Dominique Ducharme a eu 99 problèmes cette saison, mais Tyler Toffoli n’en était pas un.

La saison du Canadien ne tient plus qu’à un fil ; elle pourrait prendre fin ce jeudi, contre des Maple Leafs de Toronto qui détiennent une avance de 3-1 dans la série. Pour que cette série se poursuive, il faudrait idéalement que Toffoli retrouve son don pour marquer des buts.

Rappelons les faits. Toffoli a terminé la saison au 7rang de la LNH avec 28 buts. S’il n’avait pas raté quatre matchs, il aurait même pu s’immiscer dans le quintette de tête. L’Ontarien a aussi fait preuve d’une belle constance, sa plus longue léthargie sans but se limitant à six matchs. Enfin, ses statistiques n’étaient pas gonflées par des situations de jeu inhabituelles, car il vient également au 7rang pour les buts à forces égales (19).

Sauf que ça s’est gâté dernièrement. Aucun but en quatre matchs dans cette série, aucun non plus à ses quatre derniers duels de la saison. Il joue pourtant 19 min 5 s par match, soit la plus haute moyenne – et de loin – parmi les ailiers du Canadien.

Dans la série, le site Natural Stat Trick le crédite de seulement deux chances de marquer, toutes situations confondues. À titre indicatif, il en a obtenu 65 en 52 matchs pendant la saison, soit un rythme nettement supérieur à ce qu’il démontre après quatre matchs. Et mis à part cet arrêt de la mitaine de Jack Campbell, il n’a pas souvent mis à l’épreuve le gardien des Leafs.

« Je pense que j’ai eu de très bonnes chances », s’est défendu Toffoli, lors d’une brève visioconférence mercredi avant le départ pour Toronto.

« Ce sont les séries, les gars bloquent des tirs. [Mardi], j’ai eu de très bonnes chances, mais les rondelles bondissent sur eux ou sur nous. Pendant la saison, ça bondissait et ça rentrait. Je dois continuer à tirer, obtenir des chances et espérer que ça rentre. »

Une tendance lourde

Il est toujours risqué de porter des jugements sur de petits échantillons. Sauf qu’une série 4 de 7, contrairement à une saison, c’est justement un petit échantillon.

Or, l’histoire récente nous apprend que des pannes comme celle que vit Toffoli sont fatales.

Projetée sur 82 matchs, la production de Toffoli cette saison lui aurait donné 44 buts. Nous avons donc analysé les 95 cas de saison de 40 buts dans la LNH depuis le lock-out de 2004-2005. Du lot :

  • 65 ont marqué au moins un but en séries ;
  • 5 de ces 65 ont même mené leur équipe à la conquête de la Coupe Stanley ;
  • 23 ont raté les séries ;
  • 7 ont participé aux séries ET n’ont pas marqué. 

Ce sont ces sept joueurs qui nous intéressent. Dans les sept cas, leur équipe a été éliminée dès le premier tour.

Bref, le constat semble assez clair. Les séries sont courtes, et les léthargies font mal, quand on sait que marquer des buts est considéré par plusieurs comme l’habileté la plus dure à trouver dans la LNH.

C’est d’autant plus vrai dans une équipe comme le Canadien, qui ne regorge pas de ce type de talent. Le Tricolore compte dans ses rangs 4 joueurs qui ont déjà connu des saisons de 30 buts : Toffoli, Brendan Gallagher, Corey Perry et Eric Staal. Ces deux derniers sont en fin de carrière. Ne reste donc que Toffoli et Gallagher, qui est lui aussi à zéro dans cette série. Cole Caufield et Nick Suzuki ont le potentiel de se joindre à cette liste, mais ils n’y sont pas encore.

Ducharme a défendu Toffoli. « On regarde les tirs qu’il a eus [mardi]… Il peut marquer au moins un but, peut-être deux sur ce genre de tirs, a avancé l’entraîneur-chef. Il l’a fait toute la saison.

« Tu veux toujours créer plus de chances. [Mardi], selon notre compte, ils ont eu deux ou trois chances de plus que nous. On veut en créer plus. Mais il faut aussi finir, quand on a des chances comme ça. Dans les séries, c’est une guerre de tranchées pour créer ces chances-là. Une fois que tu les as, tu dois les finir. »

Aux attaquants d’attaquer

Il reviendra donc à Toffoli, Gallagher, Suzuki et aux autres valeurs sûres du Canadien de relancer l’attaque.

On pourrait certainement inclure Jeff Petry dans cette liste de valeurs sûres ; ses 42 points lui ont valu le 7rang chez les défenseurs de la LNH cette saison. Le grand droitier n’a toujours pas un seul point après quatre duels éliminatoires.

Il n’est toutefois pas seul. Les défenseurs n’ont toujours pas de point dans cette série, et Ben Chiarot a offert son explication.

« Les Maple Leafs forment une bonne équipe offensive. Les défenseurs qui appuient l’attaque, ça devient secondaire. Leurs quatre trios peuvent te battre. Notre priorité n’est pas d’appuyer l’attaque, c’est de défendre. »

Quoi qu’il en soit, la défense du Canadien n’est pas faite pour appuyer l’attaque. Petry est le seul du groupe à avoir cet aspect dans son ADN. Shea Weber possède un tir redoutable, mais encore mardi, il a laissé passer plusieurs occasions de tirer, alimentant les doutes sur les effets de sa blessure à une main de la fin de la saison.

En bref

Un voyage sans Lehkonen ni Evans

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Artturi Lehkonen et Jake Evans

Comme c’était le cas après la date limite des transactions, Ducharme devra créer une meilleure recette avec les mêmes ingrédients. L’entraîneur-chef du Canadien a indiqué mercredi qu’Artturi Lehkonen et Jake Evans, blessés, n’accompagneront pas l’équipe à Toronto pour le cinquième match de la série contre les Maple Leafs, qui sera joué jeudi. C’est donc dire que Ducharme aura très peu d’options pour changer la donne à l’attaque. Michael Frolik est son unique réserviste, à l’avant, qui a joué plus de deux matchs dans la LNH cette saison ; il en a disputé huit et n’a pas obtenu de point.