Comment arriver au bout de cette journée sans se ronger les ongles jusqu’au sang ? Avec un match à 20 h, en plus ? C’est à la limite du soutenable. Nos excuses à l’avance.

Le Canadien entretient le mystère le plus complet sur l’état de santé de Jeff Petry et sur la possibilité qu’il soit en uniforme pour le quatrième match de la série contre les Jets de Winnipeg. Le Tricolore a la chance d’envoyer dès lundi soir ses adversaires en vacances en remportant une quatrième victoire dans cette série, et une septième de suite si l’on compte la série précédente contre les Maple Leafs de Toronto.

Petry s’est blessé au « haut du corps » en deuxième période de la rencontre de dimanche. Le défenseur a joué de malchance lorsque son petit doigt s’est coincé dans le trou de la baie vitrée réservé aux photographes de presse. Il n’a pas joué en troisième période.

Interrogé lundi matin afin de savoir si Petry serait en mesure d’affronter les Jets en soirée, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a indiqué que son joueur était toujours « en évaluation » et qu’une décision serait prise tout juste avant le match, peut-être même au terme de la période d’échauffement.

Le confrère de TSN Radio Tony Marinaro a quant à lui affirmé, lundi après-midi, que Petry avait deux doigts disloqués, mais que les médecins ont pu replacer ses os et éviter une opération. Petry devrait cependant être opéré au terme des séries.

Il faudra néanmoins suivre l’échauffement d’avant-match de près. Si Petry devait s’absenter, le défi de le remplacer n’est pas mince. Depuis le début des séries éliminatoires, il passe presque 24 minutes sur la glace en moyenne par rencontre, alors que Ducharme n’utilise pratiquement que quatre défenseurs passé la mi-match. Non seulement est-il l’arrière du club qui dispute le plus de minutes en avantage numérique, mais il donne également du sien à court d’un homme.

Et, la chose n’est pas anodine : en son absence, Shea Weber devient le seul droitier en santé. Après lui, on doit reculer jusqu’à Cale Fleury dans la hiérarchie de l’organisation. Ne retenez pas votre souffle, ce ne sera pas lui qui sera appelé en renfort.

Ducharme a déjà confirmé qu’Alexander Romanov ou Xavier Ouellet recevra l’appel, si appel il y a. Les journalistes de RDS et de TVA Sports qui ont assisté à l’entraînement des réservistes ont souligné sur les réseaux sociaux que Ouellet avait été le premier à quitter la glace, indice qu’il pourrait jouer. Mais Romanov l’a suivi quelques instants plus tard. Les indices demeurent flous.

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Xavier Ouellet

Sur les critères qui dicteront son choix, Ducharme a indiqué qu’il « regarde toutes les situations ». À savoir la supériorité numérique (avantage Romanov), l’infériorité numérique (avantage Ouellet), mais également les confrontations avec les trios adverses et les combinaisons potentielles avec les autres défenseurs. « On en parle et on va voir. » Des auteurs de polars ont gagné des prix pour des intrigues moins bien ficelées.

L’entraîneur a de nouveau rappelé que Ouellet était habileté à jouer à droite et qu’il préférait employer Romanov à gauche. La foule écarquille les yeux. « Mais on a Joel Edmundson et Ben Chiarot qui peuvent jouer à droite. On a des options », a-t-il ajouté. La foule retourne à son breuvage, déçue.

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Alexander Romanov

Peu importe le scénario retenu, et que Petry joue ou non, on peut d’emblée prédire que Weber, Chiarot et Edmundson obtiendront (encore) plus de responsabilités. Déjà, dimanche, on a vu Chiarot et Edmundson apparaître en avantage numérique en remplacement de Petry.

« Gros match »

Parmi les autres considérations du jour, il y a, nous l’avons déjà évoqué, la possibilité réelle que le Canadien balaie les Jets dès lundi soir et, du coup, qu’il s’évite un voyage à Winnipeg pour un match numéro 5. Si vous cherchez la manifestation d’une situation « gagnant-gagnant », vous n’en trouverez certainement jamais de plus probante que celle-là.

Sans surprise, le discours officiel est celui de la vision à court terme.

« On se concentre uniquement sur le match de ce soir. On ne veut pas regarder trop en avant », a résumé Artturi Lehkonen.

« C’est la même chose chaque jour. On fait notre travail et on se prépare à jouer un gros match. L’état d’esprit ne chance pas », a complété Paul Byron.

Après avoir vu son équipe disputer son meilleur hockey de la saison contre les Jets depuis deux rencontres, Dominique Ducharme a défié ses hommes de « reproduire les bonnes choses [qu’ils ont faites] » et d’être « encore meilleurs ».

Au cours du match numéro 3, remporté 5-1 par le CH, on a vu les joueurs des Jets montrer des signes de frustration en troisième période, alors que la victoire devenait hors de leur portée. Personne, en outre, n’a oublié la manière dont le match numéro 1 s’est terminé, avec Jake Evans sur une civière et Mark Scheifele suspendu pour quatre rencontres.

Or, Ducharme a aimé la manière dont son équipe a « géré ses émotions » depuis le début de la série. « Ça ne nous inquiète pas du tout », a-t-il dit à propos de la menace de coups dangereux venant du camp adverse dans ce quatrième match.

« Le geste sur Jake, ç’aurait pu être quelque chose qui nous dérange, on aurait pu le gérer de la mauvaise façon et laisser ça affecter nos matchs, a-t-il noté. Mais je trouve qu’en général, on gère ça comme il faut. Du reste, les arbitres et la ligue font leur travail. »