelé le numéro 44. Mais on se bat tous les soirs. On est très jeunes. La cohésion du vestiaire se transporte sur la patinoire. Si tu peux avoir le contrôle dans le vestiaire, ça paraît sur la patinoire. Je ne suis pas surpris. On est une équipe excitante à regarder. »

En hausse : Samuel Montembeault

Le gardien aurait mérité la victoire, surtout après avoir frustré Mark Scheifele dans les premiers instants de la prolongation. Son bon début de saison se poursuit.

En baisse : Rem Pitlick

Dans un contexte de surplus d’attaquants, ce type de match, où il se fait remarquer pour deux punitions de bâton et pas grand-chose d’autre, est à éviter.

Le chiffre du match : 10

Arber Xhekaj a distribué 10 mises en échec. Depuis que la LNH a commencé à compiler cette statistique, en 2003, c’est la septième fois qu’un joueur du CH atteint la dizaine. Le record d’équipe, de 13, appartient à Charles Hudon.

Dans le détail

La saga se poursuit

Le retour de Joel Edmundson aurait dû être la principale histoire du jour chez le Canadien, mais il a été quelque peu relégué dans l’ombre par le dossier Evgenii Dadonov, qui devient plus étrange de jour en jour. Jeudi midi, l’ailier russe a été inscrit sur la liste des blessés, rétroactivement au 31 octobre, toujours en raison du fameux virus qui explique, selon l’équipe, pourquoi il n’a pas chaussé les patins lundi ni mardi. Sauf que Dadonov a participé aux entraînements de mercredi et de jeudi, en compagnie de ses coéquipiers. En plaçant Dadonov sur la liste des blessés, le Tricolore maintient sa formation à 23 joueurs, ce qui lui évite de céder un joueur à Laval ou d’en soumettre un au ballottage. Dadonov sera admissible à un retour au jeu mardi. Kent Hughes a donc quatre jours pour trouver une solution à son surplus de joueurs.

Un effet inattendu

C’est Chris Wideman qui a dû céder sa place pour permettre le retour d’Edmundson, ce qui signifie qu’il y avait des minutes de jeu à redistribuer en avantage numérique. Surprise, c’est Arber Xhekaj qui en a hérité. Une fois que la première unité-composée de cinq attaquants-a quitté la patinoire, Xhekaj s’est amené à titre d’unique arrière de la deuxième vague. Ce n’est toutefois pas ce matin qu’on vous analysera ses forces et faiblesses à la pointe, puisque face à des Jets disciplinés, le CH a obtenu un seul avantage numérique complet. Kaiden Guhle et Justin Barron (à Laval) sont probablement les deux défenseurs les mieux outillés pour l’avantage numérique, parmi les jeunes arrières. Xhekaj dit avoir joué en avantage numérique seulement à sa dernière saison dans le junior. « Tu ne peux pas savoir ce que t’as tant que tu ne l’essaies pas, a expliqué Martin St-Louis après le match. Mais il n’a pas eu l’air d’un gars qui n’était pas à sa place. »

Connor brise – enfin – la glace

Kyle Connor ne connaît pas le début de saison espéré. Le franc-tireur comptait en effet un seul but depuis le début de la saison, et c’était dans un filet désert. En marquant le filet de la victoire, en prolongation, il a donc déjoué un gardien pour la première fois, à son 10e match. Tôt ou tard, ça allait finir par rentrer pour l’Américain, et on ne l’accusera pas de ne pas avoir essayé. Il a marqué sur ce qui était son sixième tir du match, et sa 12e tentative de tir. Lui et Pierre-Luc Dubois ont été les meilleurs attaquants dans le camp victorieux.