Il n’y a personne qui peut prédire quand les arénas de la LNH vont rouvrir, incluant les patrons de la LNH. Ces jours-ci, la ligue doit plutôt se rabattre sur des scénarios de retour, des prédictions… et aussi, sur beaucoup d’espoir. Portrait de la situation en cinq temps.

Comment ramène-t-on les joueurs ?

Une bonne question pour commencer. On présume que ce serait possible d’y arriver pour les joueurs qui sont en Amérique du Nord pendant la crise, mais ça s’annonce plus difficile pour ceux qui ont déjà quitté le continent. Un bon exemple : dimanche, le premier ministre Justin Trudeau a fait savoir que les joueurs qui voudraient rentrer au Canada devraient, au minimum, se prêter à une quarantaine, alors que les frontières sont toujours fermées en raison de la pandémie. À la question : « Pour les joueurs de hockey qui pouvaient revenir de l’Europe, par exemple, et qui n’ont pas le statut de résident permanent, est-ce qu’ils auraient l’occasion de franchir la frontière librement même si la frontière n’est pas rouverte aux voyageurs non essentiels? »

Justin Trudeau a répondu ceci : « Je crois qu’il s’agit d’une question que nous devrons étudier, a-t-il déclaré lors de son point de presse quotidien. Certainement qu’au minimum, quiconque arrive d’un pays étranger devra suivre les règles de quarantaine de façon extrêmement stricte, mais nous n’en sommes pas encore là dans nos discussions avec la LNH.

« Il est vrai qu’il s’agit d’une possibilité, mais cela dépendra de plusieurs facteurs et je ne veux pas spéculer sur ce sujet tant que nos discussions ne seront pas plus avancées. »

Pour la LNH, il s’agit d’un obstacle supplémentaire, surtout que deux villes canadiennes, Edmonton et Toronto, seraient considérées pour d’éventuels matchs afin de conclure la saison 2019-20 à huis clos.

Le prochain événement sera sans doute le repêchage

Ça risque de ne pas faire l’affaire des équipes, mais tout indique que les patrons de la LNH vont quand même insister pour présenter un repêchage virtuel au début du mois de juin, même si la saison 2019-20 demeure en suspens. Pourquoi ? La principale raison est financière ; puisque le monde du sport (et le monde tout court) est en pause, un événement du genre récolterait sans doute des cotes d’écoute immenses à la télé. La NFL, par exemple, a battu des records d’auditoire avec son repêchage virtuel en avril—15,6 millions de téléspectateurs au premier tour, selon les chiffres fournis. La LNH ne va pas atteindre de tels sommets, mais il est permis de croire qu’un tel repêchage, avec Alexis Lafrenière comme premier prix, permettrait aux réseaux et aux partenaires du circuit de renflouer un peu leurs coffres en ces temps difficiles. Il y a une foule de détails à régler (l’ordre du repêchage, la possibilité de permettre ou pas des transactions), mais à défaut de pouvoir présenter des matchs dans un avenir rapproché, la LNH estime qu’un repêchage virtuel représente une formidable occasion d’affaires. Les gouverneurs du circuit en discuteront lors d’un appel-conférence qui est prévu pour lundi.

PHOTO PETER POWER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alexis Lafrenière

Le début de la saison 2020-21 en décembre ?

Vous avez bien lu. C’est, du moins, une des avenues considérées par Gary Bettman. En entrevue sur les ondes du NHL Network jeudi, le commissaire de la LNH a fait savoir que le scénario d’une saison 2020-21 qui s’amorcerait au mois de décembre est présentement à l’étude. « Il n’y a pas de formule magique pour nous permettre de commencer la prochaine saison en octobre comme on le fait d’habitude, a-t-il déclaré. S’il faut commencer en novembre ou en décembre, nous allons devoir y réfléchir. » Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est qu’avant même de penser à la saison 2020-21, la ligue va tout faire pour tenter de compléter la présente saison, celle de 2019-20. Ce qui nous mène au point suivant.

Pourquoi la LNH tient-elle tant à compléter la présente saison ?

Selon une enquête du réseau ESPN, la crise de la COVID-19 va représenter des pertes d’environ 12 milliards de dollars pour les différentes ligues sportives en Amérique du Nord. Dans le cas de la LNH, plusieurs experts prévoient des pertes d’au moins un milliard de dollars en raison de la crise, et c’est pour tenter de minimiser ces pertes que la ligue tente par tous les moyens de conclure la présente saison. Annuler des matchs, surtout des matchs des séries, aurait des conséquences très néfastes pour la ligue, qui aurait alors à rembourser (probablement) ses partenaires de la télé pour des matchs qui n’auraient pas été présentés tel que prévu.

Les joueurs voudront-ils suivre ?

Ça, c’est une excellente question. Pendant que la ligue planche sur tous les scénarios possibles, incluant des séries et des matchs qui auraient lieu cet été, dans des villes différentes et des arénas différents, il faut rappeler que toute proposition devra d’abord recevoir l’aval de la part de l’Association des joueurs. Or, à ce chapitre, c’est loin d’être gagné d’avance. « Je ne suis pas sûr que le vote des joueurs serait favorable à un tel scénario de matchs à l’été, a répondu Phillip Danault la semaine dernière. Ce scénario-là a peu de sens à mes yeux et je ne suis pas le seul qui pense ainsi parmi les joueurs. » L’attaquant du Canadien avait aussi fait savoir à quel point le concept d’une quarantaine, loin de la famille, allait en refroidir plusieurs dans la confrérie du hockey. « À mes yeux, ça n’a aucun sens de partir deux mois loin de ma famille pour aller finir la saison. Pour une équipe qui irait jouer en grande finale, ça voudrait dire d’être à l’écart pendant trois ou quatre mois. Ce n’est pas humain selon moi. »

Patrice Bergeron en a rajouté en entrevue avec RDS. « Il faut trouver une façon de le faire. Toutefois, on parle beaucoup de jouer en milieu neutre, de s’exiler, mais moi, je suis papa, j’ai trois enfants alors je trouverais ça très difficile de partir loin de ma famille pour des mois alors c’est certain que pour moi, ça ne serait pas idéal du tout. »