Brandon Davidson. Chris Wagner. Shane Prince. Tyler Kennedy. Qu'ont en commun ces noms qui - à n'en point douter - viennent égayer votre fin de semaine comme le faisait jadis une bonne émission des Ministères d'Alberto Carbone ?

Ce sont les nouveaux coéquipiers que John Tavares a eus chez les Islanders à la suite de transactions de fin de saison pendant ses neuf campagnes à New York.

Il est de bon ton de se plaindre de l'effervescence parfois artificielle créée autour de la date limite des transactions. Mais s'il y a une personne parfaitement en droit de pester contre cette journée, c'est bien Tavares, qui voyait année après année ses rivaux s'améliorer, frapper le coup de circuit, pendant que ses Islanders obtenaient au mieux un joueur de soutien. Quand ils n'échangeaient pas Thomas Vanek au Canadien, par exemple.

Sans surprise, les Islanders ont gagné une seule série éliminatoire pendant ces neuf saisons, et ont raté le tournoi à six reprises.

Aujourd'hui, la vie a drôlement changé pour Tavares. C'est passé quelque peu inaperçu, mais l'attaquant s'est joint l'été dernier aux Maple Leafs, qui accueillent ce soir le Canadien dans un match crucial pour le classement de la division Atlantique.

Muzzin et c'est tout ?

Avec leur formidable ligne de centre et leur noyau d'attaquants talentueux, les Leafs font partie des équipes qui peuvent espérer faire un bout de chemin ce printemps.

Les hommes de Mike Babcock ont maintenant un dernier match à disputer avant la date limite des transactions. Un dernier match pour convaincre leur directeur général, Kyle Dubas, d'aller chercher de l'aide.

« Je suis venu ici parce que je croyais qu'on avait de bonnes chances de gagner, pas seulement pendant un an ou deux, mais pendant toute la durée de mon contrat de sept ans, expliquait Tavares, vendredi, dans le vestiaire du centre d'entraînement des Leafs. L'organisation s'est engagée à faire tout ce qu'elle peut pour gagner. C'est donc excitant de faire partie de ce genre d'équipe. »

« On est ici pour gagner le prix ultime. On sait que si la direction peut améliorer le groupe, elle le fera. »

- John Tavares

Les Leafs ont déjà frappé un grand coup il y a un mois avec l'acquisition de Jake Muzzin, l'un des défenseurs les plus convoités du circuit. Aux yeux de certains collègues torontois, il est fort possible que ce soit la seule transaction d'envergure de l'équipe cet hiver. Ils sont déjà coincés sous le plafond salarial l'an prochain et « Dubas n'aime pas les joueurs de location », faisait valoir un collègue.

Mike Babcock s'est fait demander s'il avait une liste de souhaits en vue de lundi.

« Tu parles de l'équipe avec ton DG tous les jours, tu parles de qui joue avec qui. On arrive à un point où je dois prendre des décisions et il doit prendre des décisions, a expliqué l'entraîneur-chef. Alors tu fais une analyse coût-bénéfice, pour bien comprendre le niveau de ton équipe et ce que tu peux faire pour l'aider. »

« Tu peux vouloir un joueur, ça ne veut pas dire que tu peux te le payer. C'est comme dans la vie de tous les jours aussi. »

- Mike Babcock, entraîneur-chef des Maple Leafs de Toronto

« J'ai vécu plusieurs fois la date limite des transactions et j'ai réalisé que si tu peux améliorer l'équipe, les joueurs seront derrière toi. Nous, en tant que joueurs et entraîneurs, on doit faire notre bout de chemin afin de pousser le DG à nous aider. »

Des améliorations possibles

Ce qui est plutôt formidable avec les Leafs, c'est que même sans bouger, ils peuvent progresser.

William Nylander, qui n'a joué son premier match que le 6 décembre en raison d'une dispute contractuelle, n'a pas encore trouvé son erre d'aller. Après 32 matchs, il ne compte que 12 petits points. Mais jeudi, en l'absence de Nazem Kadri, Nylander a été muté au centre et a été de l'avis général l'un des meilleurs de son camp dans la défaite de 3-2 contre Washington. Le changement de position pourrait bien l'aider à redevenir le compteur de 60 points qu'il a été lors des deux dernières campagnes.

Photo Nathan Denette, La Presse canadienne

Les Maple Leafs de Toronto ont acquis le défenseur Jake Muzzin (8) le mois dernier.

Muzzin est une autre source possible d'amélioration, lui qui disputera ce soir son 12match avec les Leafs. Il présente tout de même une fiche de + 4 et joue près de 19 minutes par match depuis son arrivée dans la Ville Reine.

Ce qui nous ramène à Tavares. Aucun doute, le numéro 91 a réussi sa rentrée dans sa ville d'origine, malgré une forte pression sur ses épaules. Après 60 matchs, il mène son équipe pour les buts (34) et est deuxième pour les points (64). Et pourtant, lui aussi croit encore pouvoir en donner davantage !

« Ce qui est excitant, c'est que j'ai l'impression de seulement effleurer le potentiel ici. Ce n'est qu'un début. »

- John Tavares

« Je vois cette saison comme une année de transition, a-t-il prévenu. Je suis dans une nouvelle équipe, un nouveau rôle, une nouvelle situation. Je m'y habitue, je comprends de mieux en mieux comment on fait les choses au quotidien, comment les entraîneurs gèrent le groupe. »

Ironiquement, Tavares connaît de tels succès pendant qu'à New York, les Islanders sont en voie de conclure la saison avec 105 points, un chiffre jamais atteint pendant les années de Tavares là-bas. « Jusqu'ici, ça a fonctionné pour les deux équipes », souligne-t-il.

Cela dit, Tavares a bien d'autres préoccupations que son ancienne équipe pour l'heure, à commencer par le CH, qui pourrait se rapprocher à un petit point des Leafs et du troisième rang de la division avec une victoire ce soir.

Présence improbable de Kadri

Alors que l'infirmerie du Canadien est vide, les Maple Leafs devront vraisemblablement se débrouiller sans Nazem Kadri samedi soir. Le centre souffre d'une commotion cérébrale et ne s'est pas entraîné vendredi, après avoir raté le match de jeudi. Mike Babcock ne s'attend pas à compter sur lui contre le Tricolore. Kadri compte 15 buts et 20 passes en 59 matchs cette saison. William Nylander le remplace comme centre du troisième trio, derrière John Tavares et Auston Matthews. Le défenseur Jake Gardiner manquait également à l'appel à l'entraînement, mais Babcock a parlé d'une journée « de maintenance ».

Photo John E. Sokolowski, USA TODAY Sports

Limité à seulement 32 matchs cette saison en raison d'une dispute contracturelle, l'attaquant William Nylander ne compte que 12 petits points au compteur.