Au début de l’été dernier, les perspectives étaient plutôt sombres chez les Islanders de New York.

Le visage de la franchise depuis presque une décennie, John Tavares, était sur le départ. Le duo entraîneur-directeur général formé de Doug Weight et de Garth Snow n’enchaînait pas les succès. Le jeu défensif était terrible, et on se demandait bien qui finirait par bloquer les rondelles devant le filet.

Avance rapide un an plus tard, et force est d’admettre que les choses ont changé. Beaucoup même. Les Islanders ont atteint le deuxième tour des séries, après avoir offert une leçon de hockey aux Penguins de Pittsburgh. L’entraîneur Barry Trotz a pris le contrôle de l’équipe de main de maître. Robin Lehner a si bien joué son rôle de gardien qu’il s’est retrouvé finaliste au trophée Vézina.

Le Sorelois Anthony Beauvillier a vécu les hauts et les bas de l’organisation. Il ressort de la dernière saison avec le sentiment qu’il vient de vivre ses plus beaux moments dans la LNH.

« Je retire de la dernière saison beaucoup d’apprentissages. On a appris à gagner. C’est une première pour moi dans la LNH, de participer aux séries. »

Ç’a été la saison la plus agréable de ma carrière. Participer aux séries, gagner une ronde, c’est vraiment spécial.

Anthony Beauvillier

Beauvillier a conclu la dernière saison avec 18 buts et 10 aides en 81 matchs. Il reconnaît que plus la saison avançait, plus les Islanders croyaient en leurs moyens. À un certain moment, ils ont même commencé à penser à la Coupe Stanley. La fin de saison a été décevante, évidemment. Elle l’est pour chaque équipe forcée de partir en vacances sans le trophée dans ses valises. Mais Beauvillier ajoute un bémol.

« Si tu regardes tout ça un mois après, je pense qu’on s’en est bien tirés. On a prouvé que plusieurs personnes avaient tort. On a pris un bon pas dans la bonne direction. »

Et ce pas dans la bonne direction, les Islanders le doivent en grande partie au génie de Barry Trotz. Sa contribution à la renaissance des Islanders lui a d’ailleurs valu le trophée Jack-Adams remis à l’entraîneur de l’année.

« Les joueurs sont restés les mêmes, mais la voix, le système a changé. Ça a fait du bien à tout le monde, ce changement. »

Lee et Lehner

La dernière saison des Islanders est aussi en bonne partie le résultat des efforts du capitaine Anders Lee et du gardien Robin Lehner. Or, les deux joueurs deviendront joueurs autonomes le 1er juillet.

Lehner d’abord. Son histoire a fait le tour de la planète hockey. En acceptant le trophée Bill-Masterton soulignant sa persévérance, il a lancé ces mots, profonds : « Je n’ai pas honte de le dire, j’ai une maladie mentale, je ne suis pas faible mentalement. » Il a remercié tous ceux qui l’ont aidé à passer au travers de ses problèmes de dépendance.

Hors glace, il est devenu une inspiration. Devant le filet des Islanders, il a donné raison à ceux qui lui ont laissé une chance. Il a terminé la saison avec une fiche de 25-13-5, une moyenne de 2,13 et une efficacité de ,930. En plus d’une sélection au trophée Vézina, son brio lui a valu de partager avec son partenaire Thomas Greiss le trophée Jennings remis aux gardiens ayant accordé le moins de buts.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Robin Lehner (à droite)

Évidemment, Beauvillier espère le revoir à son poste.

« Tout le monde en avait peur un peu quand il est arrivé dans l’équipe. On connaissait son tempérament. Mais il est arrivé dans le vestiaire et tout le monde l’a adoré. Il est un leader, il parle beaucoup. Il est respecté et on l’écoute quand il parle. Quand il se lève, c’est qu’il a quelque chose à dire. Il a été vraiment bon pour notre équipe et pour les gars dans le vestiaire. Je veux qu’il revienne, c’est certain. »

Même chose pour Anders Lee. Le colosse susciterait évidemment beaucoup d’intérêt sur le marché des joueurs autonomes. D’abord, par son éloquence et son rôle dans l’esprit d’équipe. Ensuite, parce que ce n’est pas tous les jours qu’un joueur d’un tel gabarit, 6 pi 3 po et 220 lb, et habile franc-tireur devient disponible.

Sans surprise, son nom a souvent été cité comme cible potentielle pour Marc Bergevin. C’est l’évidence même qu’il comblerait d’un seul coup plusieurs des lacunes du Canadien de Montréal. Pas si vite, dit Beauvillier.

« Il a toujours été un leader, même sans lettre sur son chandail. C’est quelqu’un de drôle qui rassemble tous les gars. Il prend son rôle au sérieux. C’est un exemple pour nous tous. On n’aurait pas pu avoir un meilleur capitaine que lui. C’est un leader, c’est ancré en lui. C’est une bonne personne qui prend soin des autres. Je ne sais pas quoi dire de plus, j’ai tout dit ! »

Beauvillier a cité toutes les raisons pour lesquelles il aimerait revoir Lee dans l’uniforme des Islanders l’an prochain. Il a aussi cité toutes les raisons pour lesquelles Marc Bergevin devrait lui faire une offre.