Depuis 18 ans, Bruny Surin a amassé 1,5 million de dollars par l’entremise de sa fondation homonyme. Un geste naturel pour le champion olympique, qui a lui-même longtemps bénéficié du soutien de sa communauté.

Chaque année depuis 18 ans, Bruny Surin active son réseau. Il lance des appels et cogne aux portes pour la principale activité de financement de la fondation qui porte son nom. « Coucou, c’est encore moi. Je me demande toujours : vont-ils être tannés ? À date, ils ne sont pas tannés de moi ! »

Au téléphone, l’ex-sprinteur éclate de son rire de gamin coutumier. Au fond, il a l’habitude de solliciter les autres. Aux balbutiements de sa carrière, il faisait la tournée des commerces du quartier Saint-Michel, à commencer par le dépanneur du coin. Un jour, à sa grande surprise, un propriétaire de restaurant lui a remis un juteux chèque de 500 $.

« Avec cet argent, je me suis payé mes premières pointes. Ensuite, j’ai pris part à des camps, participé à des compétitions. »

À son retour des Jeux du Commonwealth en 1990, où il avait remporté la médaille de bronze au 100 m, Surin a fait connaissance avec Claude Chagnon, président de Vidéotron. Les 500 $ se sont transformés en 25 000 $. Cette première commandite a duré toute sa carrière.

Surin a également rencontré le fondateur André Chagnon, qui passait tous les jours au bureau pour travailler sur sa fondation destinée aux enfants, à la pauvreté et à l’éducation.

« D’un point de vue entrepreneurial, le gars est parti de zéro et il a bâti une multinationale. Il est multimillionnaire et il continuait de s’impliquer. C’est venu me chercher. Je me suis dit : si je peux mettre mon grain de sel moi aussi, je le fais. C’est vraiment lui qui m’a inspiré. »

La Fondation Bruny Surin est née en 2002, l’année de la retraite du champion olympique au relais et double vice-champion mondial au 100 m.

Les Québécois et les Canadiens m’ont toujours soutenu. J’ai eu une bonne carrière, ça a bien été. Je ne me serais jamais senti à l’aise de dire : ‟Merci à tout le monde, aux commanditaires, maintenant, arrangez-vous avec vos problèmes !”

Bruny Surin

« Présentement, il y a beaucoup de jeunes qui sont dans la même situation où j’étais. C’est là qu’est venue l’idée de faire la fondation, pour redonner aux autres. »

Forte délégation tokyoïte

Son 18e gala aura lieu ce vendredi soir dans la salle de bal Le Windsor. Sa thématique : célébrons les succès aux Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo.

Les médaillés Aurélie Rivard, Maude Charron, Laurence Vincent Lapointe et Nicolas-Guy Turbide feront partie des invités, de même que Katerine Savard, Kristel Ngarlem, Caeli McKay et Vincent Riendeau.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Laurence Vincent Lapointe et ses médailles olympiques, lors d’un évènement à Laval pour célébrer le retour des athlètes ayant participé aux Jeux olympiques de Tokyo

Plusieurs athlètes olympiques seront de la partie comme Alexandre Bilodeau, Alexandre Despatie, Joannie Rochette, Roseline Filion et Benoît Huot, de même que les joueurs de soccer Patrice Bernier, Ali Gerba et Antonio Ribeiro.

« Je serai le plus vieux », pouffe Surin, 54 ans, qui donne plusieurs conférences par semaine et se passionne de plus en plus pour l’immobilier, domaine dans lequel il investit.

L’évènement, qui accueillera plus de 200 personnes, vise à amasser 125 000 $. La fondation s’implique dans quatre secteurs : des bourses aux athlètes dans le cadre de la Fondation de l’athlète d’excellence, des visites de personnalités sportives dans les écoles, le programme « Les premières foulées Bruny Surin », une série de compétitions d’initiation à l’athlétisme dans les écoles primaires, et des camps d’entraînement.

Un soutien plus que financier

Après deux Jeux olympiques, le plongeur Vincent Riendeau, 24 ans, a décidé de remiser son maillot et son chamois. Sa carrière sera soulignée ce vendredi dans le cadre du gala de la Fondation Bruny Surin (FBS). Par l’entremise de la Fondation de l’athlète d’excellence, l’athlète de Pointe-Claire a reçu pas moins de 10 bourses de la FBS, dont le montant variait de 2000 à 4000 $. Ces sommes servaient à payer des stages d’entraînement et des frais de compétition, de club et d’entraîneurs.

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Vincent Riendeau

Au-delà de cet appui financier, Riendeau retient surtout les discussions qu’il a pu avoir avec l’ancien sprinteur lors de la remise des bourses.

« C’était un honneur de recevoir ça de la part de Bruny, a dit celui qui a terminé cinquième en synchro avec Nathan Zsombor-Murray à Tokyo. C’est comme un message que je recevais chaque année. Il me soutient, il croit en l’atteinte de mes objectifs. Surtout à cet âge-là, le choix n’était pas nécessairement super clair pour moi. Je pense qu’il y a beaucoup de doutes dans la tête des adolescents par rapport au sport et aux sacrifices qu’il faut faire avec la vie personnelle. Ça m’a aidé à poursuivre mon entraînement et mes objectifs parce qu’il y aurait peut-être eu d’autres choses qui auraient fait en sorte que je ne continue pas. Ç’a été une des motivations durant ma carrière. » Le double médaillé des Jeux panaméricains de 2019 poursuit ses études en génie électrique à Polytechnique.