Toutes les défaites ne sont pas créées égales. Il y a des fois où l'adversaire vient de Nashville ou de Tampa et qu'il est tout simplement trop fort. Il y a des soirs, comme il y a deux semaines, où Toronto joue avec autant de fougue et que ça se décide sur un tir en prolongation.

Et puis il y a hier soir, cette gênante défaite de 2-1 contre les Devils du New Jersey.

Le Canadien affrontait une équipe décimée. En attaque, Taylor Hall manquait à l'appel. Vous savez, le type qui a gagné le trophée Hart l'an dernier ? Jesper Bratt et Pavel Zacha, des éléments du top 9 des Devils, sont aussi sur la touche. Marcus Johansson, lui, a été échangé quatre heures avant le match. Et après une période, deux des 12 attaquants en uniforme ont abdiqué, dont Miles Wood qui, en seulement cinq présences, a eu le temps de battre facilement Shea Weber de vitesse pour obtenir une chance de marquer.

En défense, il manquait Sami Vatanen, le premier défenseur de l'équipe, et Will Butcher, possiblement le plus mobile des arrières des Diables.

C'est sans compter l'effet de la date limite des transactions. En quelques jours, les joueurs des Devils ont dit au revoir à trois de leurs confrères échangés, soit Johansson, Keith Kinkaid et Ben Lovejoy. Vous imaginez le climat de travail, surtout pour ceux, comme les vétérans Andy Greene et Cory Schneider, qui voient cette organisation se mettre une nouvelle fois en mode liquidation ?

Dans les circonstances, dans une course aux séries aussi relevée, les deux points ne pouvaient pas échapper au Tricolore, surtout pas quand deux autres points ont été jetés aux poubelles après que l'équipe eut laissé filer une avance de trois buts, samedi à Toronto.

Ce qui peut expliquer les différents signes de frustration, comme Jonathan Drouin qui s'en prend à un tabouret à son retour au banc. Comme Paul Byron, qui avait le feu dans les yeux, et le langage corporel d'un gars irrité, qui sortait du vestiaire quand les journalistes y pénétraient. Comme Max Domi, qui a répondu avec condescendance à la respectée collègue Chantal Machabée, qui lui demandait si un doute commençait à s'installer dans l'équipe (après deux victoires en huit matchs, la question est légitime).

Et puis, il y avait Claude Julien, d'humeur massacrante.

« En première moitié du match, on n'avait pas l'air d'une équipe extrêmement confiante, les passes étaient molles, on n'était pas là. Tu ne peux pas gagner des matchs à ce temps-ci de l'année si tu n'es pas prêt à jouer dès le début », a répondu Julien.

Comment expliquer qu'une équipe dans la course aux séries commence un match en retard ? « Je n'ai pas d'explication. »

Le niveau de frustration par rapport à l'avantage numérique, blanchi en quatre occasions hier ? « Prochaine question. »

Un duo sous pression

Julien s'est aussi fait demander si Weber jouait blessé. « Je ne commenterai pas », a répondu l'entraîneur-chef.

En anglais, il s'est ouvert un peu plus, soulignant que « sur les deux buts, on a été battus entre le bord de la bande et le filet. On va corriger ça ».

Il faudra avoir à l'oeil le duo de Weber et Victor Mete. Au cours de la présente séquence de six défaites en huit matchs, Weber affiche un différentiel de - 6 et Mete, de - 7. Parce que Mete met Weber dans le pétrin, disent les uns, pendant que d'autres voient plutôt Mete courir partout pour parer au manque de mobilité de son capitaine.

Que Weber joue blessé ou qu'il soit rattrapé par son absence d'un an importe peu : Julien et ses adjoints doivent trouver une façon de relancer ce duo, car les Hurricanes de la Caroline et les Blue Jackets de Columbus, avec leurs récentes poussées victorieuses, sont en train de compliquer la donne dans la course aux séries.