Disons les choses sans détour : la crise de la COVID-19 qui touche les Canucks de Vancouver est la plus sérieuse dans le sport professionnel depuis le début de la pandémie. Issue du très contagieux variant brésilien, elle met la LNH face à un problème majeur.

Cette fois, une équipe ne doit pas seulement suspendre ses activités en attendant des tests négatifs. Selon plusieurs journalistes bien informés, des joueurs éprouvent des symptômes inquiétants. De jeunes hommes à la condition physique exemplaire sont malades. Des membres de leur entourage sont touchés. Ce malheur a déferlé sur la grande famille des Canucks à une vitesse vertigineuse.

Plus tôt cette saison, d’autres équipes de la LNH ont composé avec une éclosion du virus, forçant le report de nombreux matchs. Mais comme le rappelle La Presse Canadienne, les joueurs ayant subi un test positif ont pour la plupart éprouvé des symptômes légers. À Vancouver, la réalité semble, hélas, différente. Il faudra du temps avant de revoir cette équipe sur la glace.

Afin d’éviter que les variants frappent d’autres équipes canadiennes, la LNH doit donner un tour de vis supplémentaire pour s’assurer du respect des règles sanitaires. Ce nouveau rival est encore plus sournois et il faut adopter une politique de tolérance zéro. Sinon, les Canucks risquent de ne pas être la seule organisation de la division Nord ainsi attaquée.

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’organisation des Canucks de Vancouver est frappée de plein fouet par la COVID-19.

Bien sûr, les formations américaines ne sont pas l’abri de ce mauvais coup du sort. Mais la réalité vaccinale leur est beaucoup plus favorable. Selon ABC News, dans au moins 19 États, les gens de 16 ans et plus peuvent recevoir le vaccin dès maintenant. Les autres États en seront bientôt là. Résultat, la LNH deviendra une ligue à deux vitesses : des équipes américaines dont les joueurs peuvent ou pourront être facilement vaccinés, et des équipes canadiennes devant prendre leur mal en patience en attendant cet avantage.

Dans la NBA, des équipes profitent déjà de ce large accès aux vaccins. Ainsi, selon le USA Today, 14 joueurs des Hawks d’Atlanta et 22 membres de l’organisation ont reçu une première dose à la mi-mars. Les Pélicans de La Nouvelle-Orléans et les Trail Blazers de Portland alignent également des joueurs vaccinés. Selon ESPN, c’est aussi le cas des Stars de Dallas dans la LNH.

Aucune ligue professionnelle n’envisage de rendre la vaccination obligatoire. Mais les incitatifs à recevoir les deux doses recommandées sont importants : dans la NBA, on promet aux joueurs vaccinés un retour à la vie presque normale quand 85 % de leurs coéquipiers et du personnel d’encadrement d’une équipe auront franchi cette étape.

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La triste histoire des Canucks de Vancouver survient au moment où le sport professionnel entrevoit un retour à la normalité des choses. Cela dit, compte tenu des ravages de la pandémie aux quatre coins du monde, l’industrie ne s’est pas mal débrouillée ces derniers mois.

Hormis quelques exceptions, comme le tournoi de tennis de Wimbledon, l’Omnium britannique de golf et la Coupe Grey, la plupart des grands championnats ont été présentés et nous ont apporté une distraction bienvenue. Je ne l’aurais pas cru, il y a un an, quand les terribles conséquences de la pandémie sont devenues évidentes.

Deux autres grands rendez-vous ont été reportés d’un an : l’Euro de soccer et les Jeux olympiques d’été, maintenant prévus cet été. Mais dans quelles conditions auront-ils lieu ?

Dans des pays européens accueillant des matchs de l’Euro, comme les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie, la situation demeure tendue. Dans l’attente d’une distribution massive de vaccins, on craint les effets de la troisième vague.

Le portrait est plus rassurant en Angleterre, où seront disputées les demi-finales et la finale. Là-bas, on réfléchit déjà aux conditions qui permettront aux spectateurs l’accès au stade de Wembley. Le débat à propos de ce « passeport sanitaire » est vif, mais les Anglais ont au moins la chance d’en être rendus là.

Au Japon, où les Jeux olympiques s’amorceront le 23 juillet, les sondages démontrent le peu d’enthousiasme des citoyens à l’idée d’accueillir des athlètes du monde entier. Au point où le comité organisateur a déjà décidé d’interdire les spectateurs étrangers. Ces Jeux auront lieu dans une ambiance bizarre.

Heureusement, si la vaccination va comme prévu partout au Canada, nos athlètes olympiques recevront une première dose avant de s’envoler pour le Japon, ce qui leur laissera l’esprit plus libre pour bien performer.

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Pour que la vie retourne à la normale, il faudra qu’un maximum de gens soient vaccinés. Avec un peu de chance, cela surviendra avant longtemps dans de nombreux pays. Mais le parcours pour atteindre cet objectif sera semé d’embûches.

On le voit au Québec, où le gouvernement Legault semble ces jours-ci étourdi par les évènements : brusque changement de cap dans les directives, controverse à propos de la ventilation dans les écoles, nombreux rendez-vous de vaccination laissés sans preneur à Montréal même si des milliers de gens souhaitent recevoir une première dose. S’il fallait, par-dessus tout, que le nombre de cas reliés aux variants explose, le printemps serait difficile.

Voilà pourquoi le combat des Canucks de Vancouver, dans la mesure où il rappelle avec force les dangers du virus et de ses variants, est aussi le nôtre. Il faut être vigilant pour éviter d’autres désagréables surprises. Les vaccins nous permettent – enfin – d’apercevoir le proverbial bout du tunnel. Mais cet interminable duel contre le coronavirus est loin d’être terminé.