(Brossard) Jake Allen a bien conscience que les chances qu’il soulève la Coupe Stanley avec le Canadien d’ici 2025 sont minces.

Ce n’est pas dans cet objectif qu’il a signé une prolongation de contrat de deux ans, samedi matin, avant même que ne s’amorce la dernière saison de son entente actuelle. Il empochera 3,85 millions en 2023-2024 et 2024-2025, ce qui constitue une augmentation salariale de près de 1 million par saison.

À 32 ans, Allen a pris la décision de demeurer au sein d’une équipe en reconstruction. À la fin de son contrat, il aura 35 ans. Le cerbère aime ce que la nouvelle administration du Tricolore tente de bâtir ; il veut « vraiment » faire partie du processus, a-t-il insisté. Et il est prêt à composer avec tout ce que cela suppose.

« Je comprends que je ne serai pas ici pour toujours, mais en même temps, j’aimerais être un des blocs à la base de ce processus, a-t-il expliqué. Quand je serai à la retraite, que cette équipe sera bonne pour plusieurs années, j’aimerais dire que j’ai été une des pièces qui a permis de commencer à bâtir le casse-tête. »

J’ai eu cette chance de gagner [avec les Blues en 2019], mais je veux voir ces gars-là gagner dans le futur.

Jake Allen

D’abord acquis des Blues de St. Louis comme substitut en 2020, Allen est devenu la saison dernière le gardien de confiance de l’organisation en raison des ennuis de santé de Carey Price.

Maintenant qu’on sait que Price ratera sans doute toute la prochaine saison et que sa carrière est probablement terminée, Allen est officiellement le premier gardien de l’organisation. Le principal intéressé s’est toutefois montré très clair : il ne remplacera « jamais » Carey Price.

« Je ne remplirai pas ses souliers : je n’ai pas le talent et le jeu de Carey. Mais j’ai mon propre jeu. J’ai bâti ma carrière avec de la constance. Les dernières années ont été bonnes pour moi et je vais continuer dans ce sens. Je n’essaierai pas d’être quelqu’un que je ne suis pas. Je vais seulement être moi. »

Allen aurait très bien pu attendre à la fin de la saison 2022-2023 avant de s’engager pour deux autres campagnes, mais « le gazon n’est pas toujours plus vert ailleurs », a-t-il rappelé deux fois plutôt qu’une.

Montréal est d’ailleurs « proche de la maison », au Nouveau-Brunswick, a-t-il noté. « J’ai deux jeunes enfants, et un troisième en route. Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. Pas juste le hockey. Pour moi, le facteur vie est aussi important que le facteur hockey. »

Mentor

Jake Allen est l’un des joueurs les plus âgés du Tricolore. Au sein d’une équipe qui comptera de nombreux jeunes joueurs cette saison, particulièrement en défensive, le cerbère accepte très bien le rôle de mentor qui s’imposera de lui-même. Il devra aussi veiller à développer la relève devant le filet, tout en aidant les jeunes à bien s’en tirer.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Allen (à droite), en conversation avec les jeunes Cayden Primeau et Samuel Montembault lors d’un entraînement en janvier 2022.

« Au bout du compte, tu es sur la patinoire seulement pour deux heures pour un match. Il y a plus de travail à faire en dehors de la patinoire que sur la patinoire. […] Aider les jeunes joueurs, ça fait partie de mon rôle et de celui de tous les vétérans dans le vestiaire, même si la plupart [des jeunes] ont plus de talent que nous tous mis ensemble. Mais il y a plus que le talent que tu dois ajouter à ta boîte à outils. »

Martin St-Louis, avec son calme habituel, a illustré de belle façon le rôle d’un vétéran comme Allen, qui a décidé de demeurer fidèle au Canadien dans le processus de reconstruction.

J’ai lu cette citation l’autre jour et elle a vraiment résonné en moi : “Vous avez besoin de gars qui sont prêts à planter des arbres en sachant qu’ils ne resteront jamais à l’ombre”. Jake, c’est ça.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

« [D’abord], [Jake] est une excellente personne. C’est du monde comme lui que tu veux avoir dans ta culture. [Ensuite], c’est un excellent gardien. Il amène plus que d’arrêter des rondelles. C’est un leader, un très bel exemple pour les jeunes. »

Allen recevra 3,9 millions en salaire et 500 000 $ en boni de signature en 2023-2024, puis 2,3 millions en salaire et 1 million en boni de signature la saison suivante. Il a aussi une clause partielle de non-échange à sept équipes en 2023-2024, qui passe à trois équipes en 2024-2025.

La saison dernière, il a disputé 35 parties, maintenu une moyenne de 3,30 et un pourcentage d’arrêts de 90,5 %.