(Sunrise) En journée, les joueurs du Canadien sont allés à la plage. En soirée, ils ont patiné comme une équipe qui se croyait encore à la plage.

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On joue comme on s’entraîne, dit-on dans le monde du sport, et le Canadien en a fait une fabuleuse démonstration mardi soir à Sunrise, dans une défaite de 7-4 face aux Panthers de la Floride.

Ce n’est pas pour critiquer ou même mettre en doute les capacités thérapeutiques de la plage, un endroit de sérénité où il est certes possible d’accomplir de grandes choses ; d’ailleurs, Louis Pasteur aurait écrit son Mémoire sur la fermentation appelée lactique à la plage, selon la rumeur. Si c’est bon pour Louis Pasteur, c’est bon pour le Canadien.

Mais le problème avec la plage, c’est que ça donne un goût de vacances, un goût de se laisser aller, et puis voilà, si on fait exception de quelques bonnes minutes lors de la deuxième période, c’est surtout à ça que ressemblaient les joueurs du Canadien mardi soir : à des gars en vacances.

« Je dirais quand même qu’il y a une grande différence entre notre jeu en ce moment et notre jeu il y a un mois, a répondu le défenseur Joel Edmundson. On le voit bien, peu importe le nombre de buts qu’on peut avoir accordé à l’adversaire, peu importe l’écart, on ne lâche pas. Il n’y a personne qui va abandonner dans ce vestiaire. »

C’est souvent ce que l’on répète dans le monde du Canadien ces jours-ci : on n’a pas lâché. Ce qui est vrai, par ailleurs, car cette version du club ne baisse jamais les bras et refuse toujours d’abdiquer.

C’est cette intensité que l’on a vue lors de la deuxième période, quand le club a réussi trois buts de suite (en seulement cinq tirs, merci, Sergei Bobrovsky), pour au moins offrir une forme d’opposition aux Panthers, qui étaient pas mal seuls sur la glace avant ce soudain réveil.

Des soirées comme ça, il y en aura d’autres, et c’est le prix à payer quand on choisit de faire ce que le Canadien fait en ce moment, c’est-à-dire une sorte de mise en chantier en vue d’un avenir meilleur.

Bien meilleur.

« C’est une belle occasion de grandir quand on doit affronter de bonnes équipes comme les Panthers, a expliqué l’entraîneur Martin St-Louis. On a réussi à se placer en bonne position en amorçant la troisième période avec une marque de 4-4. Ensuite, il nous faut trouver les réponses. On va les trouver et aller de l’avant en direction de la Caroline.

« C’est un défi que d’affronter les meilleures équipes de la ligue comme les Panthers. Il faut s’assurer de les respecter, mais aussi de ne pas en avoir peur, et enfin d’être prêts. On était prêts à jouer ce match. On n’a pas exécuté nos jeux comme on le voulait, c’est un peu de notre faute, mais il faut aussi savoir reconnaître le talent de l’autre équipe. Alors c’est un peu tout ça. Les entraîneurs, on va regarder le match de nouveau sur vidéo, on va essayer de trouver les réponses et ensuite de communiquer tout ça aux joueurs. »

Ce qui nous ramène à la mise en chantier. Ce n’est pas facile, ça prend du temps, et des matchs comme celui-là, où il y a des essais et des erreurs, où il y a de bons moments çà et là, mais pas de victoire, il y en aura d’autres.

Voyons un peu le cas de Justin Barron, par exemple. Il est appelé à devenir un bon défenseur dans cette ligue, mais en attendant, il est un jeune homme en période d’apprentissage, et ça donne ce que l’on a vu mardi soir. Il en a tout de même profité pour récolter une aide sur le but d’Edmundson, son premier point dans la LNH.

Martin St-Louis, lui, va garder le cap. « Il y a toujours des leçons à tirer dans la défaite », a-t-il ajouté.

Ce qui est très vrai, et puis, pour citer Axl Rose, tout ce que ça va prendre, c’est un peu de patience. Car la route vers le sommet est longue, et surtout, elle est loin d’être facile comme une journée à la plage.

Dans le détail

Evans sur la touche

PHOTO SAM NAVARRO, USA TODAY SPORTS

Jake Evans (71) retournant au banc, accompagné de Joel Edmundson (44)

Le Canadien n’a pas été chanceux dans le département des blessures cette saison, et cette malchance s’est poursuivie mardi soir à Sunrise. Cette fois, c’est Jake Evans qui a subi un mauvais coup du sort en donnant violemment contre la bande vers la fin de la troisième période, lorsque le défenseur MacKenzie Weegar le pourchassait. Evans s’est relevé péniblement et n’est pas revenu par la suite. La bonne nouvelle malgré tout : en fin de soirée, le Canadien a fait savoir que l’état de santé du jeune attaquant allait être évalué au jour le jour, ce qui laisse croire que ce n’est pas trop sérieux. « Quand on voit un jeu comme celui-là, on arrête de respirer un petit peu, a dit Martin St-Louis au sujet de la collision. Ce n’est pas facile de regarder un joueur donner contre la bande à cette vitesse-là. »

Jordan Harris est dans la place

Non, il n’a pas joué mardi soir, mais Jordan Harris se prépare à disputer un premier match avec le Canadien. Le jeune défenseur, fraîchement arrivé du hockey universitaire de la NCAA, a pris part à l’échauffement d’avant-match à Sunrise, et il devrait participer à un premier entraînement complet avec le reste de l’équipe mercredi midi à Raleigh. Ensuite, le défenseur de 21 ans devrait disputer un premier match. L’entraîneur Martin St-Louis a expliqué qu’il y avait « un plan » déjà en place en ce qui concerne celui qui portera le maillot au numéro 54. Il ne faudrait pas se surprendre de voir Harris dans la formation d’ici à la fin du présent voyage, que le Canadien doit compléter avec deux autres arrêts, jeudi soir en Caroline face aux Hurricanes et samedi soir à Tampa Bay, alors que le club ira visiter le Lightning. « C’est un bon jeune, on l’a amené souper avec nous [et Christian Dvorak] lundi soir, a expliqué le défenseur Joel Edmundson. Il est enthousiaste, et je crois que les partisans le sont aussi. On a hâte de le voir sous peu dans la formation avec nous. »

Un record pour Huberdeau

PHOTO JIM RASSOL, ASSOCIATED PRESS

Jonathan Huberdeau (11) déjouant le gardien Jake Allen (34) durant la troisième période.

Jonathan Huberdeau a fini le match avec trois points, tout comme Sam Bennett et Ryan Lomberg. Mais dans le cas du joueur québécois, ce que l’on retient de cette soirée de deux buts et une passe, c’est la passe. Car il s’agit pour lui d’une 70aide cette saison, ce qui lui permet d’égaler la marque de Joé Juneau pour le plus grand nombre de passes par un ailier gauche dans une saison ; Juneau avait récolté 70 aides en 1992-1993 dans le maillot des Bruins de Boston. Dommage que Huberdeau ait atteint ce plateau devant des gradins aussi dégarnis, puisqu’il y avait des rangées et des rangées de bancs vides à Sunrise en ce chaud mardi soir. Au final, et selon la feuille des statistiques officielles de la LNH, ce match a été présenté devant une foule de 15 587 spectateurs, un chiffre fort généreux selon notre estimation personnelle.

Ils ont dit

C’est un voyage difficile, contre de très bonnes équipes, mais oui, on est excités de jouer ces matchs. Pour nous, il n’y a pas de meilleur défi. On doit bien amorcer chaque rencontre et leur rendre la vie difficile. On peut tenir tête à n’importe quelle équipe, mais on doit mieux faire.

Joel Edmundson

Je pense qu’on a appris qu’on peut gagner contre tout le monde, c’est la confiance qu’on a depuis le dernier mois par rapport au début de la saison. On peut se mesurer à n’importe qui et gagner des matchs.

Laurent Dauphin

Il y a eu des moments dans la saison où on était enfoncés dans un trou, et on ne se sentait pas capables de s’en sortir. Avec les nouveaux entraîneurs, avec les bons joueurs, l’ambiance est changée, on peut revenir de nos erreurs.

Nick Suzuki

J’ai aimé notre première période, peut-être pas le début, mais on a été fatigants pendant 10 minutes et difficiles à affronter. La deuxième a été difficile, mais on a eu une très bonne fin de période. On s’est battus, c’est ça que j’aime. On n’a pas eu la troisième période qu’on voulait… Ils avaient l’air plus vites que nous sur la glace, ils nous ont forcés à faire beaucoup de revirements.

Martin St-Louis

En hausse

Laurent Dauphin

PHOTO SAM NAVARRO, USA TODAY SPORTS

Laurent Dauphin (45)

Un but, une passe, et du jeu très intelligent en général. L’une de ses bonnes performances cette saison.

En baisse

Mike Hoffman

Une machine à revirements. Il n’y a pas d’autres mots.

Le chiffre

5

Le nombre de tirs du CH en deuxième période… et trois de ces tirs se sont retrouvés au fond du filet.