Les Red Wings de Detroit sont exactement là où tout le monde les attendait en début de saison, largués des séries éliminatoires pour la troisième année de suite. C'est le propre d'une équipe forcée à la reconstruction après tellement d'années au sommet.

Et logiquement, pour accélérer sa renaissance, cette équipe a donc choisi de liquider quelques-uns de ses atouts à la date limite des transactions.

Il y a quelques jours, le défenseur Nick Jensen a pris la direction de Washington contre un autre défenseur, Madison Bowey, et un choix de deuxième tour. Au petit matin hier, Gustav Nyquist a changé d'adresse à son tour, vers San Jose, en retour de deux choix.

Tous ceux qu'on a croisés dans le vestiaire des Red Wings ont parlé en termes élogieux de Nyquist. C'était un pilier de l'équipe depuis au moins six saisons. On l'a décrit comme un joueur de tours capable de détendre l'atmosphère. C'était un abonné aux saisons frôlant les 50 points.

« Je l'ai appelé hier soir, a dit l'entraîneur Jeff Blashill, qui était adjoint avec les Wings lorsque Nyquist a fait ses premiers pas dans la grande ligue, en 2011. Je le connais depuis longtemps. Il m'a tout donné, par son éthique de travail, par son niveau d'implication. C'est un gagnant. J'ai beaucoup de respect pour lui. Ils ont une chance de gagner la Coupe Stanley à San Jose. Je crois qu'il y sera parfaitement à sa place. »

Dylan Larkin a même suggéré à son désormais ancien coéquipier de revenir à Detroit l'été prochain, lorsqu'il sera joueur autonome.

On verra rendu là. Mais ces transactions, surtout pour une équipe en phase de reconstruction, veulent souvent dire la même chose : place aux jeunes.

Place aux Anthony Mantha, 24 ans, Larkin, 22 ans, Tyler Bertuzzi, 24 ans. Aux Michael Rasmussen, 19 ans, et Andreas Athanasiou, 24 ans, désormais au centre du deuxième trio.

« J'en ai parlé avec le coach beaucoup cette année, a admis Mantha. Tous les jeunes prennent un pas vers l'avant. J'essaie encore de trouver mon grand pas, si je peux dire. J'ai pris ma place, mais je suis capable d'en donner encore plus. L'équipe aussi, on est capables de jouer mieux qu'on l'a fait cette année. »

Le « grand pas » de Mantha

Mantha a connu un lent début de saison, mais il est récemment passé en cinquième vitesse. Il compte dix points à ses sept derniers matchs. Il a connu une soirée faste de quatre mentions d'aide la semaine dernière contre les Blackhawks de Chicago.

Le match précédent, il s'était battu avec Wayne Simmonds, des Flyers de Philadelphie (à l'époque), qui n'est pourtant pas un client commode, dans la première minute du match. Le Québécois avait raconté l'incident dans les pages du Detroit Free Press.

« Il m'a dit : "J'espère que tu seras un homme." C'est tout. J'ai répondu : "Si je le fais, est-ce que je vais gagner ton respect ?" Il m'a dit oui. »

L'échange est un peu folklorique, mais démontre bien que Mantha n'a pas l'intention de se laisser marcher sur les pieds. Les Red Wings sont désormais son équipe, et on lui donne l'occasion de briller sur le premier trio avec Larkin, la grande vedette offensive de l'équipe, qui compte 26 buts et 61 points en 62 matchs cette saison.

« J'ai eu un début de saison difficile. Pour ce qui a changé... C'est une bonne question. C'est une question de confiance. Je joue du meilleur hockey en général. Le temps de glace est là aussi, je ne peux pas me plaindre », dit Mantha.

« Sur les unités spéciales aussi, l'avantage numérique va mieux. Ça fait une quinzaine de matchs que je joue sur le half wall [plus bas, près du cercle de mise en jeu]. Au niveau junior et dans la Ligue américaine, j'ai joué là. Ça m'a pris du temps à m'habituer, mais dernièrement, ça va mieux. »

Le départ de Nyquist ouvrira aussi la porte à Filip Zadina, 19 ans, récemment rappelé de la Ligue américaine pour une audition. Le jeune homme s'était rendu célèbre au dernier repêchage en promettant de « remplir de rondelles » les filets des Sénateurs et du Canadien, qui lui avaient préféré respectivement Brady Tkachuk et Jesperi Kotkaniemi. Il aura cette occasion unique ce soir, dans un rôle clé, probablement au sein du deuxième trio.

« Je suis excité par le match du Canadien. Les dernières transactions ont ouvert des postes au sein de l'équipe. Je vais faire de mon mieux pour être un bon remplaçant et me mettre en bonne position en prévision de l'an prochain. »

Parce que c'est un peu ça la réalité en fin de saison d'une équipe en reconstruction. C'est un camp avant le camp. C'est la seule manière de retrouver un jour un peu de cette gloire d'antan. Mantha est catégorique, il veut faire partie de la solution. Il est prêt à attendre.

« Quand ceux qui sont jeunes en ce moment vont avoir 27 ans et que les nouveaux vont avoir 22, tout le monde va avoir la confiance. On peut se comparer à une équipe jeune comme Toronto. Les joueurs ont pris leur place, ils ont une excellente attaque. Dans quelques années, d'après moi, on va être capables de faire la même chose. »