Sur la glace, le thème du jour était clair : travail.

De retour à l’entraînement lundi après une journée de congé, les joueurs du Canadien n’ont pas chômé. Des affrontements à un contre un et à deux contre deux. Sifflet, on recommence. Des transitions en zone neutre, celles-là mêmes qui ont fait défaut dans les deux récents matchs contre les Sénateurs d’Ottawa. Sifflet, on recommence.

L’avertissement de l’entraîneur-chef, Claude Julien, est sans appel : « On a du talent, on a de la profondeur, mais si l’éthique de travail n’y est pas, ou bien si on ne compétitionne pas au maximum, on devient une équipe bien normale. »

La leçon à tirer du doublé contre les Sénateurs ne pourrait être plus claire. Et c’est en large part pour montrer qu’elle a été apprise qu’on a sué autant sur la patinoire lundi.

Mais l’heure n’était pas à l’autoflagellation pour autant. Au contraire, Brendan Gallagher et Jeff Petry semblaient animés d’une rare bienveillance, presque de philosophie, s’exprimant sur toutes sortes de sujets qui, en apparence périphériques au quotidien du club, finissaient en fin de compte par s’y rattacher.

Prenez Gallagher, interrogé sur la manière d’écourter une séquence infructueuse. « C’est plus facile à mesure que ta carrière avance, a-t-il dit. Quand tu es jeune, tu vois plein de ramifications se former : tu peux descendre dans la formation, perdre ta place, être échangé. Mais avec l’âge, l’expérience, tu es moins inquiet et tu arrives au point où tu te dis simplement : je dois mieux jouer. Plus jeune, tu penses que tu viens de jouer ton dernier match. »

Petry, sur le même thème : « Si vous demandez à quelqu’un qui est près de moi, il vous dira que j’ai toujours été la personne la plus dure envers moi-même. J’étais le gars incapable de chasser une erreur et de passer à autre chose. Un entraîneur à Edmonton me disait : ‟Tu n’es jamais aussi bon que tu le crois, et jamais aussi mauvais non plus. Les erreurs vont arriver.” C’est ce que j’ai appris au cours des années. »

Chez le Canadien, Petry a cité en exemple Luke Richardson, entraîneur des défenseurs, qui a, selon lui, le même type d’ascendant derrière le banc. Notamment envers les plus jeunes, comme Alexander Romanov.

« Comme joueur, tu es le premier à savoir que tu as fait une erreur, a encore souligné le numéro 26. La présence de Luke nous calme. Il fait en sorte que l’erreur ne te suive pas à la présence suivante. C’est ce qui est le plus important. »

L’année Petry

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jeff Petry

Gallagher a encore insisté : ce type d’apprentissage se renforce avec l’âge.

Une transition naturelle vers le cas de son coéquipier Petry. À 33 ans, le défenseur connaît un début de saison exceptionnel : 14 points, dont 6 buts, en 12 matchs. En attaque, il met à profit sa vision du jeu en alimentant une brigade offensive mieux nantie qu’auparavant.

Il est désormais le quart-arrière de la première unité d’avantage numérique et son nom est déjà lié au trophée Norris, remis à l’arrière par excellence au terme de la saison.

Bien servi par son coup de patin fluide, il est également un pilier dans sa zone. Son joli différentiel de + 14 en témoigne.

Il appartient à l’élite de la LNH, peut-être l’un des meilleurs du monde. Peu de défenseurs peuvent faire ce qu’il fait.

Brendan Gallagher, au sujet de Jeff Petry

« Depuis que je suis arrivé ici, j’ai vu Petry devenir un meilleur joueur chaque année, a renchéri Julien. Il a plus de responsabilités, plus d’expérience, il est plus mature. Il est devenu un excellent joueur dans les deux sens de la patinoire. Il serait sur le premier duo dans beaucoup d’équipes. En fait, en ce moment, je ne sais pas si on peut dire qui de Ben Chiarot et Shea Weber ou de Petry et Joel Edmundson constituent notre première paire… »

Sur la responsabilité de mener l’attaque qui n’échoit plus aux défenseurs, Julien a nuancé : « S’il a la chance de transporter la rondelle d’un bout à l’autre de la patinoire, on va le laisser aller. Il en est capable. »

N’empêche, « il est plus sélectif ». « On joue plus souvent avec l’avance, il sait que c’est plus important de la protéger que de prendre des risques pour l’accentuer. »

Un peu gêné de toute l’attention qu’il reçoit, Petry a mis l’accent sur les apprentissages qu’il a réalisés et qu’il continue de réaliser, malgré la trentaine qui avance.

« Quand tu es jeune, tu veux essayer de faire un jeu dès que tu as la rondelle, a-t-il illustré. À mesure que ta carrière avance, tu réalises qu’il y a plusieurs moments où tu as plus de temps que tu le penses. La patience vient avec le temps. »

Comme il l’a souvent fait par le passé, il a rappelé qu’il « parlait constamment » avec Shea Weber. Mais il a aussi nommé Andrei Markov comme un exemple qu’il a suivi à son arrivée à Montréal après avoir été échangé par les Oilers d’Edmonton en 2015.

« Je regardais ce qu’il faisait avec la rondelle, sa manière de faire des jeux, a raconté Petry. Il retrouvait quelqu’un qu’il ne regardait pas. Un mouvement mineur de sa main sur son bâton créait des lignes de tir pour que la rondelle se rende au but. »

« Réinitialisation »

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Brendan Gallagher (11)

De retour à la question de base : que retenir de la série aller-retour contre les Sénateurs, soldée par une seule victoire, à l’arraché ?

Gallagher : « Il faut appuyer sur le bouton de réinitialisation, revenir à ce qu’on faisait plus tôt cette saison. »

Petry : « Personne n’était content de ces deux matchs. On a perdu notre erre d’aller, notre combativité, notre niveau de compétitivité qui avait fait notre succès jusque-là. [Lundi], c’était un jour de travail. On doit revenir à cet état d’esprit. »

Après le travail, la bienveillance. Et après la bienveillance, le travail.

Il reste une autre journée d’entraînement, ce mardi, avant le prochain affrontement du Canadien, mercredi, contre les Maple Leafs de Toronto. L’occasion est rêvée pour montrer que les leçons ont été apprises.

En bref

PHOTO BEN LIEBENBERG, ASSOCIATED PRESS

Tom Brady

Brady à l’honneur

Toutes ces remarques sur l’âge et le temps qui passe ont convergé vers le sujet sportif du moment, à savoir les succès du quart-arrière Tom Brady, qui a ajouté dimanche une septième bague du Super Bowl à son palmarès. « Tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit, partout où il va, c’est en fonction de gagner, a fait remarquer Brendan Gallagher. Pourquoi il arrêterait de jouer ? Il aime la game, il aime gagner, il est encore capable, il a du plaisir… J’espère qu’il va continuer de jouer, parce qu’il est plaisant à regarder ! » Jeff Petry en a rajouté : « C’est le meilleur de tous les temps. Si des gens en débattaient encore, il a mis fin à la discussion. » Ça reste à voir.

Poehling et Fleury rétrogradés

Le Canadien a cédé Ryan Poehling et Cale Fleury au Rocket de Laval, dans la Ligue américaine. Ils faisaient jusque-là partie de l’escouade de réserve du Tricolore. Même s’ils s’entraînaient avec le reste de l’équipe, leur salaire n’était pas comptabilisé dans la masse salariale du CH. Ils se rapporteront dorénavant au groupe de joueurs du Rocket. Le club-école du Canadien est à l’entraînement depuis quelques semaines, et ce, bien que la date de reprise n’ait pas encore été confirmée dans la division canadienne de la Ligue américaine. Des indices pointent vers un retour au jeu ce vendredi. Avec ces mouvements de personnel, l’escouade de réserve montréalaise ne compte plus que deux joueurs, soit l’attaquant Michael Frolik et le gardien Charlie Lindgren.

Armia à l’entraînement

Absent des sept derniers matchs du CH après avoir subi une commotion cérébrale, l’attaquant Joel Armia s’est entraîné pour la première fois avec ses coéquipiers, lundi. Il portait toutefois un chandail bleu pâle, réservé aux joueurs qui ne doivent pas subir de contacts. Il devait passer des tests en après-midi avant de recevoir le feu vert pour un retour au jeu. Il s’est toutefois entraîné à haute intensité, faisant même des minutes additionnelles lorsque ses coéquipiers commençaient à rentrer au vestiaire. Son retour au jeu signifierait en principe un renvoi de Corey Perry vers l’escouade de réserve, puisque sa présence avec l’équipe principale est attribuable à un rappel d’urgence, mais Claude Julien a indiqué qu’il discuterait avec le directeur général Marc Bergevin de la situation du club à l’égard de la masse salariale afin de considérer de garder Perry « en haut ».