Au camp d’entraînement du Canadien, à l’automne, Joshua Roy a dit aux médias montréalais qu’il désirait « changer son image » de joueur perçu comme « lâche ». Cinq mois plus tard, le voilà qui domine la LHJMQ.

Non sans effort et travail, l’attaquant considère avoir atteint son objectif. « Je veux la changer encore plus, mais je pense que je suis bien parti », lance-t-il.

Roy a rencontré La Presse dans les entrailles du Palais des sports Léopold-Drolet, le 7 mars, à la veille du départ de son équipe vers les Maritimes. Il voguait à ce moment sur une remarquable séquence de 15 rencontres avec au moins un point. Quand on évoque cette statistique en début d’entrevue, le jeune homme affiche un regard étonné.

« Ah, je ne savais pas ! », répond-il calmement.

Fort à parier, donc, qu’il ne savait pas non plus qu’il était à un match avec un point d’égaliser le record de concession établi par Félix Robert en 2019-2020. C’est ce qu’il a réussi, mercredi. Un accomplissement de plus dans cette saison qui s’avère sensationnelle pour le natif de Saint-Georges, en Beauce.

Après un camp des recrues tout feu tout flamme à Montréal à l’automne, Roy s’est présenté à Sherbrooke avec l’intention de montrer toute l’étendue de son talent. Et c’est exactement ce qu’il a fait, même s’il demeure lui-même un peu surpris de ses statistiques : 29 buts et 50 mentions d’aide pour 79 points en 41 rencontres. Il trône au premier rang des marqueurs du circuit. Ça semble aussi un bon moment pour rappeler qu’il a 18 ans.

« J’étais confiant que j’allais avoir du succès parce que j’ai travaillé très fort. Mais à ce point-là, je ne pensais pas », avoue-t-il.

Lors du camp des recrues, le choix de cinquième tour du Tricolore affirmait avoir perdu de 15 à 20 livres au cours de l’été. Quand il dit qu’il a travaillé fort, c’est en grande partie de cette perte de poids qu’il parle.

« Quand je suis arrivé ici [à Sherbrooke, en janvier 2021], les gars étaient tous en forme, explique-t-il. À la première pratique, j’ai réalisé que j’avais une coche à rattraper. Steph [Stéphane Julien, entraîneur-chef] m’en a parlé aussi, il m’a pris sous son aile, on faisait du vélo. […] Je faisais très attention à mon alimentation, je faisais tous les petits détails. »

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Joshua Roy (10) a perdu de 15 à 20 livres au cours de l’été.

Un trio de talent

Joshua Roy n’hésite pas à accorder une grande partie du mérite à ses compagnons de trio, les vétérans Xavier Parent et Julien Anctil. À eux trois, les coéquipiers ont accumulé 186 points. Leurs performances permettent au Phoenix de pointer au cinquième rang du classement général.

« Même hors glace, on est trois bons chums qui se tiennent souvent ensemble et je pense que ça aide beaucoup sur la glace », dit le jeune homme.

Xavier Parent, capitaine du Phoenix, a été à même de constater les efforts de Roy au cours de l’été.

« Je pense que quand il est arrivé ici, il a changé sa mentalité, affirme le capitaine du Phoenix à La Presse. Cet été, il a travaillé très fort. On se parlait souvent. Des fois, il venait à Blainville s’entraîner où je m’entraîne. […] Je voyais la progression qu’il connaissait. En ce moment, ce qu’il fait, c’est vraiment exceptionnel. »

« Josh, c’est un leader. […] Ce qu’il fait sur la glace, c’est pas mal le seul qui est capable de le faire. Donc quand il donne un conseil à un jeune, par exemple, c’est sûr que tout le monde va l’écouter. »

Anecdote : Xavier Parent nous a raconté en souriant que l’espoir du Canadien se faisait reconnaître dans les lieux publics de Sherbrooke. « Je pense que c’est vraiment le gars avec la moins grosse tête enflée que j’ai vue de ma vie. S’il continue sur cette voie-là, il n’y a que du positif qui peut lui arriver. »

PHOTO JESSICA GARNEAU, ARCHIVES LA TRIBUNE

Joshua Roy se fait maintenant reconnaître dans les lieux publics de Sherbrooke.

Besoin de structure

Si Roy est surpris de ses performances actuelles, c’est loin d’être le cas de son entraîneur. « Quand on est allés le chercher, on savait un peu quel genre de joueur talentueux on allait avoir », soutient Stéphane Julien.

Il faut dire que le prix payé pour acquérir Roy des Sea Dogs de Saint John – trois choix de premier tour et un choix de deuxième tour – n’était pas ce qu’on peut qualifier de moindre. En arrivant avec le Phoenix la saison dernière, le gaucher a amassé 18 points en 20 matchs. Julien savait que ce n’était qu’une question de temps avant que l’attaquant éclose.

« On avait du monde qui le connaissait bien et on savait qu’avec notre encadrement ici, on était capables de l’amener à un autre niveau, explique-t-il. On l’a encadré, on lui a donné un plan et il l’a suivi. »

« Après ça, il y a plein de choses qui lui appartiennent. Se préparer, s’entraîner… C’est quelqu’un qui a besoin d’un peu plus de structure que d’autres personnes. Il est dans un environnement gagnant cette année. Sa progression est extraordinaire. »

Stéphane Julien est d’avis que son attaquant a tout ce qu’il faut pour jouer dans la Ligue nationale. Mais chaque chose en son temps.

« C’est un gars qui a besoin de passer les étapes comme tout le monde, dit-il. Honnêtement, c’est un top 6 dans la Ligue nationale. En bas de ça, je ne sais pas si on va vraiment l’aider. Je pense qu’il va être capable de faire un bout sur une troisième ligne, mais c’est un gars qui génère beaucoup d’offensive. S’il n’est pas capable de toucher à l’avantage numérique, d’avoir des shifts réguliers, ça va être un apprentissage peut-être un peu plus difficile. »

« Il est très fort sur ses patins et son sens du jeu est tellement incroyable, continue-t-il. On l’a vu au camp à Montréal faire des jeux… Ça, c’est acquis. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Joshua Roy a participé au camp des recrues du Canadien l’automne dernier.

En contact avec le Canadien

Joshua Roy est en contact fréquent avec le directeur du développement hockey du Canadien, Rob Ramage, et l’entraîneur au développement des joueurs, Francis Bouillon.

« Ils sont vraiment contents de la façon dont je joue, confie-t-il. Ils me disent de continuer comme ça et qu’il y a de bonnes choses qui vont arriver. »

Le Beauceron, qui devrait être de retour à Sherbrooke la saison prochaine, reconnaît que la reconstruction du CH a de quoi le motiver encore plus. Mais il préfère se concentrer sur le moment présent.

« Je ne dirais pas que je suis prêt, il reste encore des étapes. »