(Montréal) Après la première partie de la série finale de la Coupe Stanley, lundi, un convoi de camionnettes arborant des drapeaux du Canadien de Montréal s’est formé près de l’anneau de la patinoire d’Anahim Lake, en Colombie-Britannique, où Carey Price jouait au hockey lorsqu’il était enfant.

Les véhicules ont parcouru une soixantaine de kilomètres en klaxonnant et en s’arrêtant dans les différentes communautés autochtones de cette vaste région occupée par le peuple des Ulkatchos, dont la mère de Carey, Linda, est cheffe du conseil de bande.

PHOTO ANDREW BREMNER, GOOGLE MAPS

Le domicile du club de hockey professionnel le plus près est celui des Canucks de Vancouver, situé à environ 12 heures de voiture au sud. Mais à Anahim Lake, c’est le Canadien de Montréal et son gardien de but qu’on célèbre.

Graham West, qui a vu grandir Carey Price, est à l’origine du convoi.

« Que le Canadien gagne ou perdre, on va se réunir après chaque match de la finale, et on sera plus nombreux à chaque fois », a expliqué Graham West à La Presse Canadienne.

« Les temps sont difficiles, alors que l’on continue de découvrir des tombes anonymes d’enfants, lui il est là, sur la scène mondiale, il nous représente dignement », a exprimé fièrement Graham West.

« C’est un leader, il ne nous a jamais oubliés, le logo de notre communauté est peint derrière son masque, il est fier d’être un des nôtres », a expliqué le travailleur forestier en précisant que la montagne dessinée sur le masque du gardien est « probablement le lieu le plus sacré de notre communauté ».

Chaque été, Graham West organise une randonnée jusqu’au sommet de cette montagne sacrée. Il y a deux ans, Carey Price et ses parents faisaient partie de l’excursion.

« Avant d’arriver en haut, on s’est arrêté, j’ai donné du tabac à Carey, et je l’ai invité à se rendre au sommet le premier et à faire une offrande de feuilles de tabac comme le faisaient les anciens. »

Graham West décrit Carey Price comme un homme humble, qui n’oublie pas ses racines, qui donne beaucoup à l’école et aux enfants de la communauté qui l’a vu grandir, mais le célèbre gardien est aussi, selon lui, « un modèle qui unifie les membres de la nation Ulkatcho et les aborigènes partout au Canada ».

Un modèle pour les jeunes autochtones

Mikisiw Awashish, un jeune innu originaire de Mashteuiatsh qui joue maintenant pour le Drakkar de Baie-Comeau dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, est particulièrement inspiré par les exploits sportifs du gardien du CH, mais aussi par son comportement en dehors de la glace.

Par exemple, le 4 juin dernier, quelques heures avant le deuxième match de la série contre les Jets de Winnipeg, Carey Price est allé rencontrer des survivants des pensionnats pour enfants autochtones devant la cathédrale St. Mary’s, au centre-ville de Winnipeg.

« Présentement, il est un des athlètes les plus occupés au monde, mais il a pris le temps de faire un détour, à pied, juste avant un match pour être proche de sa communauté, c’est remarquable », a souligné le jeune joueur de hockey.

Mikisiw Awashish est également fasciné par la prestance et le calme de Carey Price.

« Les Autochtones, on est en général calmes, mais surtout très résilients. La résilience est une qualité qui s’est développée avec les épreuves, peut-être que son calme vient de là. »

Graham West est également d’avis que les origines du gardien ont façonné son calme légendaire.

« Quand on vit ici à Anahim Lake, on élève des animaux et on trappe des animaux, alors on apprend à vivre sans précipiter les choses. Son calme provient de sa culture et il a eu de très bons enseignants, notamment sa grand-mère. »

Il y a quelques mois, Carey Price avait évoqué sa grand-mère maternelle sur les réseaux sociaux.

Dans un message où il dénonçait le racisme, il avait expliqué qu’elle avait « composé avec des injustices sociales quand elle était une jeune fille dans un pensionnat ».

« Le mauvais traitement et la position désavantageuse des gens des Premières Nations aux États-Unis et au Canada ont eu un impact sur de nombreuses générations par le biais de la pauvreté et de problèmes de consommation. Ces faits doivent être révélés », avait expliqué le gardien du Tricolore.

« Je suis un fidèle croyant en la victoire du bien contre le mal et le changement viendra. Dans notre maison, nous ne regardons pas la couleur de notre peau, mais le caractère de notre cœur », avait-il conclu.