Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Sénateurs d’Ottawa.

SITUATION ACTUELLE

Pour les plus aigris, les Sénateurs d’Ottawa ont détruit une équipe somme toute jeune et talentueuse, quelques mois seulement après avoir flirté avec la finale de la Coupe Stanley, en 2017, en raison de la pingrerie de son propriétaire. Pour les plus optimistes, l’organisation est en voie de réussir la reconstruction la plus spectaculaire de la dernière décennie.

Un but. Un petit but en deuxième période de prolongation dans ce septième match de la série contre les Penguins de Pittsburgh et les Sénateurs de Guy Boucher se retrouvaient en finale de la Coupe Stanley. Mais Chris Kunitz en a décidé autrement. Les Sénateurs avaient une belle petite équipe, avec Kyle Turris, Jean-Gabriel Pageau et Derick Brassard au centre, de solides ailiers, Mark Stone, Mike Hoffman et Bobby Ryan, étonnant en séries. Erik Karlsson était considéré comme le meilleur défenseur offensif de la LNH. Les jeunes Thomas Chabot, Colin White et Logan Brown attendaient leur chance.

Mais Karlsson allait disputer la dernière année de son contrat en 2017-2018 et Eugene Melnyk avait sommé son directeur général Pierre Dorion d’écouter les offres pour ses services. Idem pour le premier centre Kyle Turris. Il y a eu cet échange catastrophique pour Matt Duchene (en retour de Kyle Turris, l’espoir Shane Bowers et un choix de première ronde) dès l’automne 2017, l’algarade entre les épouses de Karlsson et Hoffman, puis ce plongeon spectaculaire vers les abysses du classement. Moins de trois ans plus tard, de cette improbable percée en séries, il reste trois joueurs : Craig Anderson, Bobby Ryan (contre toute attente) et Mark Borowiecki.

Heureusement, Pierre Dorion accomplit un formidable travail de reconstruction. Ils ont repêché trois fois en première ronde et trois fois en deuxième ronde lors des deux derniers repêchages. Ils détiennent désormais trois choix de première ronde en 2020, dont deux dans le top cinq, et quatre choix de deuxième ronde. Ils ont aussi trois choix de deuxième ronde en 2021, en plus de leur choix de première ronde. Ottawa a aussi ajouté à sa banque de jeunes dans différents échanges Anthony Duclair, Erik Brannstrom, Josh Norris et Vitaly Abramov. La suite s’annonce intéressante. En espérant que le propriétaire, s’il est encore en place dans quelques années, puisse garder ce groupe en place.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Comme la plupart des organisations, les Sénateurs ont eu de belles années au repêchage, et des mauvaises. En 2009, ils ont jeté leur dévolu au 9e rang sur le défenseur Jared Cowen, devant Ryan Ellis et Nick Leddy, entre autres. Mais ils se sont repris dans les rondes subséquentes avec Jakob Silfverberg, Robin Lehner et Mike Hoffman. Ils n’avaient pas de choix parmi les deux premières rondes, mais ont tout de même déniché Mark Stone en quatrième ronde.

Les Sénateurs avaient trois choix de première ronde en 2011, mais seul Mika Zibanejad (6e au total) a percé, avant d’être échangé aux Rangers dans une transaction regrettable pour l’organisation. Stefan Noesen (21e) et Matt Puempel (24e) ont été préférés à Phillip Danault, Rickard Rakell, Boone Jenner, John Gibson et Brandon Saad, entre autres. Mais une fois de plus, ils se sont repris avec Jean-Gabriel Pageau en quatrième ronde et Ryan Dzingel en septième ronde.

Les années 2012, 2013 et 2014 ont été difficiles. Seul Cody Ceci a percé parmi les choix de 2012, mais il n’est pas devenu le défenseur espéré. Il a été préféré à Tomas Hertl, Teuvo Teravainen, Tom Wilson et Andrei Vasilevskiy. Le premier choix de 2014, 17e au total, Curtis Lazar, s’accroche tant bien que mal à la LNH. Aucun autre n’est dans la Ligue nationale. Les Sénateurs n’avaient pas de choix de première ronde en 2014 et les cinq joueurs repêchés n’ont pas percé.

Ça s’est amélioré par la suite. Les Sénateurs ont frappé un coup de circuit avec Thomas Chabot au 18e rang en 2015. Trois rangs plus tard, ils ont choisi Colin White avec le choix obtenu des Sabres pour Robin Lehner. White n’est pas vilain, mais il a été repêché avant Brock Boeser, Ilya Samsonov, Travis Konecny et Sebastian Aho. Le choix de première ronde en 2016, 11e au total, Logan Brown, est trop fort pour la Ligue américaine, mais pas tout à fait assez bon pour la LNH en ce moment. Il manque de constance. Les Sénateurs regretteront peut-être de l’avoir préféré à Charlie McAvoy, Luke Kunin et Jakob Chychrun. Le choix de première ronde en 2017, 28e au total, Shane Bowers, a été échangé pour Duchene et poursuit sa carrière dans la Ligue américaine. Les choix subséquents, en deuxième et quatrième ronde, Alex Formenton et Drake Batherson, montrent de grandes promesses après avoir cartonné cet hiver dans la Ligue américaine. Le choix de première ronde en 2018, quatrième au total, Brady Tkachuk, a déjà un gros impact sur l’équipe à 20 ans. Il vient de connaître des saisons de 45 et 44 points. Deux choix de première ronde en 2018 et 2019, Jacob Bernard-Docker et Lassi Thomson, espèrent percer ces prochaines années en défense.

Meilleur coup

Mark Stone, ailier, sixième ronde, 178e au total en 2010.

Non seulement Stone est-il un grand leader, mais il est devenu un joueur d’un point par match dans la LNH. Il a une moyenne de points par match presque identique à celle du premier choix au total cette année-là, Taylor Hall.

Pire coup

Curtis Lazar, centre, 17e au total en 2013.

Préféré à Anthony Mantha, Andre Burakovsky et Shea Theodore, il n’a jamais pu obtenir plus de 20 points en une saison et a été échangé aux Flames en 2017 pour un choix de deuxième ronde, devenu Alex Formenton. On a pu maximiser le retour pour ses services, au moins.

Meilleur espoir

Josh Norris, centre, un choix de première ronde des Sharks obtenu dans l’échange d’Erik Karlsson, a amassé 61 points en 56 matchs à sa première saison complète dans la Ligue américaine, à 20 ans. Il avait un profil comparable à Ryan Poehling qui, lui, en a arraché cet hiver.

ÉCHANGES

Pierre Dorion a pris la relève de Bryan Murray en 2016. Il fait un travail de reconstruction admirable. Mais il regrette encore sans doute beaucoup l’un de ses premiers échanges, Mika Zibanejad et un choix de deuxième ronde pour Derick Brassard. Zibanejad était encore jeune, mais on espérait davantage de lui à Ottawa. Brassard était au sommet de sa gloire. Pour une raison difficile à expliquer, Brassard n’a pas produit pour les Sénateurs. Zibanejad est devenu une superstar à New York. Au moins, Dorion a pu récupérer un choix de première ronde pour Brassard deux ans plus tard. Il a échangé ce choix (22e au total) aux Rangers pour permettre à ceux-ci d’avancer de six rangs et repêcher K’Andre Miller. Dorion a reçu le 28e choix au total (Jacob Bernard-Docker) et un choix de deuxième ronde, 48e au total (Jonathan Tychonick).

Le DG des Sénateurs a obtenu la lune pour Erik Karlsson : Josh Norris, brillant à sa première année complète dans la Ligue américaine, un choix de première ronde parmi les cinq premiers en 2020 en raison de la déconfiture au classement des Sharks, un choix de deuxième ronde en 2019 (le gardien danois de 6 pieds 7 pouces Mads Sogaard), un choix de deuxième ronde en 2021 et deux joueurs réguliers, Chris Tierney et Dylan DeMelo (plus tard échangé aux Jets pour un choix de troisième ronde en 2020).

L’échange pour Matt Duchene en 2017 lui a coûté un choix de première ronde en 2019 (Bowen Byram), Shane Bowers, Kyle Turris et un choix de troisième ronde en 2019, mais en l’envoyant aux Blue Jackets de Columbus à la date limite des échanges en 2018, il a récupéré un choix de première ronde en 2019 (le défenseur Lassi Thomson) et l’espoir Vitaly Abramov.

Il a aussi obtenu beaucoup des Blue Jackets pour Ryan Dzingel, un autre joueur de location, comme Duchene : Anthony Duclair et deux choix de deuxième ronde. Jean-Gabriel Pageau, un joueur de location à son tour cette année, a rapporté un choix de première ronde et de deuxième ronde en 2020.

Meilleur coup

L’échange d’Erik Karlsson, qui a rapporté Josh Norris, un choix de première ronde dans le top-cinq -peut-être même le premier au total-, deux choix de deuxième ronde et deux joueurs réguliers.

Pire coup

Mika Zibanejad et un choix de deuxième ronde pour Derick Brassard en juillet 2016.

JOUEURS AUTONOMES

Les Sénateurs, vous l’aurez deviné, ne sont pas des acteurs importants sur le marché des joueurs autonomes. Leur propriétaire est grippe-sou et Ottawa n’est pas une destination intéressante pour les joueurs autonomes. On se contente généralement de modestes contrats d’un an, Ron Hainsey, Johnny Oduya, Chris Kelly. Leur dernière grosse dépense remonte à 2010, Sergei Gonchar, trois ans pour 16,5 M$.

Meilleur coup

Sergei Gonchar a donné très belles années aux Sénateurs même s’il était en fin de carrière.

Pire coup

Alex Kovalev, deux ans, 10 M$, en juillet 2009.

Kovalev a été échangé aux Penguins pour une bouchée de pain un an plus tard. Kovalev a regretté d’avoir quitté le Canadien pour aller à Ottawa et les Sénateurs ont regretté ce contrat.

Dix saisons (trois rondes remportées, cinq exclusions)

2010-2011 : 32-40-10, 13e Est, OUT.

2011-2012 : 41-31-10, 8e Est, défaite première ronde.

2012-2013 : 25-17-6, 7e Est, deuxième ronde.

2013-2014 : 37-31-14, 11e Est, OUT.

2014-2015 : 43-26-13, 7e Est, première ronde

2015-2016 : 38-35-9, 7e Est, OUT.

2016-2017 : 44-28-10, 6e Est, finale d’association.

2017-2018 : 28-43-11, 16er Est, OUT.

2018-2019 : 29-47-6, 15e Est, OUT.

2019-2020 : 25-34-12, 15e Est, (à 19 points de la dernière place donnant accès aux séries).

(Demain : les Flyers de Philadelphie)

À LIRE

L’une de nos grandes plumes aux sports, Simon Drouin, y va de cet autre bijou de texte avec Giuseppe Marinoni, encore très actif aux guidons à 82 ans.