Verra-t-on Cole Caufield à Montréal ou à Laval dès ce printemps ? Des éléments de réponse viendront cette fin de semaine.

Caufield et l’Université du Wisconsin amorcent ce vendredi, à 13 h, leur parcours au Championnat national de la NCAA, avec un duel contre l’Université d’État de Bemidji.

Les choses pourraient débouler rapidement pour le 1er choix du CH en 2019, car le tournoi, mettant aux prises 16 équipes, est à élimination simple. Lire : une défaite et c’est terminé. Pas de séries deux de trois ou bien de quatre de sept ici.

S’ils gagnent ce vendredi, les Badgers affronteront samedi le gagnant du duel entre l’Université du Massachusetts et Lake Superior State. S’ils gagnent de nouveau, ils se qualifieront pour les demi-finales (le Frozen Four) qui auront lieu le 8 avril. La finale du tournoi est prévue deux jours plus tard.

De Montréal, bien des gens souhaiteront égoïstement une défaite rapide de l’Université du Wisconsin, car dès qu’il sera éliminé, Caufield aura le loisir de signer un contrat avec le Tricolore et d’amorcer sa carrière professionnelle. Après une saison au cours de laquelle il a survolé la compétition, il semble que ce soit la suite logique pour lui.

« On n’a rien gagné »

Caufield s’est adressé aux médias en début de semaine et il ne parlait pas exactement comme quelqu’un qui pensait à sa carrière professionnelle.

« Le message dans le vestiaire, c’est qu’on n’a rien gagné encore », a-t-il lancé en visioconférence.

Pendant la saison, on avait nos objectifs. On en a atteint plusieurs. Gagner la saison en faisait partie. Le tournoi du Big 10 [perdu en finale] ne s’est pas passé comme on le souhaitait, mais c’est du passé. On a un nouveau défi devant nous.

Cole Caufield

Dave Starman est un ancien recruteur, notamment pour le Canadien, aujourd’hui analyste de hockey collégial à la télévision. Il rappelle que Caufield et sa génération ont mis fin à une disette plus tôt cette année, en remportant l’or au Championnat du monde junior. L’année précédente, les États-Unis s’étaient inclinés en quarts de finale. À ses deux participations au Mondial des moins de 18 ans, Caufield et son équipe ont gagné le bronze et l’argent.

« Cette cohorte née en 2001 n’avait rien gagné avant le Mondial junior cette année, souligne Starman, au bout du fil. Ça a fait grandir ce groupe. Un long parcours au Championnat national serait très bon pour Caufield. Ça lui ferait deux tournois avec beaucoup de pression, contre de très bonnes équipes, où les meilleurs joueurs doivent être les meilleurs.

« Il y a une question de fierté. Je suis revenu avec l’équipe américaine et j’ai gagné l’or. Et là, je suis revenu au Wisconsin et j’ai gagné un Championnat national. »

Une transformation

Si Trevor Zegras a épaté la galerie, Caufield en a laissé beaucoup sur leur appétit, lors de ce tournoi, avec une récolte de deux buts et trois passes en sept matchs. Avec cinq points, il était le 8e compteur des États-Unis.

Pour Tony Granato, Caufield pourrait certainement profiter de son expérience sur la scène internationale.

« Quand on regarde comment il a gagné, a noté l’entraîneur-chef des Badgers, il était un des assistants au capitaine et il n’a pas eu à marquer trois buts par match pour que l’équipe gagne. Il a fait beaucoup de choses importantes pour gagner. Peu importe combien de minutes tu passes sur la glace, tu dois avoir un impact. Il a pris des responsabilités en bloquant des tirs, en empêchant un tir de la pointe, en se repliant. »

Au Wisconsin, Caufield a marqué des buts à un rythme fou, cette saison, avec 28 réussites en 30 matchs. Le petit ailier a ajouté 21 passes pour une jolie récolte de 49 points.

Son coéquipier Tarek Baker, un joueur de quatrième année, a toutefois noté un gros changement.

« L’an passé, son but était de faire beaucoup de points, de marquer des tonnes de buts, pour passer au prochain niveau. L’été dernier, ce n’est pas qu’il ne pensait plus à ça, mais il s’est efforcé de devenir plus complet. Il a travaillé au gym, et maintenant, il ne se fait plus tasser aussi facilement. Hors glace, il est devenu le leader qu’on avait besoin qu’il devienne », a noté Baker.

Caufield s’est amélioré, les Badgers aussi. Alors qu’on s’attendait à ce qu’ils soient une puissance, en 2019-2020, ils ont montré une piètre fiche de 14-20-2. Les attentes n’étaient guère plus élevées cette saison, pour une équipe qui perdait l’attaquant Alex Turcotte et le défenseur K’Andre Miller. Mais leur fiche de 17-6-1 fait d’eux une des équipes qui peut viser le titre.

« L’an passé, ils avaient plusieurs gars qui avaient un pied dans la place, l’autre pied ailleurs, image Dave Starman. Des gars comme Caufield se sont levés et ont dit : “L’an passé, ce n’était pas acceptable.” »

Théoriquement, le match de ce vendredi ne devrait pas donner de souci aux Badgers. Ils occupent le 4e rang du classement national, tandis que l’Université d’État deBemidji est 14e. De l’autre côté, l’Université du Massachusetts (6e) devrait logiquement défaire Lake Superior State (13e). Le potentiel duel Wisconsin-Massachusetts, samedi, pourrait toutefois être corsé. « C’est 50-50 », croit Dave Starman.

En bref

PHOTO JASON FRANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Cole Caufield a gagné l’or avec l’équipe américaine aux plus récents Championnats de hockey junior.

Une arrivée plus rapide ?

Le réseau CBC avançait jeudi après-midi que le gouvernement canadien était sur le point de réduire à sept jours la quarantaine des joueurs de la LNH d’équipes américaines échangés au Canada, dans la mesure où ces joueurs subiront plusieurs tests de COVID-19. Il sera intéressant de voir si Caufield pourrait bénéficier d’un tel assouplissement, s’il vient finir la saison au Québec. On dit que l’organisation a bon espoir que la mesure s’applique à Caufield, s’il arrive au pays avec un statut de joueur de la LNH.

PHOTO FOURNIE PAR LA LNH

Jake Gorniak

Gorniak aussi

Les matchs de la fin de semaine sont centralisés à quatre endroits différents. Caufield et les Badgers sont à Bridgeport, où deux autres espoirs du CH seront en action. Jake Gorniak (4e tour, 2018) porte lui aussi les couleurs du Wisconsin, dans un rôle plus effacé, même s’il en est à sa troisième année. En 30 matchs, l’attaquant a amassé 13 points (6 buts, 7 passes).

PHOTO ANDRE PICHETTE, ARCHVIES LA PRESSE

Arvid Henrikson

Un oublié !

Dans l’équipe de Lake Superior State, on retrouve Arvid Henrikson (7e tour, 2016), un joueur, avouons-le humblement, dont on avait oublié l’existence. Henrikson appartient toujours au Tricolore cinq ans après son repêchage, « parce qu’il est devenu étudiant à temps plein avant que ses droits de liste de réserve n’expirent en tant qu’Européen », nous explique-t-on. Cela dit, le pauvre Henrikson compte exactement un but et trois passes en 104 matchs (USHL, NAHL et université) depuis son arrivée en Amérique du Nord. On ne s’attend pas à ce que l’équipe lui offre un contrat…

PHOTO FOURNIE PAR LA LNH

Luke Tuch

Un gros attaquant

À Albany, les Terriers de l’Université de Boston et Luke Tuch (2e tour, 2020) seront en action. Tuch, un gros ailier de puissance, robuste, a connu une première année intéressante avec 10 points (6 buts, 4 passes) en 15 matchs. Tuch joue en avantage numérique et au sein des deux premiers trios. Les Terriers affronteront St. Cloud State samedi, et le gagnant de ce match se frottera à Boston College après que Notre Dame a été exclue en raison de cas de COVID-19. « Ça nous fait capoter un peu. En plus, ils sont arrivés ici à bord d’un vol nolisé ! C’est sûr que ça nous marque », a indiqué Tuch.

PHOTO FOURNIE PAR LA LNH

Blake Biondi

Un autre attaquant

À Fargo, Blake Biondi (4e tour, 2020) et l’Université du Minnesota à Duluth affronteront vendredi l’Université du Michigan. Biondi a inscrit cinq points en 24 matchs, jouant principalement au sein du quatrième trio. Son entraîneur-chef, Scott Sandelin, a la réputation de tabler beaucoup sur ses trois premiers trios, et le Championnat national s’y prête encore plus puisqu’il y a, à chaque période, trois temps d’arrêt publicitaires de deux minutes, contre un seul pendant les matchs de saison non télévisés. Bref, il ne faut pas s’attendre à le voir beaucoup.

PHOTO DAN MANNES, FOURNIE PAR LA LNH

Dave Noël-Bernier

Un coach du Québec

L’autre pôle régional est à Loveland, au Colorado, où les universités Quinnipiac, du Minnesota, de l’État du Minnesota et d’Omaha seront en action. Aucun espoir du Tricolore ne fait partie de ces équipes. Notons toutefois la présence de Dave Noël-Bernier derrière le banc d’Omaha, où il occupe le rôle d’assistant à l’entraîneur-chef Mike Gabinet. On y retrouve aussi deux Québécois, soit le défenseur Alex Roy et l’attaquant Ryan Brushett. Omaha (no 12) fait figure de négligé contre le Minnesota, 2e au classement national.