Commençons par l’essentiel : Guy Lafleur va bien. Il va si bien que c’est lui qui a dévoilé, lundi soir, le logo du repêchage 2020, qui aura lieu au Centre Bell en juin prochain.

« Ça me fait vraiment, vraiment plaisir d’être ici. C’est ma deuxième sortie officielle depuis mes opérations. J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier tous les fans qui m’ont appuyé tout au long de ma récupération. Un gros, gros merci », a lancé Lafleur, sur le podium de la salle de conférence de presse du Centre Bell.

On le croyait émotif en remarquant son débit irrégulier, mais c’était autre chose… « Désolé, j’ai le souffle court ! Mais j’ai arrêté de fumer, donc c’est bon signe ! », expliquera-t-il, en anglais, pour expliquer la situation. Lafleur, rappelons-le, se remet d’un quadruple pontage coronarien subi en septembre, avant de se faire enlever, le 1er décembre, le lobe supérieur d’un poumon. On peut comprendre le souffle court !

Plus tard, Lafleur déclarera au collègue François Gagnon, de RDS : « J’avais tellement hâte que je crois que je suis arrivé à midi. J’étais toujours le premier dans le vestiaire au Forum lorsque je jouais et j’ai respecté la tradition aujourd’hui.

« Je suis vraiment content de pouvoir sortir et de reprendre des activités. Les derniers mois ont été longs et difficiles avec les deux opérations, mais j’ai reçu des soins remarquables de la part de tout le personnel médical au CHUM. Ça s’améliore lentement, mais je prends des forces tous les jours. […] J’ai même commencé à passer ma souffleuse. Avec toute la neige qui est tombée, je n’ai pas bien le choix. Mais pas question de me servir d’une pelle. Du moins pour le moment. »

Le cas Lafrenière

C’était un choc des générations au dévoilement du logo. D’un côté, Lafleur, premier choix au total en 1971.

PHOTO FRANCOIS ROY, LA PRESSE

Alexis Lafrenière

De l’autre côté, l’attaquant Alexis Lafrenière, vu par plusieurs comme le meilleur joueur de la cuvée 2020. Hendrix Lapierre l’accompagnait. Le Québécois a longtemps été vu comme un espoir du premier tour, mais les commotions compliquent sa situation. À eux s’ajoutaient l’attaquant Dawson Mercer et le défenseur Justin Barron, deux autres joueurs de la LHJMQ pressentis pour être repêchés au premier tour.

Un collègue a fait remarquer à Lafrenière que les deux derniers Québécois à être réclamés au tout 1er rang lors d’un repêchage à Montréal étaient Lafleur et Mario Lemieux. « C’est sûr que ce sont de gros noms ! De pouvoir être repêché devant ma famille et mes amis, ce sera spécial. Pour le moment, c’est encore loin, mais j’y pense un peu », a-t-il admis.

Les Québécois et le Canadien

Le cas Lafrenière est particulier, car sa destination se décidera à la loterie. À part perdre un maximum de matchs pour glisser au classement et avoir plus de combinaisons dans le boulier, le Tricolore n’a pas vraiment d’options pour aller le chercher.

Pour les autres, c’est différent. Il était d’ailleurs drôle de voir ces espoirs accueillis en grand au Centre Bell. Parce que dans un sens, c’était un rappel d’une réalité qui en choque plusieurs : l’incapacité du Canadien à repêcher du talent dans sa propre cour.

Entendons-nous : le Canadien a compté des joueurs québécois d’impact dans ses rangs ces dernières années. Actuellement, on retrouve Phillip Danault et Jonathan Drouin. Avant eux, David Desharnais a guidé ses ailiers vers des saisons de 30 buts. Mais ce dernier a été embauché comme joueur autonome après avoir été ignoré au repêchage. Les deux autres : par voie de transaction.

En fait, pour les derniers véritables joueurs d’impact repêchés par le CH dans la LHJMQ, il faut remonter à Mike Ribeiro et François Beauchemin, en 1998.

Joueurs de la LHJMQ repêchés par le Canadien depuis 1998 (minimum 200 matchs dans la LNH)

2013 : Sven Andrighetto, 3e tour

2011 : Nathan Beaulieu, 1er tour

2005 : Guillaume Latendresse, 2e tour

2003 : Maxim Lapierre, 2e tour

1998 : Mike Ribeiro, 2e tour

1998 : François Beauchemin, 2e tour

Et les rares fois où le CH a tenté sa chance sur des Québécois ou des joueurs de la LHJMQ tôt dans le repêchage furent des insuccès. Des noms ? Zachary Fucale (2e tour, 2013), le susmentionné Beaulieu en 2011, Louis Leblanc (1er tour, 2009), Mathieu Carle (2e tour, 2006).

Les attentes

La liste ci-haut peut paraître mince. Il importe toutefois de noter que depuis le repêchage de 1998, seulement 75 joueurs repêchés dans la LHJMQ ont disputé 200 matchs dans la LNH. C’est donc 8 % du lot, une part qui dépasser les proportions attendues dans une ligue à 30 équipes.

Mais ce sont là des joueurs de soutien. On peut donc comprendre ces jeunes quand ils disent ne pas entretenir d’attentes particulières, d’autant plus qu’ils n’étaient même pas nés (!) quand le CH a réclamé Ribeiro et Beauchemin.

« Le Canadien, c’est très spécial. En grandissant au Québec, tu suis le Canadien. D’être repêché par cette organisation-là, avec la journée qu’on vit aujourd’hui, ça serait très spécial, mentionne Lapierre.

« À la base, je ne me fais pas tant d’attentes par rapport au Canadien, poursuit-il. Peu importe qui va me repêcher. C’est sûr que le Canadien n’a pas un historique de repêcher des Québécois aux 1er ou 2e tours. Mais ça peut changer d’année en année. Si un joueur joue très bien sur la glace, je ne vois pas pourquoi le Canadien ne le choisirait pas. »

Dawson Mercer, lui, vient de Terre-Neuve, là où le CH compte sa part de fidèles. Il préférait jadis les Bruins de Boston, en raison de Patrice Bergeron, mais sa carrière l’a amené à changer d’allégeance.

« Ces dernières années, en habitant au Québec, je suis tombé dans la mouvance de suivre le Canadien, d’espérer qu’ils commencent à aller mieux. En ce moment, je penche en faveur du Canadien. Une partie de ma famille aime aussi le Canadien.

« Honnêtement, je n’ai pas de préférence, je serai content avec n’importe quelle équipe. Évidemment, je serais reconnaissant que ce soit Montréal, Toronto ou Boston, les équipes qui sont populaires chez nous. »