Tyler Toffoli occupe le premier rang des buteurs de la LNH avec neuf buts en dix matchs en ce mercredi matin.

Mais au risque de décevoir les plus ardents partisans du Canadien, il ne remportera pas le trophée Maurice-Richard.

Quand Marc Bergevin l’a embauché cet automne, à un salaire étonnamment abordable de 17 millions pour quatre ans, il mettait la main sur un ailier droit très doué offensivement, capable de marquer entre 24 et 31 buts par saison, et aussi responsable défensivement.

Toffoli a connu sa meilleure saison en carrière il y a cinq ans, à l’âge de 23 ans : 31 buts, et 58 points, en 82 matchs avec les Kings de Los Angeles. Il n’a jamais atteint la marque de 25 buts par la suite, mais obtenu deux fois 24 buts, la dernière fois l’an dernier.

La nouvelle acquisition du Canadien ne marquera donc pas 50 buts en 56 matchs cet hiver, mais ça, vous l’aviez déjà deviné. Peut-il terminer parmi les meilleurs buteurs de la Ligue ?

Toffoli aura 29 ans en avril. Les explosions offensives tardives sont rares. À 26 ans, Brad Marchand n’avait toujours pas connu de saison de plus de 55 points. Il avait 28 ans lorsqu’il a connu sa première production de 80 points ou plus. Il a atteint la marque des 100 points à l’aube de ses 31 ans.

La production de J.T. Miller, des Canucks, oscillait entre 40 et 55 points avant son arrivée à Vancouver, l’an dernier. Il a obtenu 72 points en 67 matchs à la gauche d’Elias Pettersson l’an dernier, à 26 ans.

Blake Wheeler a connu sa première saison de plus de 70 points à 29 ans et sa première saison de plus de 90 points à 31 ans. Mais il avait au préalable flirté avec la marque des 70 points quatre années de suite avant d’exploser.

Il faut aussi considérer un autre facteur. Toffoli ne jouera pas 56 matchs contre les Canucks de Vancouver. Le Canadien a disputé la moitié de ses matchs contre les Canucks. Toffoli a marqué huit de ses neuf buts contre eux, et 11 de ses 13 points. Lors des cinq autres matchs, contre Toronto, Edmonton et Calgary, Toffoli a obtenu deux points.

À sa défense, il lui a fallu une certaine période d’adaptation à ses premiers matchs dans l’uniforme du Canadien, disputés contre Toronto et Edmonton. Après avoir obtenu seulement un point à ses trois premières rencontres (certains commençaient même à douter !), Toffoli a amassé 12 points à ses sept derniers ! Il a été blanchi une seule fois, dans la défaite de 2-0 contre les Flames.

Toffoli, dont le deuxième but, mardi soir, constituait l’un des plus spectaculaires de la saison (le revers est une arme trop peu utilisée de nos jours), montre aussi un taux d’efficacité étonnant de 25 % : il a eu besoin de 36 tirs pour marquer ses neuf buts.

Sa polyvalence est étonnante. Il marqué deux fois en supériorité numérique, deux fois en infériorité numérique (en plus d’une aide) et cinq fois à cinq contre cinq. Il vient au deuxième rang chez les attaquants du Canadien en termes d’utilisation avec une moyenne de 16:58 par match. Nick Suzuki est premier à 18:07. Il est le joueur le plus utilisé en supériorité numérique, 3:22 par rencontre.

Se permettre de faire jouer un attaquant d’une telle qualité au sein d’un troisième trio constitue une bénédiction pour les entraîneurs. Il fournit enfin au jeune centre Jesperi Kotkaniemi un joueur assez habile pour compléter ses jeux.

Après avoir été blanchi à ses trois premiers matchs, le centre de 20 ans du Canadien a obtenu sept points à ses sept dernières rencontres.

Et il ne dépend pas de Toffoli pour autant. Ses passes ont mené à deux buts de son ailier droit attitré, mais ses quatre autres ont fait marquer Joel Armia, Josh Anderson, Brendan Gallagher et Jeff Petry. En dix parties, Kotkaniemi est à un point de son total de l’an dernier en 36 matchs.

On verra ce qu’il adviendra au troisième membre de ce trio lorsque Joel Armia sera en santé. Corey Perry a commencé en force, mais il a ralenti ces derniers matchs. Son intelligence féroce et son expérience lui permettent une certaine efficacité, mais son manque de vitesse constitue un handicap. Il a vu son temps d’utilisation fondre à 11:49 mardi.

Le Canadien affrontera les Sénateurs d’Ottawa jeudi et samedi. Les Sénateurs ont subi un neuvième revers consécutif à Edmonton mardi. Ils ont remporté une seule victoire, contre Toronto, lors de leur premier match. Ils ont marqué 14 buts à leurs sept derniers matchs et en ont accordé… 38.

Pour les adeptes des statistiques comparatives :

Jesperi Kotkaniemi : 10 matchs, un but, six aides, 7 points, +6, temps d’utilisation 13:44.
Brady Tkachuk : 10 matchs, trois buts, quatre aides, 7 points, -4, temps d’utilisation 17:40.

Peut-on se contenter d’affirmer que les deux organisations ont fait de bons choix ?

NOTES : Un jeu passé inaperçu en première : Jonathan Drouin fonce en zone adverse avec la rondelle. Alexander Edler referme l’écart et Drouin perd ses options. Il virevolte sur lui-même le long de la bande, au milieu de la zone offensive, jette un coup d’œil devant, aucune option. Sagement, il rejette du revers dans le coin de patinoire pour y envoyer Josh Anderson. Le mastodonte du CH remporte sa bataille pour la rondelle, remet à Suzuki, qui remet à Chiarot. Celui-ci tire, Anderson a le temps de revenir à l’orée du but, saisir le retour et marquer. L’ancien Jonathan Drouin aurait probablement tenté une passe transversale impossible. Il n’a pas obtenu de point sur le jeu, mais permis à son équipe de marquer le premier but. Drouin a neuf points en dix matchs mais surtout, il joue de la bonne façon.

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1- La Coupe du monde de soccer à Montréal coûterait trop cher, estime Alexandre Pratt.

2- Guillaume Lefrançois et Simon-Olivier Lorange étaient au Centre Bell mardi soir pour y analyser le match du Canadien.

3- Patrick Mahomes deviendra-t-il le premier quart-arrière de 25 ans ou moins à remporter deux Super Bowls ? L’analyse de Miguel Bujold.