On ne pourra jamais reprocher à un jeune joueur son optimisme. Surtout s’il s’agit déjà d’un leader de l’équipe et peut-être d’un futur capitaine.

Aussi ne fallait-il pas s’attendre à ce que Nick Suzuki aborde la saison avec défaitisme malgré la phase de reconstruction amorcée par la nouvelle administration du Canadien.

« Nous allons surprendre les gens cette année, nous avons beaucoup de profondeur, a-t-il déclaré lundi au quotidien The Gazette. On nous sous-estime. Ce qui n’est pas une mauvaise chose. Je suis fébrile à l’idée de faire mentir les gens. »

Suzuki n’a pas précisé sa pensée. Évoquait-il la possibilité de se qualifier pour les séries ? De chauffer les équipes de tête ? Heureusement, sa notion de surprise demeure vague.

Il ne faudrait pas, justement, gonfler les attentes. Des saisons prodigieuses demeurent toujours possibles, mais se produisent rarement.

Regardons cette formation avec objectivité. Avec l’absence de Carey Price, l’équipe se retrouve sans gardien numéro un. Jake Allen, 32 ans, a été acquis à titre d’auxiliaire et le demeurera. Samuel Montembeault a rendu de fiers services à l’équipe l’hiver dernier, mais demeure inexpérimenté.

La défense sera sans doute constituée de Michael Matheson, Joel Edmundson, David Savard, Chris Wideman et des jeunes Jordan Harris, Justin Barron et Kaiden Guhle. Aucun des quatre vétérans ne peut prétendre au titre de défenseur de première paire ; ils se rapprochent d’une troisième paire au sein d’un club redoutable. On ne pourra pas demander aux recrues Harris, Barron ou Guhle de tirer cette défense.

Il y a une certaine profondeur à l’attaque, il est vrai. La compétition pourrait même être vive pour certains vétérans selon les performances de Juraj Slafkovsky au camp d’entraînement. Suzuki semble espérer compter sur le premier choix au total au sein de son trio pour entamer la saison.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Juraj Slafkovsky

« On s’est entraîné ensemble ces dernières semaines, a-t-il confié à The Gazette. On a appris à se connaître. Sur la glace, il est beaucoup plus costaud que je ne le croyais. Il fait les bonnes choses. Il aime aussi passer la rondelle, pas seulement tirer. Il fonce au filet. Il serait un bon complément [pour notre trio]. Il faudra bien jouer ensemble pour Marty [Martin St-Louis] pour être sur le même trio, alors on verra ce que l’avenir nous réserve. »

Suzuki représente une valeur sûre au centre du premier trio, tout comme Christian Dvorak sur une unité plus défensive, et Jake Evans au sein d’un quatrième trio. La nouvelle acquisition Kirby Dach, 21 ans, n’a pas encore prouvé qu’il pouvait produire dans la LNH, mais il possède un potentiel immense et aura toutes les occasions de se faire un nom.

Les candidats ne manquent pas à l’aile. Sean Monahan pourrait y être employé, tout comme Cole Caufield, dont la place à la droite de Suzuki semble confirmée, Josh Anderson, Evgeni Dadonov, Brendan Gallagher, Jonathan Drouin, Mike Hoffman, Joel Armia, Rem Pitlick, Michael Pezzetta et Paul Byron, quand il sera rétabli.

Avec un bon système de jeu, avec l’enthousiasme contagieux de Martin St-Louis et sa grande pédagogie, le Canadien sera peut-être compétitif, sans pour autant être dans la course pour une place en séries.

Il faut garder en tête aussi les adversaires du CH dans une section désormais très compétitive. Les Panthers de la Floride, le Lightning de Tampa Bay et les Maple Leafs de Toronto demeurent des équipes de premier plan. Les Sénateurs d’Ottawa, les Sabres de Buffalo et les Red Wings de Detroit ont entamé leur reconstruction avant le Canadien et présentent tous des formations améliorées. Les Bruins de Boston ont ramené Patrice Bergeron et David Krejci, mais déploreront l’absence de Brad Marchand, Charlie McAvoy et Matt Grzelcyk pour les premiers mois de la saison.

Une saison dans les abysses du classement n’aura rien de tragique si les jeunes progressent et si le CH demeure dans le coup lors d’une majorité de matchs. Les reconstructions efficaces et durables ne se font pas du jour au lendemain.