(DENVER, COLORADO) Après la bastonnade de 7-0 servie par l’Avalanche au Lightning dans le deuxième match de la finale, la question de l’altitude a été soulevée par différents observateurs comme une piste d’explication.

Après tout, il semblait anormal qu’une si bonne machine de hockey que le Lightning soit si amorphe. Ces questions semblaient encore plus légitimes après la victoire éclatante du Lightning dans le troisième match, de retour à domicile.

Avec le recul des quatre premiers matchs, on constate maintenant qu’il faut en prendre et en laisser, que l’altitude n’est qu’une des sources d’explication, mais pas la seule, loin de là. Le droit au dernier changement a évidemment une importance capitale.

Les hommes de Jon Cooper avaient de nouveau la langue à terre en deuxième moitié de match, mercredi. La rencontre avait pourtant lieu à Tampa, là où on pourrait dire que les plus hauts cols sont les ponts d’étagement qui enjambent les autoroutes.

Cela dit, l’altitude demeure un élément intéressant à analyser. Ne serait-ce que pour ajouter un peu de savoir scientifique dans nos pages sportives, nous avons interrogé un spécialiste de la chose pour mieux comprendre le corps humain : le DTodd Bull, professeur de médecine et de sciences pulmonaires à l’école de médecine de l’Université de Denver.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE DENVER

Le Dr Todd Bull, professeur de médecine et de sciences pulmonaires à l’école de médecine de l’Université de Denver

La Presse : Quel est le principe de base derrière la difficulté de pratiquer un sport en altitude ?

Le DTodd Bull : Plusieurs de vos lecteurs ont sans doute eux-mêmes noté que leur capacité à faire de l’exercice diminue lorsqu’ils sont en altitude, même à des endroits comme Denver, que nous considérons comme situé à une altitude modérée. Ces gens ont dû sentir qu’ils avaient le souffle court. C’est le résultat du changement de pression atmosphérique. Peu importe où vous êtes, le pourcentage d’oxygène dans l’air est toujours le même, à 21 %. Mais le nombre de molécules d’oxygène que l’on respire diminue à mesure que l’on monte en altitude, car la pression diminue. À chaque respiration, on absorbe donc moins de molécules d’oxygène. Et il y a moins de pression pour pousser cet oxygène dans le corps, dans les tissus. Donc, même s’il y a autant d’oxygène dans l’air, les gens en respirent moins. C’est un phénomène réel. Les gens qui aiment jogger le remarquent.

Les joueurs du Lightning et de l’Avalanche viennent de passer quelques jours à Tampa. Les joueurs de l’Avalanche conservent-ils un avantage à long terme, parce qu’ils jouent et s’entraînent en altitude toute l’année ?

Il y a plusieurs facteurs d’acclimatation qui touchent plusieurs organes, et on ne comprend pas entièrement ces variations. Ce que l’on sait depuis longtemps, c’est que s’entraîner en altitude donne un avantage. C’est pourquoi de nombreux coureurs s’installent au Colorado pour leur entraînement. À Denver, nous sommes toutefois en altitude modérée, donc ce n’est pas non plus comme en Bolivie, par exemple. Comme les joueurs de l’Avalanche jouent et s’entraînent en altitude la majorité du temps, ils ont un certain avantage. Mais chaque joueur possède aussi ses caractéristiques individuelles. Sauf que toutes choses étant égales par ailleurs, si on prend exactement la même personne, celle qui s’entraîne en altitude aurait un avantage.

Est-ce que les effets de l’altitude changent selon les saisons ou selon qu’une activité se déroule à l’intérieur ou en plein air ?

Non, à moins d’être dans une chambre pressurisée, ça revient au même. L’humidité peut tout de même avoir un effet, mais ça demeure négligeable.

Denver est l’une des rares villes à compter des équipes dans les cinq principaux sports professionnels. Quels sont les sports où les athlètes sont le plus susceptibles de ressentir les effets de l’altitude ?

La vraie réponse, c’est la course sur longue distance. Mais le hockey serait très haut sur la liste, car c’est un sport qui demande de l’explosion, où les joueurs passent d’un effort aérobie à un effort anaérobie. Le cœur doit constamment livrer de l’oxygène. Le soccer serait donc très haut aussi. Le baseball serait plus bas sur la liste, car c’est une action rapide, et le joueur a ensuite beaucoup de temps pour récupérer.