Alors que Rick Bowness connaît aujourd’hui du succès comme entraîneur-chef, c’est surtout comme adjoint qu’il a fait sa marque au cours de sa longue carrière.

Au total, il a été entraîneur adjoint ou associé pendant 24 saisons (complètes ou partielles), et ce, au sein de cinq organisations.

Éric Fichaud, ex-gardien aujourd’hui analyste à TVA Sports, a connu Bowness comme entraîneur associé chez les Islanders de New York à sa première saison complète à Long Island. Le Québécois se rappelle un homme « juste, très en contrôle », qu’il adorait.

Fichaud avoue par contre que la promotion de Bowness comme entraîneur-chef, après que le controversé Mike Milbury se fut retiré du poste en cours de saison, n’a pas été de tout repos.

Visiblement sous haute pression, Bowness est devenu plus tendu, distant. La franchise traversait alors certaines des années les plus difficiles de son histoire, sous la direction d’un directeur général (Milbury) dont l’évocation du nom donne encore des cauchemars aux fans des Islanders. Bowness a d’ailleurs estimé, en entrevue avec La Presse en février dernier, qu’il n’aurait pas dû accepter cet emploi.

Fichaud souligne tout de même à quel point il est impressionné par ce que son ancien pilote accomplit aujourd’hui.

Tu vois à la réaction de ses joueurs à quel point c’est un entraîneur apprécié.

Éric Fichaud

Parti de Long Island, Bowness a joué exclusivement les seconds rôles au cours des deux décennies suivantes à Phoenix, à Vancouver, à Tampa Bay et à Dallas, à l’exception d’une courte parenthèse de 20 parties en fin de saison en Arizona, en 2004.

Daniel Brière l’a connu comme adjoint à Phoenix au tout début de sa carrière. Son souvenir, strictement positif, est celui d’une « très bonne personne qui essayait d’aider les jeunes à grandir ».

« Les assistants sont toujours plus proches des joueurs que les entraîneurs-chefs, et c’est probablement ce qui fait qu’il est si bon aujourd’hui ; il est capable de s’ajuster et comprend bien ce que les joueurs vivent », observe Brière, joint chez lui à Philadelphie, où il réside depuis sa retraite du hockey, en 2015.

Le Québécois voit d’ailleurs un parallèle avec Craig Berube, qui a remporté la Coupe Stanley l’année dernière avec les Blues de St. Louis. Lui aussi a longuement fait ses classes avant de prendre les rênes de son équipe. « Ça m’a frappé de voir comment les joueurs étaient contents pour lui quand il a soulevé la coupe », note Brière.

Au pied levé

En décembre dernier, quand les Stars ont congédié leur entraîneur-chef Jim Montgomery en raison de sa conduite « non professionnelle » – on dévoilera plus tard ses problèmes de consommation d’alcool –, le directeur général Jim Nill a dû se décider rapidement : qui, au sein de son personnel, était le plus à même de prendre la relève au pied levé ? Rick Bowness, John Stevens et Todd Nelson avaient tous été entraîneurs-chefs dans la LNH. Il fallait en désigner un sur-le-champ.

Le choix s’est arrêté sur le doyen du groupe qui, au demeurant, était celui qui était à Dallas depuis le plus longtemps. Selon Nill, les deux autres ont tout de suite été à bord, et on a greffé au groupe Derek Laxdal, qui dirigeait jusque-là le club-école dans la Ligue américaine.

Les Stars se sont bien tirés d’affaire au cours des semaines suivantes, mais connaissaient un important passage à vide au moment où la LNH a cessé ses activités en réponse à la pandémie de COVID-19.

De l’avis du DG, cette pause aura permis à Bowness et à ses adjoints de faire ce qu’ils n’avaient pas eu le temps d’accomplir dans le tumulte de la saison : apposer leur marque sur l’équipe. Les longs mois sans hockey auront, en cela, été bénéfiques aux Stars, et c’est une équipe pratiquement transformée, dont l’attaque est plus que jamais appuyée par ses défenseurs mobiles John Klingberg et Miro Heiskanen, qui s’est présentée dans la « bulle » d’Edmonton.

Moins nantis offensivement que la plupart des adversaires qu’ils ont affrontés jusqu’ici, les joueurs ont, à l’évidence, « acheté » le système de Bowness basé sur l’efficacité avant le spectacle. Et ils s’y livrent corps et âme. « Ils jouent pour leur entraîneur », a résumé Jim Nill.

Il se demandait si la chance d’être un jour entraîneur-chef de nouveau se présenterait. Elle est arrivée, il l’a saisie, et il fait du boulot formidable. Il n’y a pas de plus grande satisfaction que ça.

Jim Nill, directeur général des Stars de Dallas

Bowness lui-même a affirmé tard lundi soir que le sentiment de se retrouver en finale de la Coupe Stanley « ne peut être décrit en mots ».

Il peut en témoigner : c’est seulement la deuxième fois qu’il se retrouve en grande finale, après la défaite crève-cœur des Canucks de Vancouver en sept matchs contre les Bruins de Boston en 2011. Et c’est la première fois depuis 1992 qu’il occupe un rôle d’entraîneur-chef en séries. Et ce, même s’il est actuellement le représentant plus âgé de sa profession.

À ses joueurs, il répète qu’il est « tellement rare d’accéder à ce niveau qu’il faut en savourer chaque minute ».

Ce qu’il fait d’ailleurs, sans gêne. Et c’est pleinement mérité.