(Glendale, Arizona) La mort, les taxes et Carey Price devant le filet du Canadien. Telle était essentiellement la situation des gardiens du Tricolore dans les deux derniers mois de la saison 2018-2019.

Les astres étaient alignés. Le CH se battait pour une place en séries éliminatoires ; Antti Niemi avait perdu ses moyens ; Price offrait un rendement constant. Ainsi, à compter du 3 février, Price a participé à 28 des 29 matchs des siens, jusqu’à ce que les Blue Jackets de Columbus confirment son exclusion des séries.

Pendant ce temps, un autre gardien connaissait une séquence semblable. Mais comme ça se passait en Arizona, ça faisait moins jaser les amateurs de hockey dans la file d’attente du Régine Café le samedi matin.

Darcy Kuemper a en effet participé à 22 matchs de suite des Coyotes, du 19 février au 4 avril. Grâce notamment à trois jeux blancs, le gardien de 29 ans a permis à son équipe de se battre jusqu’au bout. Les Coyotes ont raté les séries par quatre petits points.

Et si les Coyotes avaient participé aux séries, croit-il qu’il aurait eu assez d’essence dans le réservoir ? « Absolument. En jouant autant, j’étais comme dans une bulle. »

« Le mérite revient à nos préparateurs physiques. Ils ont traité tous mes petits bobos et s’assuraient que je sois frais et dispos, même si je jouais beaucoup », a expliqué Kuemper au bout du fil, à sa sortie de l’avion qui ramenait les Coyotes de Buffalo.

Le défi était surtout mental, car je devais être pleinement concentré à l’aréna, tout en m’assurant de ne pas me vider mentalement à la maison.

Darcy Kuemper

Comme Price, Kuemper a dû limiter le nombre d’entraînements afin de ménager son énergie. « En général, j’avais le choix entre participer à l’entraînement de la veille du match ou à celui du matin de match », dit-il.

En faisant un tel choix, il se privait d’un bon nombre de tirs. Dans un entraînement typique, les gardiens reçoivent des dizaines et des dizaines de tirs. Keith Kinkaid estime qu’il reçoit entre 100 et 300 rondelles par séance. Kuemper croit que c’est entre 200 et 400.

« Je me sentais même mieux. J’avais de l’énergie et je donnais priorité à la qualité au lieu de la quantité. Je recevais moins de tirs, mais je me donnais à fond, je m’assurais de rester concentré, au lieu de m’épuiser en bloquant des centaines de tirs. Je prenais ce dont j’avais besoin pour être prêt. »

Parmi l’élite

Kuemper renouera avec plusieurs anciens coéquipiers ce soir, dont Nick Cousins, qui a passé les deux dernières saisons en Arizona. « Il a été notre joueur le plus utile en deuxième moitié de saison », assure Cousins.

Jordan Weal, lui, n’a passé que six semaines ici, mais il a été témoin du début de la séquence de Kuemper. « Il était incroyable. Il jouait tellement. Je me souviens d’une fois où j’ai perdu pied pendant un exercice à deux contre un et j’ai fini tête première sur lui. Avant même de me préoccuper de mon cou, je me demandais s’il était correct ! »

Le 2 octobre, les Coyotes ont récompensé le Saskatchewanais en lui accordant une prolongation de contrat de deux ans, à 4,5 millions de dollars par saison. C’était une première façon de confirmer son nouveau statut. Mais le gardien est lui-même en train de cimenter ce statut avec ses performances cette saison.

En huit matchs, il montre un dossier de 5-3-0, avec une moyenne de 1,87 et une efficacité de ,933. L’échantillon est trop mince ? Si on recule au 1er janvier, Kuemper vient au deuxième rang des gardiens de la LNH pour l’efficacité.

« J’ai toujours cru que je pouvais être un gardien numéro un dans la Ligue nationale. L’an passé, c’était la première fois qu’on m’en donnait l’occasion. C’est une chose d’y croire, c’en est une autre de le faire. Je l’ai fait et j’ai confiance que je peux continuer ainsi. »

La situation des gardiens sera intéressante à suivre à Glendale. Les Coyotes comptent aussi sur Antti Raanta, de retour en santé. Le Finlandais écoule l’avant-dernière saison d’un contrat qui vaut 4,25 millions sous le plafond salarial. Si Kuemper continue ainsi, Raanta pourrait devenir une monnaie d’échange intéressante, car il offre un bon rendement quand il est en santé.