Trevor Timmins avait avoué après le repêchage de 2017 ne pas avoir recouru à la deuxième page de sa liste.

Les opinions variaient à ce point sur cette cuvée que des joueurs très prisés par certaines équipes ne l’étaient pas pour d’autre. Ça explique sans doute pourquoi Cale Fleury n’avait toujours pas été repêché en fin de troisième ronde, au 87e rang. 

Fleury est sur le point de faire mentir plusieurs dénigreurs en méritant le poste de sixième défenseur du Canadien à seulement 20 ans. S’il n’entame pas la saison à Montréal, on pourrait le revoir cet hiver dans l’uniforme du Canadien, dixit Claude Julien.

Plusieurs facteurs jouaient en défaveur de Fleury au repêchage de 2017. Sa date de naissance, d’abord. Il est né en novembre, donc avait raté le repêchage de 2016 par deux mois. Il était plus vieux que la majorité des espoirs de cette cuvée. 

Fleury montrait aussi avec son équipe du Ice de Kootenay une fiche de… -61 ! Kootenay constituait la pire équipe du hockey junior canadien avec seulement 14 victoires en 72 matchs. 

Un seul autre joueur régulier de cet affreux club, dont Fleury était le capitaine à seulement 17 ans, allait être repêché par une équipe de la LNH, Brett Davis, en sixième ronde. Mais Dallas ne lui a jamais offert de contrat et il disputera à 20 ans une dernière saison dans les rangs juniors avant de ranger ses lames ou de s’accrocher à un circuit mineur professionnel.

« Peu de recruteurs étaient prêts à se rendre à Kootenay cet hiver, avait admis le directeur du recrutement du Canadien, Trevor Timmins, aux journalistes en 2017. C'était l'une des pires équipes de la LCH. On a regardé des vidéos de lui. Il a très bien fait lors du match des espoirs. C'est un défenseur doté d'un bon gabarit et d'un bon coup de patin. »

Fleury jouait aussi dans l’ombre de son frère. Haydn, un défenseur lui aussi, avait constitué le premier choix des Hurricanes de la Caroline, en 2014, devant William Nylander, Nikolaj Ehlers, Dylan Larkin, Travis Sanheim et Nick Schmaltz, entre autres. Il a été balloté entre la Ligue américaine et la LNH à ses trois premières années professionnelles et doit se battre avec sept autres défenseurs pour un poste cette année. 

Haydn accompagnait son jeune frère lors du repêchage de 2017 et il avait vanté la ténacité de son frangin lors des interviews. « J'ai toujours su qu’il y arriverait. Cale a toujours fait mentir ses détracteurs. Il a été repêché en quatrième ronde chez les Bantam parce qu’il mesurait seulement 5 pieds 8. Il mesure désormais 6 pieds 2 et pèse 200 livres. Il a connu un développement tardif, mais il va continuer à étonner. »

Vingt et un défenseurs ont été repêchés avant Fleury en 2017, dont neuf en première ronde. Miro Heiskanen et Cale Makar, choisis aux troisième et quatrième rangs, sont évidemment dans une classe à part. Erik Brannstrom devrait aussi connaître une belle carrière. 

On verra pour les autres. Le premier choix des Leafs au 17e rang, Timothy Liljegren, par exemple, déçoit. Il a même été brièvement rétrogradé à la East Coast l’hiver dernier. Parmi les autres défenseurs repêchés en première ronde cette année-là, Cale Foote (Tampa), Urho Vaakanainen (Boston) et Pierre-Olivier Joseph (Pittsburgh, mais repêché par Arizona) ont déjà été rétrogradés dans les mineures. 

Le Canadien est rentré de Chicago cette année-là avec quatre espoirs de premier plan : Ryan Poehling (première ronde, 25e au total), Josh Brook (deuxième ronde), Fleury et le gardien Cayden Primeau (septième ronde). 

Timmins s’était dit surpris par la disponibilité de Brook au 56e rang. « Des équipes ont tenté de gagner quelques rangs et se sont informés de la possibilité d’obtenir notre choix. Je n'en suis pas sûr, mais crois que certains clubs visaient Brook. » 

Le Canadien a même repêché un autre défenseur avant Fleury. Scott Walford a été choisi au début de la troisième ronde avec le choix obtenu des Sabres de Buffalo pour Nathan Beaulieu. On ne lui a pas offert de contrat cet été. Il poursuit sa carrière dans la Ligue junior de l’Ouest à Saskatoon sans attache à une organisation de la LNH. 

L’autre choix de cette cuvée du Canadien, Joni Ikonen, montrait de belles promesses, mais il est accablé par les blessures. Il a disputé seulement 13 matchs l’an dernier et ratera à nouveau une portion importante de la saison en Finlande cette année.

On ne savait pas à l’époque la qualité des choix du Canadien et l’organisation avait été blâmée sévèrement dans les médias pour avoir omis de repêcher un Québécois pour la deuxième fois en deux ans.

Timmins a laissé supposer dans ses interviews avoir eu de l’intérêt pour le défenseur Zachary Lauzon, mais il a été choisi au 51e rang par les Penguins de Pittsburgh, avant les deux choix de deuxième ronde du CH. Accablé par les commotions cérébrales, Lauzon a annoncé sa retraite récemment, à seulement 20 ans. 

« Nous avons été surpris de le voir choisi si tôt, a confié Timmins ce jour-là. On croyait être en mesure de le repêcher avec l'un de nos choix de deuxième ronde. » 

Timmins s’est aussi défendu en affirmant que très peu de Québécois avaient été repêchés à compter du 56e rang et qu’il n’aurait pas été logique de biffer de sa liste des joueurs disponibles classés plus haut. 

À compter du choix de Josh Brook, Antoine Morand, Arnaud Duranleau, D’Artagnan Joly et Cédric Paré ont été les seuls Québécois repêchés. Morand est le meilleur espoir du groupe. Il entamera la saison dans la Ligue américaine au sein du club-école des Ducks. 

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