L’observateur averti aura sans doute remarqué que depuis trois matchs, un « A » a été cousu sur l’uniforme de Corey Perry.

Avec les blessures qui empêchent Brendan Gallagher et Paul Byron de jouer, il ne restait que Jeff Petry parmi les adjoints au capitaine disponibles. Voilà qu’on lui a fourni du renfort.

Cette promotion n’est pas banale pour un joueur qui n’a disputé que 41 matchs avec le Canadien. Elle témoigne surtout de tout l’ascendant que le vétéran exerce sur ses coéquipiers.

Sur la glace, l’impact de Perry est mitigé par les temps qui courent. Ses 9 buts marqués à ses 29 premiers matchs ont constitué une belle surprise, mais à l’instar de son équipe, il en a arraché, récemment : il revendique seulement deux mentions d’aide à ses 12 dernières rencontres, assorties d’un douloureux différentiel de -10.

Il n’est pas le seul à chercher ses repères, remarquez. Le Canadien n’a inscrit que 23 buts à ses 13 plus récents matchs, une moyenne famélique de 1,77 par rencontre, traduite par une fiche de 4 victoires contre 9 revers.

N’empêche, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a insisté sur « les petites choses » que Perry apporte à son groupe. La liste est longue : « Sa façon de se comporter dans le vestiaire, dans un meeting, dans le gym. Son vécu, son expérience, sa personnalité… » En plus de sa présence dans « les moments importants », qu’on pense à ses missions en avantage numérique ou en toute fin de rencontre quand son équipe a besoin d’un but.

Le numéro 94, qui a été l’adjoint au capitaine Ryan Getzlaf à Anaheim de 2014 à 2019, a reconnu qu’il était « spécial » pour lui d’être ainsi reconnu « par le personnel d’entraîneur, la direction et [ses] pairs », et ce, à sa première année chez le Tricolore. « Je n’essaie pas de faire quoi que ce soit hors de l’ordinaire, a-t-il ajouté. Je veux juste être moi-même et aider l’équipe à gagner. »

Sur le plan personnel, il estime qu’il fait partie de ceux qui doivent prêcher par l’exemple dans la dernière ligne droite vers les séries éliminatoires. « Je dois jouer à ma manière, faire les choses que je sais faire. En espérant que ça déteigne sur les autres. »

Depuis le début de la campagne, il a été abondamment question de l’importance du groupe de vétérans du CH. Il y a évidemment tous les ex-gagnants de la Coupe Stanley arrivés pendant la saison morte, mais il y a aussi ceux qui étaient là depuis un bon moment. Tous les joueurs blessés (ou absents) du moment entrent dans cette catégorie : Paul Byron, Jonathan Drouin, Brendan Gallagher, Carey Price et Tomas Tatar.

Dans les circonstances, Jeff Petry est, depuis que Price et Gallagher sont tombés au combat, le plus ancien parmi les joueurs en uniforme.

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Jeff Petry

Il mesure donc pleinement l’importance que prennent la voix de Corey Perry et la sienne. « Mais pas juste les nôtres », insiste-t-il.

« On s’assure que tout le monde reste positif, a dit le défenseur. C’est important qu’on ne se laisse pas abattre quand on donne un but, qu’on garde toujours le même état d’esprit, peu importe la situation. »

Amoché

Toutes ces considérations mises à part, c’est un club amoché qui affrontera les Jets de Winnipeg, ce vendredi soir au Centre Bell.

En plus de la liste des absents énumérée plus haut, des blessures affectent ceux qui restent « un peu partout dans la formation », a indiqué Ducharme. « Ça fait partie du défi qu’on affronte en ce moment ».

Des changements, qui n’ont pas été précisés, pourraient être apportés en défense, a renchéri l’entraîneur. Le cas échéant, Erik Gustafsson ou Brett Kulak – voire les deux – pourraient renouer avec l’action. Kulak a été laissé de côté au cours des cinq derniers matchs des siens.

Par ailleurs, il est impossible, à ce moment de l’année, de ne pas parler du classement. En vainquant les Oilers d’Edmonton, jeudi, les Flames de Calgary se sont de nouveau rapprochés à quatre points du Canadien, avec toutefois un match de moins à disputer.

Les Montréalais renforceraient évidemment leur position au quatrième rang de la division Nord en vainquant les Jets, mais il se retrouverait, par le fait même, à souffler dans le cou des Manitobains, qui ne les dépasseraient plus que par quatre points, avec un match de moins à disputer.

Petry a confirmé que son équipe avait bel et bien les yeux sur les Jets, et non sur les Flames. Et plus encore sur les « deux points disponibles » vendredi soir.

« On regarde en avant, pas en arrière », a-t-il résumé.

« On est dans une bonne position, a quant à lui rappelé Corey Perry. On a nos cartes en main. »