(Columbus) Ils s’étaient promis que ça n’arriverait plus jamais. Qu’inspirés par leur nouvel entraîneur, ils se battraient dans toutes les situations, et ce, jusqu’à la dernière seconde.

La performance sans éclat des joueurs du Canadien qui a mené à une gênante défaite de 5-1, mercredi soir, a donc rappelé un mauvais souvenir. Comme un relent de la première moitié de la saison, au cours de laquelle les matchs à jeter à la poubelle étaient la norme plutôt que l’exception.

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Pas besoin de chercher de coupables, car personne n’a vraiment été très bon. Les attaquants semblaient ne pas se connaître, les défenseurs étaient constamment hors position et le gardien Samuel Montembeault ne présentera pas la vidéocassette de sa performance lorsqu’il négociera son prochain contrat.

En matinée, quelques heures avant la rencontre, l’entraîneur-chef Martin St-Louis avait encore rappelé combien les neuf derniers matchs de la saison allaient être importants pour « construire » en vue de l’été et du prochain camp d’entraînement.

On peut désormais réduire cette fourchette à huit matchs. Car de ce 74e duel de la saison, franchement, il n’y a pas grand-chose de positif à retenir.

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Brendan Gallagher entre en collision avec Elvis Merzlikins

« Je vais le regarder de nouveau et je vais essayer de trouver quelque chose », a promis St-Louis en fin de soirée. Quand celui qui vient de passer les deux dernières heures et demie derrière le banc ne trouve rien de bon à dire sur ses troupes, à plus forte raison quand il est dans ses habitudes de saluer facilement les bons coups de ses protégés, c’est assez éloquent.

« On n’avait pas assez de sentiment d’urgence », a-t-il résumé, ajoutant que ça s’était amélioré en troisième période – mais pas tant que ça.

Joel Edmundson a été moins poli : « On a voulu être trop fancy [et] on a commis trop de revirements. [Les Blue Jackets] sont une équipe rapide, ils vont en profiter. On a commencé à jouer comme on en est capables à cinq minutes de la fin. On ne gagnera pas beaucoup de matchs comme ça. »

Preuve que certaines statistiques subjectives doivent être utilisées avec prudence, les officiels mineurs du Nationwide Arena ont estimé que le Canadien avait perdu seulement deux rondelles aux mains de ses adversaires. Quiconque a eu le courage d’écouter le match jusqu’à la fin peut témoigner que c’est loin, très loin de la réalité.

Fatigue

Visiblement irrité par la tenue de son club, Edmundson en avait long à dire après la rencontre.

Interrogé à savoir si la fatigue avait commencé à se faire sentir, il a prestement rejeté cette hypothèse. « Tout le monde joue le même nombre de matchs, a tranché le défenseur. Il n’y a pas d’excuses pour expliquer la manière dont on a joué. Si tu es fatigué, tu dois trouver une manière de combattre. Je suis sûr que des gars de l’autre équipe étaient fatigués eux aussi. »

Là aussi, St-Louis a été plus nuancé. « Ç’a été une saison difficile, avec le changement d’entraîneur et tout, a-t-il rappelé. Je leur en demande beaucoup, il y a beaucoup d’informations à intégrer. On avait l’air d’une équipe fatiguée mentalement. »

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Elvis Merzlikins, et Jake Evans

Ryan Poehling s’est lui aussi montré sensible à cet argument.

« On a vécu beaucoup de hauts et de bas. Ce n’est pas facile d’être exclus des séries éliminatoires après seulement 20 ou 25 matchs », a-t-il fait remarquer.

Cela étant, le moment est bien mal choisi pour baisser les bras, alors que beaucoup de joueurs tentent de se faire valoir, que ce soit pour décrocher un meilleur contrat l’été venu ou pour obtenir un poste plus avantageux la saison prochaine. Poehling, par exemple, a certes une entente en poche pour 2022-2023, mais rien ne lui garantit sa place si jamais la direction est active pendant la saison morte.

« Huit ou neuf matchs peuvent changer une carrière, a-t-il conclu. Comme équipe, on veut finir sur une bonne note. »

La journée de congé de jeudi fera du bien, car un duo de matchs corsés attend le CH vendredi et samedi, contre les Islanders de New York et les Capitals de Washington, respectivement. Deux équipes qui mènent 19-10 au total des buts marqués cette saison contre le Tricolore. Deux équipes qui, à plus forte raison, vont plutôt bien par les temps qui courent, ce qui n’est pas le cas des Montréalais, qui accordent des tirs à la pelletée et qui n’ont remporté que 3 de leurs 12 derniers matchs.

Il n’est toutefois pas exclu que Carey Price effectue son grand retour au cours du week-end pascal. Et s’il y en a un qui peut réaliser des miracles, c’est bien lui. Ça tomberait à point nommé, disons.

En hausse : Jeff Petry

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Jeff Petry (26)

Dans un match où personne n’a vraiment brillé chez le Canadien, Petry a offert une performance somme toute solide.

En baisse : David Savard

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David Savard (58)

Dès le début de la rencontre, ça ne semblait pas cliquer entre Alexander Romanov et lui. Les deux ont terminé la soirée avec un différentiel de -3. Le temps de glace du Québécois (18 min 30 s) a été l’un de ses plus bas cette saison.

Le chiffre du match

82 %

Rare rayon de soleil dans cette performance globale terne : Nick Suzuki a remporté 82 % de ses mises au jeu (14 en 17).

Dans le détail

Anderson et Savard accueillis en héros

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Zach Werenski (8) et Josh Anderson (17)

C’était la première fois, mercredi, que David Savard et Josh Anderson patinaient sur la glace du Nationwide Arena dans un autre uniforme que celui des Blue Jackets. Le premier a été échangé au Lightning à la fin de la dernière saison et s’est entendu avec le CH pendant l’été ; le second a déménagé à Montréal il y a déjà un an et demi à la suite d’une transaction, mais, pandémie oblige, le Tricolore n’avait toujours pas mis les pieds à Columbus depuis. En première période, une vidéo rendant hommage aux deux joueurs a été présentée sur l’écran géant, ce qui leur a valu une chaleureuse ovation de la foule. Celle-ci a réservé ses applaudissements les plus nourris à Savard, qui a disputé près de 600 matchs de saison avec les Jackets. Anderson et lui, visiblement touchés, ont longuement salué leurs anciens partisans. Un beau moment.

Soir de premières

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Nick Blankenburg (77) met en échec Cole Caufield (22)

Non pas un, mais deux joueurs des Blue Jackets ont disputé contre le Canadien leur tout premier match dans la LNH. Le défenseur Nick Blankenburg et l’attaquant Kent Johnson, qui évoluaient avec les Wolverines de l’Université du Michigan il y a quelques jours à peine, ont donc eu droit à un tour de patinoire en solitaire, comme le veut la tradition. Bien servi par son coup de patin, Johnson, choix de premier tour de l’équipe en 2021, a notamment eu droit à du temps de glace en avantage numérique. Embauché comme joueur autonome, Blankenburg a lui aussi fait bonne figure, obtenant d’ailleurs la première mention d’aide de sa carrière. Mentionnons à son sujet, sans lien avec ses performances, que les 5 pi 9 po que lui attribue sa fiche officielle constituent une mesure franchement généreuse. Lorsqu’il s’est adressé aux journalistes, en matinée, on peinait à croire que ce tout petit homme allait devoir stopper Josh Anderson le soir venu.

Poehling, trois mois plus tard

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Jake Bean et Ryan Poehling

Le 17 janvier, date du dernier but de Ryan Poehling, Dominique Ducharme était encore l’entraîneur-chef du Canadien et le Québec s’inquiétait d’une cinquième vague de COVID-19. Un peu moins de trois mois plus tard, et après une disette de 26 matchs, l’Américain a de nouveau fait bouger les cordages, et de jolie manière, de surcroît, en déviant habilement un tir de Nick Suzuki en avantage numérique pour réduire l’écart à 3-1 en fin de deuxième période. Les joueurs aiment rarement parler de leurs succès individuels après une défaite, mais Poehling a tout de même admis que ce but lui avait fait du bien, d’autant qu’il ramenait son équipe dans le coup. On ne commencera certainement pas à parler d’une spécialité, mais Poehling avait marqué son but précédent de manière quasi identique. Il a d’ailleurs souligné qu’il avait peaufiné son travail autour du filet la saison dernière avec le Rocket de Laval, et encore cette année à Montréal. Il tente ainsi de créer un écran devant le gardien tout en devenant une option pour une déviation. C’est là une évidente corde à son arc, alors qu’il n’a pas encore réussi à s’imposer comme un fabricant de jeu dans la LNH.

Ils ont dit

On ne peut pas accorder autant de tirs. Au cours des 10 derniers matchs, on a constamment été dominés à ce chapitre. On ne peut pas gagner comme ça.

Joel Edmundson

[Martin St-Louis] nous motive à chaque match, mais il ne peut pas tout faire. C’est nous qui chaussons les patins, pas lui. On doit offrir de bonnes performances. On ne l’a pas fait ce soir.

Joel Edmundson

Je me suis même préparé mentalement avant le match et ça m’a surpris quand même. C’était pareil quand j’étais joueur !

Martin St-Louis, sur le coup de canon qui l’a fait sursauter en première période

Martin nous enseigne beaucoup à bien jouer sans la rondelle : bien contrôler notre vitesse, nous libérer, anticiper les jeux de l’adversaire… J’ai mis l’accent là-dessus depuis deux ou trois semaines, afin de passer plus de temps en zone offensive et de créer plus de chances de marquer.

Ryan Poehling