Le contraste est saisissant.

Pierre Dorion a accueilli les médias avec sa bonhomie habituelle, jeudi, après avoir réussi à s’entendre à long terme avec sa jeune vedette Brady Tkachuk pour 57,7 millions.

Le directeur général des Sénateurs d’Ottawa contenait mal ses émotions. « J’essaie de contrôler mes émotions, mais il y a un énorme sourire à l’intérieur, parce que c’est tellement une grande journée pour nous… »

Quand Nick Suzuki, le meilleur jeune centre du Canadien depuis des décennies, est devenu l’attaquant le mieux payé de l’histoire de l’équipe, la nouvelle a été traitée comme si on venait d’acquérir un joueur au ballottage.

« Nous sommes très heureux de nous assurer des services de Nick pour les huit prochaines saisons », s’est contenté de dire Marc Bergevin par voie de communiqué.

C’était pourtant une nouvelle de taille. L’une des plus importantes des dernières années.

Un club solide a besoin d’une direction solide. Le Canadien a une fiche de 0-2 pour entamer la saison, après avoir subi une correction aux mains des Sabres de Buffalo jeudi soir, et le statut de la direction demeure toujours aussi nébuleux.

Il n’y a peut-être pas de lien de cause à effet, mais le problème devra être réglé tôt ou tard.

Bergevin ne peut pas faire les arrêts pour Samuel Montembeault. Il ne peut pas compter des buts d’un tir de la pointe en supériorité numérique. Il ne peut pas empêcher les attaquants adverses d’entrer dans la zone du Canadien comme on entre dans un centre commercial au lendemain de Noël. Il n’a pas de potion magique pour ramener Carey Price, Joel Edmundson, Shea Weber et Mike Hoffman sur la glace.

Mais le flou entourant son avenir chez le CH provoque un malaise palpable. Pour le client payeur comme pour les joueurs. Et son absence lors de l’annonce de la prolongation de contrat à Suzuki a amplifié encore davantage le malaise.

Quand le directeur général du Canadien s’est présenté devant les médias la semaine précédente pour annoncer l’absence de Carey Price pour les semaines suivantes, on a vu un DG ébranlé par la nouvelle, évidemment, mais épuisé aussi, et surtout nébuleux sur les questions touchant à son avenir.

L’ascension vers la finale de la Coupe Stanley a semblé épuisante, autant physiquement qu’émotionnellement, pour les principaux acteurs de l’aventure, y compris le directeur général.

Il s’agit uniquement de deux défaites. Mais si la situation se prolonge, il faudra sentir la force de la direction.

L’absence de Carey Price et Shea Weber fait mal. Les départs de Phillip Danault, un centre sous-estimé, et de Jesperi Kotkaniemi, font mal.

Quelques mois à peine après cette surprenante place en finale de la Coupe Stanley, il est permis de se demander quelle est l’identité de cette équipe: un club en transition ? En réinitialisation ? On espérait un club aspirant à la Coupe ? Offensif ? Défensif ? Robuste ? Pas clair, n’est-ce pas ? Bergevin croit-il en l’équipe actuelle ?

On ne doute pas du professionnalisme de Marc Bergevin. Mais il demeure humain. On ne gère pas une équipe de la même façon, ne serait-ce que de façon inconsciente, quand notre futur avec une organisation est nébuleux.

Si le CH s’enlise et s’éloigne d’une place en séries éliminatoires ces prochains mois, il faudra prendre des décisions importantes à long terme, peut-être larguer des joueurs importants pour obtenir de bons choix au repêchage et des espoirs, et entrer dans une nouvelle phase de rajeunissement.

Si au contraire les joueurs du Canadien cicatrisent rapidement leurs brûlures « après avoir mis leur main sur le poêle », comme l’a si bien imagé Dominique Ducharme, et si l'équipe se retrouve en position de force à l’approche de la date limite des transactions, Bergevin se retrouvera peut-être dans une position d’acheteur. Il y aura des décisions délicates à prendre là aussi.

Céder un Jordan Harris au lieu d’un Gianni Fairbrother, par exemple, est moins douloureux quand on se sait sur son départ, même si Bergevin, en homme fier, ne voudra jamais mal paraître, ni à court, ni à long terme.

Le moment serait bien choisi pour le président de l’équipe, Geoff Molson, de sortir de son mutisme. Question de rassurer ses clients, et de montrer que la direction du Canadien de Montréal est solide à court, moyen et long terme. Il est permis d’en douter, à l’heure actuelle.

La fête à Los Angeles

PHOTO RINGO H.W. CHIU, ASSOCIATED PRESS

Phillip Danault (au centre) célèbre après avoir marqué son premier but avec les Kings.

La direction des Kings a choisi d’accélérer le processus de réinitialisation cette année en embauchant les vétérans Phillip Danault, Viktor Arvidsson et Alex Edler cet été. Le virage a plu aux deux stars de l’équipe, Anze Kopitar et Drew Doughty, de toute évidence, du moins leur a-t-il donné des ailes pour le match d’ouverture : les Kings ont battu les Golden Knights 6-2. Kopitar s’est payé une soirée de cinq points, Doughty quatre… et Danault a marqué son premier but dans son nouvel uniforme !

Difficile pour les Coyotes et Tourigny

PHOTO JAY LAPRETE, ASSOCIATED PRESS

Les Coyotes ont subi une raclée de 8-2 face aux Blue Jackets pour entamer leur saison.

André Tourigny avait beau tenter de nous convaincre de la bonne volonté de ces vétérans acquis au cours de l’été après avoir été rejetés par leurs équipes respectives, « on ne va pas à la chasse à l’ours avec des couteaux à beurre », comme l’avait dit à l’époque le bon vieux Pat Burns. Les Coyotes affrontaient pourtant des Blue Jackets en reconstruction, jeudi soir à Columbus, mais ils ont subi une raclée de 8-2 pour entamer leur saison. Ils ne gagneront pas beaucoup de matchs avec Carter Hutton devant le filet et des Andrew Ladd, Loui Eriksson, Shayne Gostisbehere, Anton Stralman et compagnie…

Charlie McAvoy à Boston pour longtemps

PHOTO MICHAEL DWYER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le défenseur des Bruins Charlie McAvoy a signé une prolongation de contrat de huit ans de 76 millions.

Repêché par les Bruins en 2016 sous l’insistance de l’adjoint au DG John Ferguson fils en raison des liens forts entre les deux familles - grand-papa McAvoy faisait les travaux de plomberie chez les Ferguson, entre autres - Charlie McAvoy est vite devenu l’un des meilleurs défenseurs de la LNH. Son entrée fracassante à Boston, à 19 ans, a d’ailleurs transformé les Bruins. Pourtant, il demeure un défenseur sous-estimé. Peut-être plus maintenant. Après une saison de 30 points en 51 matchs, 12 points en 11 rencontres de séries, et du jeu inspiré dans les trois zones, évidemment, Charlie McAvoy vient de signer une prolongation de contrat de huit ans, moyennant 76 millions. Il faudra bientôt le considérer parmi les sérieux candidats au trophée Norris. On aurait déjà dû le faire d’ailleurs…

À lire

1- Analyse très juste de Guillaume Lefrançois sur la défaite cinglante du CH jeudi soir.

2- Depuis 18 ans, Bruny Surin a amassé 1,5 million de dollars par l’entremise de sa fondation homonyme. Un geste naturel pour le champion olympique, qui a lui-même longtemps bénéficié du soutien de sa communauté. Un texte de Simon Drouin.

3- Ébranlé par sa déconvenue aux Jeux de Tokyo, le jeune plongeur montréalais Cédric Fofana s’interroge toujours sur les circonstances qui l’y ont conduit. Un deuxième texte de Simon... pour le même prix !