Y’a pas à dire, Jesperi Kotkaniemi et Cole Caufield s’en vont dans des directions tout à fait opposées.

Alors que le Canadien se prépare à entamer le détail, le premier est complètement perdu, déboussolé et ne ressemble en rien au joueur qui a été, il n’y a pas si longtemps, un troisième choix au total. Pendant ce temps, le deuxième ressemble à un mélange de Wayne Gretzky et de Mike Bossy.

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On exagère ? Un peu, sans doute. Mais cette légère exagération sert à illustrer combien Caufield possède ce flair pour le filet qui est d’ordinaire l’apanage des joueurs de premier plan.

Le match de mercredi soir, une victoire de 4-3 des Oilers d’Edmonton en prolongation au Centre Bell, était le dernier de la saison et n’avait aucune espèce d’importance pour les deux clubs. Mais le petit attaquant s’en est servi pour nous rappeler ce qu’il était : un « scoreur », en bon français.

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Les joueurs des Oilers célèbrent leur victoire en prolongation.

« Je me sens à l’aise, a-t-il expliqué après le match. Je me suis poussé chaque jour pour montrer que je mérite ma place. Mais on doit gagner en tant qu’équipe, et c’est tout ce qui compte. »

La suite sera intéressante.

Car le Canadien va amorcer sa série contre les Leafs en milieu de semaine prochaine, et on a bien du mal à concevoir une formation montréalaise sans Caufield. Ce jeune homme peut atteindre le filet de n’importe où, et son tir est tellement sec que chaque fois qu’il lance, ça se transforme en occasion de marquer.

Ses chiffres ne sont pas mauvais non plus : 4 buts et 1 aide en 10 matchs, dont 1 but et 1 aide mercredi soir. Bien sûr que ce n’est pas parfait : en prolongation, il s’est laissé attirer tel un aimant vers la rondelle et a complètement oublié Dominik Kahun qui passait derrière, et qui a filé seul vers le gardien Cayden Primeau pour le but de la victoire. Mais ce genre de choses se travaille et se corrige.

Au moins, on sait qui est Cole Caufield et ce qu’il peut apporter. Mais peut-on en dire autant de Jesperi Kotkaniemi ?

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Jesperi Kotkaniemi

C’est devenu très difficile pour lui. Mercredi soir, le Finlandais a conclu sa soirée avec rien à sa fiche, sinon un maigre tir. Il n’a pas marqué depuis le 30 mars, et il vient de conclure la saison sur une très mauvaise note, sans le moindre point à ses 12 derniers matchs.

Ce sera très dur de lui trouver une place dans la formation quand ça va commencer contre Toronto. Au centre, Eric Staal, pour des raisons d’expérience en premier, sera employé, et si Phillip Danault est en santé, il y sera lui aussi, bien évidemment. On voit mal Jake Evans sortir de la formation. Alors peut-être que si on lui demande de jouer, il pourrait devoir passer à l’aile.

Mais qui est Jesperi Kotkaniemi, au juste ? Caufield est un marqueur. Nick Suzuki, qui vient de conclure sa saison avec 14 points en 11 matchs, est un excellent fabricant de jeu. Mais Kotkaniemi, lui, à quoi sert-il ? Quel est son rôle ? Après trois saisons, ce n’est pas encore clair.

On va passer vite sur Primeau, qui a eu une soirée difficile devant le filet, et qui a besoin de passer plus de temps dans la Ligue américaine. Mais avec tout ça, le Canadien conclut sa saison sur une série de cinq défaites.

Plusieurs blessés devraient revenir au jeu quand ça va compter pour vrai d’ici quelques jours, mais là, on est devant un cas classique de pensée magique et d’équipe qui pense pouvoir presser un bouton d’énergie imaginaire, de sorte que, soudainement, les victoires vont s’enfiler les unes après les autres.

Bref, le Canadien, malgré toutes les embauches et transactions depuis l’automne, en est encore au même point : à espérer que Carey Price vole des matchs.

Ça n’a pas marché très souvent en 15 ans.

En hausse

Cole Caufield

Oui, il y a des carences en défense, mais le Canadien a entre les mains un talent offensif dont le potentiel est très élevé.

En baisse

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Tomas Tatar, Jujhar Khaira et Ben Chiarot

Tomas Tatar

Il commence à s’ennuyer de Danault et de Gallagher ; seulement un point à ses sept derniers matchs.

Le chiffre

,429

Il s’agit du pourcentage de victoires du Canadien en 56 matchs cette saison. La saison précédente, en 71 matchs, le club avait affiché un pourcentage de victoires de ,437.

Ils ont dit

Ç’a été bien de confirmer notre place en séries lors du match précédent et ce sera bien d’avoir quelques jours de congé aussi avant de commencer les séries. Ce calendrier n’a pas été facile, et quand on a eu la semaine de congé à cause de la COVID-19, ç’a été encore plus difficile par la suite.

Nick Suzuki

Quand je pense à cette série contre les Leafs, ça me fâche encore plus de constater qu’il n’y aura personne dans les arénas, parce que ça aurait été encore plus spécial avec l’ambiance et les gens dans les gradins.

Ben Chiarot

Je me sens de plus en plus à l’aise. […] Avec Nick [Suzuki], on a obtenu des chances de marquer, on avait la rondelle en notre possession la plupart du temps.

Cole Caufield

C’était mon premier match dans la LNH et ç’a été très excitant. J’étais un peu nerveux avant le match. […] Je n’ai pas bien joué, mais je n’ai pas été mauvais non plus. J’ai disputé un bon match dans l’ensemble.

Jesse Ylönen

On va [évaluer] toute notre formation, voir la manière dont on va commencer le premier match [des séries éliminatoires]. On a vu de belles choses chez Cole Caufield, mais aussi chez d’autres jeunes joueurs, comme Jake Evans. Il faut aussi prendre en considération l’état de santé des joueurs. On aura du temps pour se préparer.

Dominique Ducharme

Dans le détail

Un nouveau numéro 56

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Jesse Ylönen

Avec Tyler Toffoli, Josh Anderson, Eric Staal, Joel Edmundson et Jeff Petry qui ont profité d’un soir de repos, ça commençait à faire beaucoup de monde à remplacer chez le Canadien. On a donc pigé chez le Rocket de Laval en rappelant notamment Jesse Ylönen, 22 ans, qui termine ces jours-ci sa première saison en Amérique du Nord dans la Ligue américaine. L’ailier finlandais, principalement reconnu pour son coup de patin et son tir foudroyant, a plutôt bien fait à la droite d’Alex Belzile et de Michael Frolik, sans pour autant ressortir particulièrement du lot. Belzile et lui se sont même vu confier une présence sur la deuxième vague de l’avantage numérique en fin de match. « Je n’ai pas bien joué, mais je n’ai pas été mauvais non plus », a analysé le principal intéressé, qui a dit s’être senti « très nerveux » avant le match. Il a terminé la rencontre avec quatre tentatives de tir – un seul a atteint la cible – en 11 min 23 s de travail. Pour vos dossiers, notez qu’Ylönen est devenu le premier joueur du Canadien en près de 20 ans à porter le numéro 56. Il a succédé à Stéphane Robidas, qui l’a arboré de 2000 à 2002.

Pénible pour Primeau

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Jake Evans, Cayden Primeau et Alex Belzile

Quand il racontera sa carrière professionnelle à ses petits-enfants, Cayden Primeau ne s’attardera sans doute pas beaucoup à la saison 2021. Mercredi, le jeune gardien a disputé son quatrième match de la campagne et a de nouveau semblé très fragile. Non seulement il a été faible sur au moins un but des Oilers en première période, mais il a semblé lutter avec la majorité des tirs qu’il a reçus, distribuant généreusement les retours et cherchant (trop) souvent la rondelle des yeux. Sa courte contribution en 2021 se résume donc à une fiche de 1-2-1, une moyenne de buts accordés de 4,16 et un taux d’arrêts de ,849. Après le match, Dominique Ducharme a souligné qu’après un départ difficile, son gardien avait « trouvé une façon de rester dans le match, de le finir d’une bonne façon ». « En troisième période, on était largement la meilleure équipe sur la glace, a ajouté l’entraîneur-chef. C’est malheureux qu’on ait dû aller en prolongation, et leur première chance qu’ils ont eue, c’était une échappée. Ce n’était pas évident pour lui. »

« De la neige dans les yeux »

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Mike Smith

« On a été négligents, imprécis, mais au moins, personne ne s’est blessé et on a eu les deux points », a lancé l’entraîneur-chef des Oilers, Dave Tippett, après qu’il eut été invité à commenter la performance de son équipe. « Personne de blessé ? Qu’en est-il de Mike Smith ? », l’a relancé un reporter d’Edmonton. « Il a reçu de la neige dans les yeux, mais il est OK », a sèchement rétorqué Tippett. Il résumait ainsi une séquence inquiétante où on a vu Alex Belzile atteindre Smith à la tête avec son patin en deuxième période. Le gardien des Oilers a passé une longue minute étendu sur la glace, avant de se relever, visiblement ébranlé, de remettre son casque et de reprendre son poste. Alors que l’action se déroulait à l’autre bout de la patinoire au cours des secondes suivantes, on a aperçu Smith chancelant devant son filet, hochant la tête. De la neige dans les yeux ? À d’autres, s’il vous plaît…