Le surprenant début de saison du Canadien ne fait pas seulement des heureux.

Certains partisans s’inquiètent de voir l’éventualité de choisir à nouveau au premier rang en 2023 s’envoler au gré des victoires de l’équipe.

D’abord, la saison est encore très jeune. Seulement deux points séparent les détenteurs du onzième rang, les Flames de Calgary, et les Sénateurs d’Ottawa, vingt-cinquièmes. Le Canadien est à égalité avec onze équipes en vertu de sa fiche de 5-4.

Il importe surtout de rappeler ici les bases sur lesquelles repose une reconstruction réussie. Gagner des matchs avec une bande de vétérans au détriment des jeunes, sacrifier des choix et des espoirs pour des solutions à court terme, peuvent constituer des entraves à une reconstruction réussie.

Mais placer des jeunes dans des positions névralgiques (s’ils en sont capables), développer chez eux de bonnes habitudes de travail, d’excellentes bases collectives, apprendre à gagner, valent beaucoup plus que l’espoir hypothétique de repêcher premier ou deuxième.

Rappelons d’ailleurs que les trois jeunes piliers autour desquels la reconstruction repose, Nick Suzuki, Cole Caufield et Kaiden Guhle, ont tous été repêchés entre le 13e et le 16rang.

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Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky

En 2017, Nico Hischier a été choisi premier et Suzuki treizième ; Jack Hughes a constitué le premier choix en 2019 et Caufield le quinzième ; enfin Alexis Lafrenière a été repêché au premier rang en 2020 et Kaiden Guhle au 16e. Montréal serait-il dans une position nettement plus favorable avec Hischier, Hughes et Lafrenière à la place de Suzuki, Caufield et Guhle ?

Il y a évidemment des espoirs d’envergure disponibles en 2023 : Connor Bedard, Adam Fantilli, Matvei Michkov, entre autres. Mais faut-il demander aux jeunes joueurs du Canadien et à leurs mentors de jouer de la mauvaise façon pour espérer obtenir un Bedard ou un Fantilli ? Non, pour les raisons énumérées ci-haut, et aussi parce que rien ne garantit de remporter la loterie avec les règles actuelles.

Il y aurait lieu de maudire les victoires du CH si ce club était tiré par Mike Hoffman, Christian Dvorak, Chris Wideman, Evgenii Dadonov et Jake Allen.

Mais les deux premiers compteurs de l’équipe, Caufield et Suzuki, ont 22 et 23 ans. Le nouveau membre de leur (premier) trio, Kirby Dach, 21 ans, a cinq points en neuf matchs, dont quatre à ses six dernières rencontres.

Caufield pointe même au deuxième rang de buteurs de la LNH avec sept buts, derrière Connor McDavid, à neuf. Juraj Slafkovsky commence à se dégêner avec deux buts en deux matchs.

Deux des trois défenseurs les plus utilisés par l’équipe, Guhle et Jordan Harris, ont 20 et 22 ans. Guhle joue en moyenne 21 : 14 et Harris 20 : 46 derrière l’excellent mentor David Savard. Les deux jeunes hommes ont obtenu trois points jusqu’ici, sans participer activement aux supériorités numériques (Guhle commence à peine à obtenir sa chance) et Harris mène l’équipe à +6.

Devant le filet, Samuel Montembeault, considéré comme un jeune gardien à 26 ans (il fêtait son anniversaire dimanche) selon les standards de la LNH, constitue une révélation lui aussi en ce début de saison avec une fiche de 2-1, une moyenne de 2,32 et un taux d’arrêts de ,931.

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Samuel Montembeault

Les Sabres, les Panthers et les Oilers ont mis un temps fou à prendre leur envol (le succès n’est pas encore confirmé à Buffalo malgré de belles promesses) parce qu’ils ont été incapables d’instaurer une culture gagnante pendant plus d’une décennie malgré une flopée de hauts choix.

Oui, quelques choix parmi les deux ou trois premiers ne sont jamais de refus. Les Penguins, les Blackhawks, l’Avalanche et le Lightning peuvent le confirmer. Mais pas à n’importe quel prix non plus.

De toute façon, la saison est extrêmement jeune. Montréal est à deux points du troisième rang au classement général, mais à deux points aussi… du 25rang.

Il y aura les blessures, les passages à vide, la fatigue des voyages éreintants, autant d’aspects encore plus incommodants pour les clubs moins matures.

Continuons à apprécier cette équipe au jour le jour, en se réjouissant des progrès des jeunes, sans se laisser envahir par des idées de grandeur…

Les choix de deuxième ronde continuent de produire

Le passé nous a appris à être prudents avec les choix au repêchage. Du succès dans les ligues mineures ne garantit pas une grande carrière dans la LNH. Mais à choisir, on préfère évidemment voir les jeunes produire à leurs niveaux respectifs. Ainsi, les deux plus récents choix de deuxième ronde du CH, le centre Owen Beck (33e) et le défenseur Lane Hutson (62e), connaissent un bon départ.

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Owen Beck

Après avoir épaté au camp d’entraînement, et mérité un contrat de trois ans, Beck, un centre droitier de 5 pieds 11 et 191 livres, le jeune homme a amassé 14 points, dont 7 buts, en 10 matchs à Mississauga, dans la Ligue junior de l’Ontario. Il a aussi remporté 59 % de ses mises en jeu. Il a douze points à ses six dernières rencontres, après en avoir obtenu 51 en 68 parties l’an dernier.

Hutson aurait été repêché en première ronde s’il avait été plus grand. On n’amasse pas 63 points en 60 matchs au sein de programme de développement américain en étant dénué de talent. Mais les défenseurs de 5 pieds 8 pouces n’ont pas encore la cote dans la LNH.

Hutson a pris un pouce depuis. Et comme un Cole Caufield avant lui, il n’a pas été intimidé à ses débuts dans la NCAA. Et même s’il n’évolue pas à l’attaque, ce défenseur explosif vient au deuxième rang des compteurs de Boston University avec huit points en sept matchs, après avoir marqué les deux buts de son équipe samedi. C’est franchement impressionnant pour une recrue de 18 ans.

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